La Bête par Selphie





La chaleur de cette journée me donna l'envie d'une promenade.
De plus, vu l'état dans lequel elle m'avait laissé, j'éprouvais le vif besoin de m'aérer la cervelle...

Le sous-bois était d'une douceur paradisiaque.
Je me mis à zigzaguer entre les buissons de ronces, n'hésitant pas à les traverser de temps en temps, histoire de mettre mon superbe corps à rude épreuve.

Je m'amusais aussi à tracer sur le sol meuble des longues traces que les promeneurs ne comprendraient jamais.

De temps en temps, je m'arrêtais devant une flaque d'eau.
M'y mirer provoquait chez moi un état de méditation profonde.
Je pouvais passer des heures, tête baissée vers le miroir aqueux, à contempler la lumière se réfléchissant sur les écailles de mon corps.
Personne, Dieu compris, ne devait être aussi beau.

Je continuais ainsi ma promenade.

Sur ma route je trouvais une sauterelle que je croquai aussitôt.
Quel goût délicieux! Je cherchai une musaraigne ou un petit marcassin mais je n'en trouvai pas.
Sans doute s'étaient-ils cachés en percevant mon odeur.

L'estomac ainsi peu lesté, j'entra dans une petite clairière.

Mais au milieu, une véritable laideur m'attendait. A sa vue, mon sang froid ne fit qu'un tour.

S'il existe un animal à l'aspect repoussant, c'est bien celui là.
Une peau flasque blanchâtre recouvrait son corps mou, laissant la quelque fois la place à des poils drus, hirsutes d'une couleur si moche qu'on espérait qu'il les perde.
De près, la créature avait l'air encore plus abominable.
De plus, son odeur pestilentielle avait dû faire fuir toute proie du périmètre.

Je me glissai dans un creux près de lui. Tapis dans la pénombre, je riais intérieurement du pauvre spectacle de la chose.

Soudain, j'éprouvai le désir de me regarder. Ouf. La beauté existait toujours.

A première vue, le sujet de mon étude zoologique était un mâle.
J'espérais que les femelles de son espèce soient plus gracieuses, qu'ils puissent se différencier lors de l'accouplement.

La bête ruminait des bruits bizarres, incompréhensibles pour mes piètres oreilles.
Cela devait être son cri d'amour car sa femelle arriva.
Cette dernière était apparemment de mauvaise humeur, elle se mit à émettre des sons aigus en montrant des dents.

Une dispute.

Le mâle montra ses canines en hoquetant des sons si rauques qu'on aurait dit qu'il recrachait quelque chose.

Mais ils se calmèrent aussitôt.
L'idée qu'ils puissent se battre m'avait pourtant mit dans un état d'excitation merveilleux.

Je glissai ma tête hors de l'orifice pour mieux les observer.

S'approchant de sa compagne, le mâle s'empara de ses pattes avant.
Acceptant les préliminaires, la femelle ne broncha pas.

Mais au moment où ils étaient près à faire, sous mes yeux, je ne sais quoi de crapuleux , un second mâle apparu.
Commença une bagarre de cris, auquel se mêlait les tons aigus de la femelle.

Hélas à cet instant, pour mon plus grand malheur la femelle me remarqua.

Tohru : Ayame san! Qu'est-ce que vous faites dans cette chaussure??

Damnit, j'étais fait!





FIN