> [KTL], new - 04/11/07 : Epilogue.
Kyo+Tohru=Love
posté Jan 10 2006, 08:32 PM
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Déclarée auteur sadique ~ Ava maker


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Bienvenue dans mon topic de fanfics. Malgré mon pseudo ridicule d'éternelle newbie, il est inutile de venir ici en espérant trouver des tas de sucreries sur Kyo et Tohru, qui, aussi mignons qu'ils puissent être, m'intéressent à présent fort peu. De manière générale, j'écris plutôt de longues fics bourrées de persos étrangers à l'univers FB qui font des tas de bêtises. C'est donc assez souvent du n'importe quoi, mais du n'importe quoi que j'essaie de construire un minimum, à l'aide de plans détaillés et de fiches perso. Je m'amuse beaucoup en écrivant des fics FB, je tiens à le dire, et si vous décidez de me lire, j'espère que vous vous amuserez tout autant.
Que votre séjour ici soit calme et divertissant. (Allez en paix dans le mondes des fanfics. Amen.)


Message original : Et voilà, mon nouveau topic est enfin prêt, aujourd'hui 14 janvier 2006 ^^
Je préviendrai à chaque nouveau chapitre/one/truc-pas-bien-défini en donnant le lien ^^
J'espère retrouver tous mes lecteurs ^^


Listing des créations [*]Divers [*]Last update - 04/11/2007
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Epilogue de Shiki

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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 11 2006, 08:32 AM
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Rêves et cauchemars



Partie I : Juste un rêve ?


Prologue : Où l'on découvre la prophétie et le Souffleur de Rêves
« Il y a de cela bien longtemps...
Longtemps...
Au temps où les hommes étaient proches des dieux, au temps où chacun pouvait encore exploiter la petite parcelle de pouvoir et d’énergie cachée au fond de lui.
C’est dans cette période bénie par les quatre éléments que trois personnes virent le jour dans un petit village de ce qui deviendrait, bien plus tard, le Japon.
Le premier, du nom de Kakon, devint un sorcier.
La seconde était une jeune fille se nommant Tansui.
Le dernier s’appelait Soma.
Ils étaient amis d’enfance.
Les deux jeunes gens tombèrent amoureux de Tansui.
Elle du alors choisir, mais ce choix douloureux fut funeste.
Elle se marierait avec Soma.
Mais Kakon la désirait.
Il lui fit maintes propositions.
Bijoux, richesses, palais se présentèrent devant Tansui.
Mais elle refusa tout.
Alors Kakon s’en fut, en lui promettant de se venger.
Il ne resta pas absent bien longtemps.
Il revint bientôt, enveloppé dans un nuage ténébreux.
On chuchotait dans le village qu’il avait vendu son âme au diable.
Un jour, peu avant son mariage, Tansui allait puiser de l’eau à la rivière.
Elle aimait cet endroit, cette eau si calme.
Kakon l’y surprit. La plaquant au sol, il la menaça. Mais elle résistait. Il la frappa, lui disant qu’elle devrait se donner à lui ou qu’il les maudirait, elle et sa descendance.
Elle lui hurla qu’il pouvait bien la maudire, que cela lui importait peu.
Puis elle cracha au visage du sorcier.
Kakon reparti.
Elle cru avoir gagné.
Mais elle se trompait cruellement.
Si elle avait su...
Vingt ans plus tard, Tansui entrait au bras de son époux, ses quatorze enfants sur les talons, dans le temple de l’eau.
C’est dans ce paisible endroit que fut lancée la plus grande malédiction de notre époque.
Kakon, comme il l’avait promit, maudit Tansui et ses descendants.
Les treize cadets furent transformés en animaux et chimères.
Rat, bœuf, tigre, lièvre, dragon, serpent, cheval, mouton, singe, coq, chien, sanglier et chat.
L’aîné se mit à voler au dessus du sol de marbre blanc, entouré d’une aura de puissance.
Puis il retomba lourdement par terre.
-« Tes enfants sont maudits ! » hurla le sorcier. « Cette malédiction se perpétuera jusqu’à la naissance de celle qui répand le bonheur autour d’elle et du souffleur de rêve ! Mais ils ne suffiront pas ! Il leur faudra l’aide de ceux qui écoutent leurs rêves ! »
Puis il disparut dans un nuage de fumée noire, laissant évanouis sur le sol ses deux amis d’enfance et leurs quatorze enfants. »

Toi à qui je lance cet appel, tu peux m’aider. Je suis le souffleur de rêves. Tout ce que tu viens de voir en dormant est réel. C’est arrivé, il y a de ça deux mille ans.
J’ai besoin de toi, comme j’ai besoin de vous tous. Je ne sais pas combien nous sommes.
Mais je sais que c’est le bon moment.
Nous devons briser la malédiction des Soma.
Prépare-toi.
Je vais venir te chercher.


Kiyoshi essuyât les gouttes de sueur sur son front. C’était la première fois qu’il envoyait un rêve a tant de personnes en même temps, et c’était éprouvant.
Le jeune homme était allongé sur son futon, posé à même le sol dans son studio miteux.
Il venait de quitter le monastère, comme en attestait son crâne encore chauve ; il n’avait donc pas encore eu le temps d’emménager réellement.
Il se leva.
L’ancien moinillon grimaça en sentant contre ses jambes le contact rêche du jean.
Quand on a vécu pendant près de dix-sept en robe orange laissant les jambes libres, on a du mal à se mettre au pantalon.
Kiyoshi se rendit dans la minuscule salle de bain, poussant la cloison de papier.
Il jeta de l’eau sur son visage.
«Aller les chercher un par un ne sera pas facile. Il vaudrait mieux que se soit eux qui viennent. Je peux toujours espérer, après tout. C’est que m’a dit le maître. L’espoir fait vivre. Ceux qui dormaient en cet instant verront le rêve de manière claire, mais les autres...»
Le jeune homme eut un sourire énigmatique à rendre jalouse la Joconde.
« De toute façons, ils m’ont forcément entendu. La question est de savoir si ils croient en leurs rêves. »
Puis il enleva son jean et son T-shirt, et, avec un soupir de bien-être, s’allongea sur le lit.

Au moment même où le rêve envoyé par Kiyoshi prit fin, plusieurs personnes se réveillèrent en sursaut.
Kiyoshi avait mit la machine en route.
Mais le résultat ne serait pas forcément celui escompté.


Chapitre 1 : Où la superstition a du bon
Chika se réveilla brusquement. Elle effleura le rubis qu’elle portait autour du cou de son index.
-« Ce rêve... Il semblait si réel... » souffla la jeune fille. « Comme un de mes flash... »
Elle se leva du divan sur lequel elle était allongée.
« La voix de ce rêve... Elle m’a semblée si familière... »
Puis elle secoua la tête, et avec elle ses longs cheveux bruns.
-« Non » dit-elle à haute voix comme pour s’en persuader, « Ce n’est qu’un rêve, un point c’est tout. »
Mais elle doutait tout de même.
De deux choses l’une : soit ce rêve était un pur produit de son imagination –auquel cas elle ne devait plus y penser- soit c’était effectivement un songe envoyé par celui prétendant s’appeler le « Souffleur de rêves ». Et là, elle se sentirait obligée d’agir. Si ce qu’elle avait vu dans ce rêve était vrai...
Si un garçon chauve comme celui qu’elle y avait vu venait la chercher...
Elle n’aurait pas le choix.
Elle serait mal placée pour l’envoyer sur les roses, lui et sa malédiction. Puisque elle-même possédait ce que les gens appellent « un pouvoir ».


Jiro ne dormait pas quand le rêve arriva dans sa tête. Il parlait avec son ordinateur.
Et l’ordinateur lui répondait.
Tout d’un coup, le jeune garçon porta la main à sa tête.
-« Est-ce que ça va ? » s’inquiéta le moniteur.
Jiro tourna la tête de droite à gauche, assez lentement.
Ni oui ni non.
-« Bof. J’ai l’impression que quelqu’un est entré dans ma tête... Et que ce quelqu’un a besoin de moi. »
Le collégien énonçait cela sans avoir l’air particulièrement surpris. Quand on a pour seul ami un ordinateur et qu’on a un pouvoir plus qu’étrange, on ne critique pas les gens qui vous envoient des trucs bizarres dans le cerveau. Si ?
-« Et tu compte l’aider ? » demanda de nouveau l’ordinateur.
Son propriétaire leva ses yeux dorés vers l’écran.
-« Pourquoi pas... Oui... Il n’y a pas de raison. »
Il soupira.
-« Et puis on ne peux pas dire que je sois surchargé de travail en ce moment. »
La voix impersonnelle de l’ordinateur s’éleva à nouveau.
-« Tu vas le contacter ? »
Jiro eut un sourire, qui, pendant un instant, le montra tel qu’il n’était pas : un collégien normal et joyeux.
Puis le garçon qui parlait aux machines reprit la parole.
-« Non. Il a dit qu’il viendrait me chercher, si j’ai bien compris. Mais c’était flou. »
Il se leva.
-« Il est temps de dormir. »
Il se retourna une dernière fois vers l’écran.
-« Sauvegarde tous les fichiers en cours » dit-il. « Et ensuite tu peux t’éteindre. »
L’ordinateur s’exécuta pendant que Jiro se mettait au lit.


Tanéo, profondément endormi, fut réveillé en fanfare par deux évènements consécutifs.
Le premier était le même rêve étrange que celui fait par Chika et Jiro.
Le second était l’arrivée de sa petite sœur dans sa chambre.
Même si il avait l’habitude de voir Hoshi arriver de nulle part, il sursauta.
-« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda le jeune homme, la voix pâteuse.
-« Ce rêve ! Tu l’as fais aussi, n’est-ce pas ? Dis-moi que toi aussi ! C’est tellement excitant ! J’ai hâte qu’il arrive ! »
Tanéo regarda Hoshi gesticuler en attendant patiemment qu’elle ait finie.
-« Oui, j’ai fais ce rêve, moi aussi. » laissa t’il tomber. « C’est très étrange.
-N’est-ce pas ? Je me demande si c’est...
-Tais-toi. » ordonna Tanéo.
La jeune fille continua à remuer la bouche pendant quelque seconde, mais aucun son n’en sortait. Elle prit alors un air ulcéré.
-« Excuse-moi » dit son frère, l’aspect pas du tout désolé. « Tu m’empêche de me concentrer, quand tu parles à cette vitesse. Recommence à parler.
-Quel baka ! Tu avais promis de ne plus le faire, je te signale ! C’est un injuste que tu ais hérité d’un pouvoir aussi pratique, je trouve !
-Plains toi ! Je te signale que tu peux te téléporter partout où ça te chante !
-Et alors ? »
Tout à leur querelle, les deux lycéens n’en entendirent pas la porte s’ouvrir puis se refermer.
-« Arrêtez, tous les deux ! Même si je ne peux pas vous faire taire, je peux vous priver de sortie ! »
Les deux jeunes gens qui se disputaient comme des poissonnières se retournèrent brusquement, l’air vaguement coupable.
-« Onwa... » commença Hoshi.
-« Vous avez fais ce rêve bizarre, vous aussi ? » demanda leur grande sœur, lui coupant la parole.
-« Justement, on était en train de parler de ça... » tenta Tanéo.
Devant le regard de son aîné, il rectifia.
-« Euh... A la base, on parlait de ça... »


Dans leurs lits, les « autres » se retournèrent.
Ils n’étaient pas encore prêts à accepter de croire à leur rêve.
Mais bientôt ils y seraient obligés.


« Celle qui répand le bonheur autour d’elle » dort, elle aussi. Elle a une longue journée qui l’attend, demain.


Chapitre 2 : Où il y a un enlèvement
Tohru se dirigeait vers Kaïbara avec Kyo et Yuki. La jeune fille, songeuse, était si silencieuse que les deux maudits s’en étonnèrent.
-« Honda-san ? Est-ce que ça va ? » s’enquit la souris.
Mais la jeune fille, profondément plongée dans ses pensées, ne l’entendit pas.
Kyo posa ses mains sur les épaules de la jeune fille.
-« Tohru ? Que se passe t’il ? »
La voix de celui qu’elle aimait fit sortir la nigiri de ses pensées. Elle découvrit devant elle les deux jeunes gens, l’air soucieux.
Elle paniqua.
-« Rien, rien ! Je vais très bien ! Excusez-moi ! Je... »
Kyo lâcha un soupir puis lui coupa la parole.
-« Tu n’as pas besoin de t’excuser. C’est normal qu’on s’inquiète. »
Yuki eut un fin sourire.
-« Même si je n’aime pas le reconnaître, ce baka de Kyo a raison. Vous avez l’air de chercher quelque chose depuis ce matin. »
-« Eh ! »
Tohru rougit fortement.
-« C’est ce rêve... Je... »
Les trois adolescents, trop occupés par leur conversation, ne virent pas le jeune homme planté devant eux, au bout de la rue.

Kiyoshi n’en croyait pas ses yeux. C’était elle. Il en était sûr. Ca ne pouvait être qu’elle. Cette aura de bien-être autour d’elle...
Ces deux jeunes avec elle...
Des Soma, il le savait déjà.
Pas de doute, c’était bien elle, celle qu’il cherchait.
Celle qui répand le bonheur autour d’elle.
Alors il se mit à courir vers elle. Sans faire attention à ce qu’il y avait autour. Il la cherchait depuis si longtemps...
Elle était celle qui était la plus importante.
Elle était celle qui briserait la malédiction des Soma...
Elle était celle qui briserait sa malédiction.
Il arrivait déjà à la hauteur de Tohru.
-« Toi ! Tu es celle qui peut m’aider ! Tu es celle qui répand le bonheur autour d’elle ! »
Il la serra dans ses bras.

Chika marchait lentement dans la rue, sans but. Elle, l’étudiante en fac d’histoire, séchait les cours pour la première fois de l’année.
A force de réfléchir, elle avait fini par se dire que ce rêve n’était pas d’elle. Qu’il venait de quelqu’un d’autre.
Quelqu’un comme elle.
Qui avait un pouvoir.
Il était celui qui créé les rêves.
Elle était celle qui voit le passé.
Il avait dit qu’il viendrait la chercher. Mais elle n’aimait pas être passive. Ca la gênait. Donc elle déambulait dans les rues de la ville, sans faire attention à l’endroit vers lequel elle dirigeait ses pas.
C’est comme ça qu’elle buta dans un jeune homme de son âge, aux cheveux blonds et longs.
Il se tourna vers elle.
-« Est-ce que ça va ? »
Il avait les yeux vert pâle.
Il était beau.
Très beau.

Tanéo se retourna. Une jeune fille venait de lui rentrer dedans.
-« Est-ce que ça va ? »
Elle le regarda fixement, de ses yeux verts noisette.
Elle était plus petite que lui, avec des cheveux bruns et longs.
« Wahou ! Canon ! » pensa le jeune homme.
Elle se reprit.
-« Oui, oui. Je vais très bien. Merci. Je suis désolée. »
Elle rougissait un peu en parlant, c’était mignon.
Il lui fit son grand sourire charmeur. Il devrait peut-être tenter le coup ?
-« Je n’ai rien, il n’y a pas de problème. »
Lui rendant son sourire, elle s’apprêta à partir.
Il tendit le bras vers elle, et le regretta immédiatement.
-« Attends ! »
Elle se retourna. Elle ne pouvait plus avancer.
-« Quoi ? »

-« Je peux savoir qui tu es ? » hurla Kyo, ulcéré, en détachant Tohru des bras de Kiyoshi.
Kiyoshi lui sourit de son sourire tellement énigmatique.
-« Je suis le « Souffleur de rêve ». Et elle, c’est « Celle qui répand le bonheur autour d’elle ». »
Il fit une petite pause. En face de lui, il y avait une jeune fille pétrifiée, un rouquin hystérique et une fille taciturne.
-« Quant à vous deux, dit-il en désignant successivement Kyo puis Yuki, Vous êtes des Soma, n’est-ce pas ? »
-« Ca te pose un problème ? » demanda violement Kyo.
-« Toi, tu es le chat, hein ? Et la fille, là, c’est la souris ? »
Kyo ouvrit des grands yeux puis fit passer Tohru derrière lui, dans un geste protecteur.
Yuki hésitait entre la stupéfaction et la colère. La stupéfaction de voir quelqu’un qui était au courant. Et la colère que, deux fois dans le même mois, on le prenne pour une fille. D’abords Komaki, puis le chauve, là !
Ce fut la colère qui l’emporta.
-« Je-ne-suis-pas-une-fille! » maugréa t’il.
Mais Kiyoshi ne faisait déjà plus attention à lui.
Kyo lui avait posé une question, et il y répondait.
-« Comment tu sais ça, toi ? Et qu’est-ce que tu veux ? » questionnait le chat.
-« Moi ? Parler avec cette jeune fille. »
Il se tourna vers Tohru.
-« Tu m’as vu en rêve, n’est-ce pas ? »
Elle hocha la tête.
-« Tu dois me croire. »
Il prit la main de Tohru.
-« Vient avec moi. »
Et il partit à toute vitesse avec la nigiri, laissant les deux Soma plantés là.


Chapitre 3 : Où le hasard fait bien les choses
Chika roulait des yeux effarés. Elle ne pouvait plus faire un pas. Elle pouvait seulement bouger le haut du corps, ses jambes restaient soudées au sol. Puis elle comprit. Il lui avait ordonné d’attendre. Et elle attendait. Apparemment, lui aussi avait un pouvoir.
La jeune fille eut un faible sourire.
-« Dis moi... Tu n’aurais pas rêvé d’un chauve, cette nuit ? »
Elle savait que si elle se trompait, elle aurait l’air stupide, mais elle s’en moquait.
Tanéo était pétrifié. Ca faisait des années qu’il se contrôlait. Des années qu’il n’avait pas usé de son pouvoir en pleine rue.
Et là...
Avec cette fille...
Il n’avait pas voulu qu’elle parte. Il ne savait pas pourquoi, mais il voulait la retenir.
Parce qu’elle avait quelque chose de spécial.
En plus, il l’avait tutoyé.
Alors quand elle lui parla de son rêve, il se retrouva tout bête.
Il fit un effort pour se reprendre.
-« Excuse-moi, dit-il en frottant ses cheveux blonds, l’air gêné. Ne m’attends pas. »
Immédiatement, Chika put de nouveau remuer les jambes.
Tanéo n’avait fait qu’une brève pause, le temps qu’elle bouge de nouveau.
-« Oui, j’ai rêvé d’un chauve cette nuit. »
Cette fois, Chika sourit franchement.
-« Toi aussi ? »

Tohru était assise en face de Kiyoshi, devant une tasse de chocolat fumant. Lui-même était en train de siroter calmement son thé.
La jeune fille n’arrivait pas à parler.
Elle tentait tant bien que mal de recouvrer la parole, mais elle n’y arrivait pas.
Alors, toute rougissante, elle regardait autour d’elle, pour ne pas voir Kiyoshi.
Kiyoshi l’avait emmené dans un joli salon de thé. Le patron, un peu surpris de voir deux jeunes arriver à neuf heures du matin, les avait installés à une table très agréable.
Kiyoshi fixa Tohru sans rien dire pendant quelques minutes, puis se décida à briser le silence.
-« Pardonne-moi, j’ai du te faire peur. »
Tohru releva la tête. Elle ne répondit pas mais fit un petit sourire.
Son vis-à-vis reprit la parole.
-« De plus, je ne me suis pas réellement présenté. »
Il lui tendit la main par-dessus les tasses.
-« Omaro Kiyoshi. Mais tu peux m’appeler Kiyoshi. Quel est ton nom ?
-Honda Tohru, balbutia la jeune fille en lui serrant la main un bref instant. »
Kiyoshi fit de nouveau son énigmatique sourire.
-« Alors, tu as rêvé de moi cette nuit ? Et de l’origine de la malédiction des Soma ?
-Oui, dit Tohru dont les joues flambaient, mais avec détermination.
-Accepterais-tu de m’aider ?
-Je tente de briser la malédiction depuis plusieurs mois maintenant, car... »La voix de Tohru se brisa. « Je vous en prie, aidez-moi ! »
Kiyoshi leva un sourcil, surpris. Il s’était attendu à devoir la convaincre, et voilà qu’elle le suppliait !
-« Tu n’as pas à me demander de l’aide, dit-il. C’est moi qui en ai besoin. Nous voulons tous les deux briser la malédiction, pour des raisons différentes, certes, mais nous sommes d’accords sur ce point : elle doit être détruite. »
Tohru hocha la tête :
-« C’est d’accord. Excusez-moi, mais...
-Tutoie-moi, tutoie-moi, Tohru-chan. Mes raisons ? C’est très simple. En libérant les Soma, je serais moi aussi libéré.
-Je suis désolée d’être si curieuse, c’est juste que...
-Tu veux savoir de quoi je serais libéré ? »
Le sourire de Kiyoshi devint nostalgique, un peu distant.
-« Je serais libéré... D’une promesse. »
Il secoua la tête, comme pour chasser les souvenirs enneigés qui l’assaillaient.
-« Et toi, Tohru-chan ? Pourquoi veux-tu briser la malédiction des Soma ? »
Tohru, virant au rouge pivoine, peina à balbutier quelques mots inintelligibles.
Kiyoshi retint son rire.
-« Tu es amoureuse du rouquin, c’est ça ? »

Kyo et Yuki étaient resté plantés à l’endroit où les avaient laissés Kiyoshi et Tohru pendant trois bonnes minutes, furieux et perplexes. Puis ils se dirigèrent lentement vers le lycée, sans parler, jusqu’à ce que Kyo brise le silence :
-« Qu’est-ce qu’on va faire, si Tohru n’est pas rentrée ce soir ? »
Yuki fit la moue. Il se posait la même question.
-« D’ici là, on va attendre et réfléchir. C’est très surprenant que cet homme connaisse notre secret.
-Complètement allumé, râla Kyo.
-On peut le dire, effectivement. »
Yuki poussa un soupir.
-« Tohru n’a pas disparu, elle est partie avec ce chauve. De son plein gré. Si elle avait voulu rester elle se serait débattue.
-C’est vrai, admit Kyo, en songeant au jour où Tohru avait failli l’assommer avec son cartable.
-En fait, reprit Yuki, le plus grave est...
-Quoi ?
-Qu’allons-nous dire à Hanjima et Uotani ? »
Les deux garçons sentirent peser sur eux les regards de la fille aux ondes et de la yankee.
-« On ferait peut-être mieux de chercher Tohru dès maintenant, finalement, proposa Kyo.
-Tu n’as pas tort, baka neko. »
Kyo ne releva pas.
-« Je vais vers la gauche et toi vers la droite. On se retrouve à la maison dans deux heures. »
Puis les deux maudits partirent chacun de leur côté.

Tanéo regardait Chika. Chika fixait Tanéo. Puis dans un bel ensemble, ils éclatèrent de rire.
-« Je t’offre un café.
-Ok. »
Ils se dirigèrent vers un café voisin, très vide à cette heure de la matinée. Il n’y avait qu’un couple, au fond.
-« Alors, commença Tanéo. Tu comptes l’aider à briser la malédiction des Machins-Choses, là ?
-Oui. Pour une fois que mon pouvoir me servira pour autre choses que les études... »
Au fond du salon de thé, Kiyoshi se retourna.


Chapitre 4 : Où un café vide se remplit en mois d'une heure
Jiro prit sa veste d’uniforme sur le dossier de sa chaise, dit au revoir à son ordinateur puis parti. Mais il n’allait pas au collège. Pour deux bonnes raisons : la première était que les professeurs lui avaient clairement fait comprendre qu’il était un élément gênant, ce qui lui permettait de sécher tranquillement.
Il est vrai qu’il est désagréable, pour un agrégé, d’être justement repris par un garçon de douze ans.
Le résultat de ces esclandres était simple : il n’allait en cours que pour les examens.
La deuxième raison était qu’il avait envie d’un chocolat viennois. Et les vrais chocolats viennois, on ne les trouvait que dans un seul café de la ville : Le « European Coffee ».
Le cœur de Jiro se serra. Viennes... C’était si loin, tout ça.
Il poussa du pied un caillou, qui rebondit sur une vitrine.
Ca ne lui ressemblait pas.
Il ne se ressemblait pas.

-« Tu es sauvée par le gong, Tohru-chan. Attends-moi une minute, si tu veux bien.» dit Kiyoshi.
Il se leva et se dirigea vers le couple qui venait d’entrer. Dès qu’ils étaient arrivés, il avait senti leur aura... Très fortes, comme toujours autour de ceux qui ont un pouvoir...
Et leur conversation l’avait conforté dans l’idée qu’ils faisaient partie de ceux qui devaient l’aider... Qui plus est, de ceux qui écoutent leurs rêves.
Il tapa sur l’épaule de la jeune fille brune.
-« Excusez-moi, j’ai entendu votre conversation... Et je me sens... Comment dire... Concerné. » dit Kiyoshi, dont le mystérieux sourire avait refait surface.
Le garçon aux cheveux longs et blonds répondit :
-« Tu nous as trouvé vite, dis donc ! »
La fille eut un sifflement admiratif. Puis elle tendit la main à Kiyoshi de manière assez occidentale.
-« Enchantée. Heishi Chika. Quant à lui, il s’appelle... »
Elle eut un sourire adorable pour le blond.
-« Comment tu t’appelle ?
-Tanéo Mei. »
Il répondit au sourire de la jeune fille.
« Manquait plus que ça... se dit Kiyoshi. Deux amoureux... »
-« Bon, reprit Tanéo, il faut que je prévienne mes sœurs.
-Elles ont aussi des pouvoirs ?
-Oui répondit le blondinet. »
Kiyoshi, se sentant légèrement ignoré, reprit la parole :
-« Vous voyez la jeune fille, là-bas ? C’est elle, « Celle qui répand le bonheur autour d’elle.
-Elle est mignonne, remarqua Tanéo. »
BAFFE !
-« Aie ! Pourquoi tu m’as frappé, Ka-chan ? »
Chika rit mais ne répondit pas. Elle s’approcha de Tohru.
-« Bonjour. »
Tanéo dégaina son téléphone. Appuya sur trois touches puis attendit un instant.
-« Allo, Onwa ? ... Non, je ne suis pas au lycée. ... Oui, j’ai une bonne raison. ... Je sais que je te dérange, ça va ! ... Mais j’ai retrouvé le chauve ! ... Ok. ... Tu vois que j’ai bien fait de sécher. ... Pff... De toute façon, tu n’es même pas encore majeure... Pas avant le deux avril prochain, je te rappelle... Oui, c’est ça ! Va chercher Hoshi puis viens à l’ « European Coffee » ! Oui, c’est un ordre ! Grouilles toi ! »

-« Baka neko ! Tu l’as retrouvée ? »
Kyo tourna la tête de droite à gauche.
-« Non. Toi non plus, à ce que je vois. »
Yuki eut un petit soupir.
-« Qu’est-ce qu’on va faire ?
-C’est toi qui est sensé être la tête, je te signale. Alors trouve quelque chose, se moqua Kyo, l’air narquois.
-Je ne savais pas que tu comprenais l’ironie, baka neko.
-La ferme, k’so nezumi ! »

Jiro entra dans son café. Mais il faillit battre en retraite. Comment se faisait-il que, à même pas dix heures du matin, en semaine, il y ait tant de monde ici ?
Mais bon... Ca ne le concernait pas.
C’est du moins ce qu’il se dit jusqu’au moment où il l’aperçu.
Le moine.
Jiro s’approcha de lui lentement, puis lui tapa sur l’épaule.
-« Bonjour.
-Je n’y crois pas ! dit le jeune homme. J’en ai déjà trouvé sept ! Nous sommes huit ! Nous sommes huit ! »
Jiro, sans s’émouvoir, dépassa le moine et alla se présenter.
-« Dosan Jiro, dit-il. »
Il y avait devant lui six adolescents : un garçon et deux filles blonds avec des yeux clairs, visiblement frères et sœurs, une fille aux cheveux bruns qui portait un rubis autour du cou et une autre en uniforme.
Ils se présentèrent à leur tour.
-« Je m’appelle Mei Onwa, et voici ma sœur Hoshi ainsi que mon frère Tanéo, dit celle qui semblait être la plus âgé du groupe.
-Heishi Chika, dit la fille au rubis avec un joli sourire.
-Honda Tohru, se présenta la nigiri.
-Enchanté, dit Jiro. »

-« Honda Tohru ? »
Silence.
-« Elle est absente ? Très bien, dit Mayuko, qui faisait l’appel, un stylo à la main. »
Elle continua à appeler les noms de ses élèves, jusqu’à arriver aux « S ».
-« Soma Kyo ? Soma Yuki ? Ils sont absents, eux aussi ? »
« Je me demande ce qui se passe, se demanda la jeune femme. Comment se fait-il qu’ils soient absents tous les trois ? Je vais devoir téléphoner à Shiguré. »
Au fond de la classe, Saki et Arisa échangèrent un regard.
Pourquoi n’étaient-ils pas là ?


Chapitre 5 : Où l'on fait connaissance avec la mère de Jiro
-« Ca ne vous regarde pas ! J’en ai marre, à la fin ! »
Tanéo fixait ses sœurs d’un œil morne.
Hoshi poussa sa grande sœur du coude, Onwa lui lança un regard complice.
Puis elles éclatèrent de rire comme des gamines.
-« Apparemment, il est déjà amoureux...
-Tu as raison, c’est flagrant... »
Le jeune homme poussa un soupir.
-« Je la connais à peine. Je l’ai rencontré ce matin, je vous signale !
-Et alors ? »
Il se leva brusquement de la chaise sur laquelle il était assis.
-« Mais arrêtez !
-Tu n’es pas assez précis ! se moqua encore une fois sa petite sœur. Tu n’as pas dis ce qu’il fallait qu’on arrête ! »
Tanéo la regarda, l’air énervé.
-« S’il vous plaît, arrêtez, vous deux. Ca ne vous regarde pas ! »
Onwa s’approcha de lui.
-« Réponds seulement à cette question : est-ce que Chika te plait ? »


-« Allo, Shiguré ?
-Mayukoooo ! Qu’est-ce qui me donne le plaisir de t’avoir au téléphone ?
-baka. Je t’appelle car Tohru, Kyo et Yuki étaient absents aujourd’hui. Tu sais pourquoi ?
-Hum... C’est donc pour ça que ces deux charmants jeunes gens étaient là quand je suis rentré de chez Hatori... »
« Note : penser à appeler Hatori pour savoir si Shiguré n’a pas fait de bêtise, pensa Mayuko, tout en sachant qu’elle n’en ferait rien. »
-« Attends attends ! Tu dis bien : ces DEUX ? Yuki et Kyo ?
-Et bien... Oui !
-Et tu as pensé à leur demander où est Tohru, sinistre baka ?
-Non. Tu sais, je suis en plein roman et...
-A d’autres ! Elle sous ta responsabilité, je te signale ! Si elle est enlevée parce que tu ne t’es pas inquiété, tu seras mis en prison ! Non pas que ça me gêne mais elle ne mérite pas ça !
-Très bien, très bien... Je vais aller leur demander où se trouve ma jeune épouse...
-SHIGURE !
-Au revoir, Mayu-chan !
-C’est ça. »


-« Jiro ! Où étais-tu ?
-Dehors, mère.
-Ca, je le sais ! Mais ton père et moi ne sommes là que quelques jours, tu pourrait rester avec nous. »
Jiro baissa la tête. La femme se reprit :
-« Tu devrait rester avec nous. »
Son fils, levant vers elle ses yeux dorés, ses yeux qui venaient d’elle, lui répondit avec un sourire narquois :
-« Laissez-moi deviner, mère... Nous aurions du sortir ce soir et votre fils manquait ? C’est vrai que c’est presque aussi gênant que d’avoir perdu une paire d’escarpins... »
Il avait à présent un pli amer au coin des lèvres.
-« Désolé d’avoir gâché votre soirée... Je suis vraiment un mauvais fils...
-Dans ta chambre. Tout de suite. Tu me fais honte, à te comporter ainsi.
-Comme c’est triste... dit-il en se dirigeant vers l’escalier. A quoi cela sert-il d’avoir un fils surdoué si on ne peut pas l’exhiber en société ! »
Il se tourna vers elle, une fois arrivé en haut. Il la contempla, ironique. Elle était belle, bien habillée. Une robe française, sans aucun doute. D’un créateur prestigieux. Belle. Mais c’était tout.
-« Au revoir, mère ! Peut-être à dans six mois, si j’ai de la chance ! »
Puis il entra dans sa chambre et se laissa tomber lourdement sur son immense lit.
Il vivait dans le luxe. Mais seul.


Quand Tohru rentra enfin, dix-neuf heures étaient passées.
-« Ma tendre épouse ! M’aurais-tu trompé ? »
BAFFFFFFF.
-« Tohru ! Où étais-tu ? Je me suis inquiété ! Tu m’as fais peur, tu sais ! dit Kyo, sans reprendre son souffle.
-C’est vrai, Honda-san. Nous vous avons cherché toute la journée. »
Tohru ouvrit de grands yeux et rougit.
-« Mais... je... excusez-moi ! Je vais préparer le dîner. »
Et elle fila vers la cuisine. Elle ne devait rien dire : Kiyoshi avait bien insisté sur ce point : il ne fallait pas qu’elle parle de leur entreprise aux Soma. Ou tout raterait.
Elle en était là dans ses réflexions quand Kyo entra dans la cuisine.
Elle rougit. Tohru savait qu’elle ne devrait pas dire à Kyo ses sentiments. Elle avait bien failli le faire quelques jours auparavant, mais...
Elle ne devait pas lui dire. Pas avant que la malédiction soit brisée. Sinon...
-« Tohru ? Je comprends que tu ne veules pas nous dire où tu étais, mais... Ce chauve, il ne t’a rien fait ? »
Elle se tourna vers la cuisinière.
« Je ne dirais rien, je ne dirais rien... »
-« M. Ren était un prête dans le temple où j’allais avec ma mère. Je ne l’ai pas reconnu tout de suite, sans sa robe orange. »
Elle mentait si mal que ça en faisait pitié.
Le rouquin regarda le dos de celle qu’il aimait, un sourire malheureux aux lèvres.
-« Tohru... Ne me dis rien si tu ne veux pas, mais... Ne me mens pas. »
Kyo s’échappa par la fenêtre et disparut dans le jardin.
-« Kyo ! »


Chapitre 6 : Où « quelqu’un » entre en scène
Tohru, assise sur son lit, entoura ses genoux par ses bras. La jeune fille reniflait. Elle faisait un effort pour ne pas pleurer. Puis la digue lâcha. Et elle éclata en sanglots.
« Je l’aime. Mais je ne peux pas le lui dire... Et j’ai été obligée de lui mentir... Il m’en veut... J’aimerais tellement pouvoir le lui dire... Mais... »
Les larmes coulaient sur le visage de Tohru, dévalant lentement ses joues.
Kyo, lui, n’avait pas apparu pendant le repas. Il n’était revenu qu’ensuite, le visage fermé.
Puis il était monté sur le toit.
« Pourquoi me ment-elle ? Est-ce qu’elle est amoureuse de ce gars ? Et pourquoi je me sens si mal ? C’est peut-être le mieux... Dans six mois je serais enfermé... Et qu’est-ce que j’espérais, après tout ? »
-« Elle pleure, dit une voix calme derrière lui.
-Dégage, k’so nezumi. Chuis pas d’humeur.
-Elle pleure, ba... Kyo. Elle pleure. Alors au lieu de faire le baka et de rabâcher tes idées noires, va la voir. »
Kyo se tourna vers son cousin.
-« J’ai pas besoin de tes conseils. »
Yuki soupira.
-« Très bien. Fais comme tu veux. Mais tu devrais apprendre à lui faire confiance. Parce que c’est évident qu’elle t’aime. »


Chika était assise devant son ordinateur, en train de taper son mémoire. Elle avait eu des flashs toutes la nuit, elle était crevée. Il lui arrivait, de plus en plus régulièrement, de voir des scènes quand elle était en train de lire des documents sur cet évènement.
Mais il y avait plus grave... Ces derniers temps, elle avait souvent des flashs sur les souvenirs des personnes avec qui elle se trouvait...
La jeune fille avait découvert son pouvoir à l’âge de dix ans.
C’était un jour d’été : la rentrée avait eu lieu quelques mois plus tôt...
Assise à sa place dans la classe, elle écoutait le professeur parler d’un quelconque siège d’une quelconque ville fortifiée, il y avait de ça plusieurs siècles.
Le maître d’histoire expliquait donc que le gentil guerrier voulait reprendre sa ville à un méchant usurpateur.
A ce moment-là, Chika n’était déjà plus avec l’enseignant ; ou plutôt, son esprit s’était échappé de la salle de classe et s’était envolé vers le siège de Warafugi.
Un homme, à genoux. Un autre, debout.
-« Je vous en prie, ne massacrez pas les habitants... Laissez au moins vivre les femmes et les enfants... Laissez à mes guerriers l’honneur de se suicider. S’il vous plait. »
L’enfant, figée, n’avait qu’une peur : que l’homme debout la voit. L’autre était dans un tel état...
-« Hahaha ! Je les ferais tous tuer ! Ils ont osé me résister ! »
Un bruit métallique. Un cri.
C’est ainsi que Chika assista pour la première fois à un meurtre.


Tanéo était allongé sur son lit, les mains croisées derrière la tête. Il soupira. Ses sœurs ne l’avaient lâché qu’au moment où, énervé, il avait laissé tomber un « Oui, oui, elle me plait ! » excédé.
C’était vrai... Chika lui plaisait. Elle lui plaisait même beaucoup.
Mais il ne la connaissait pas, ou si peu...
« Si l’on doit briser cette malédiction ensemble, on aura le temps de se parler... Et de se voir... »
-« Toc toc toc... Je peux entrer ?
-Vas-y, Onwa.
-Désolée de t’avoir tanné comme ça, tout à l’heure. Mais tu as tout de même fêté tes dix-huit années sans petite amie... »
Le jeune homme poussa un soupir à fendre l’âme.
-« J’ai trop à faire ici... Et puis, je ne pourrais pas sortir avec une fille normale... Un jour, je risquerai de lui ordonner quelque chose... Et ça... se serrait pire que tout.
-C’est vrai...
-Et puis, tu peux bien parler, toi ! Tu as passé tes vingt ans et tu n’es pas sorti avec un seul garçon ! »
Onwa lança à son frère un regard aigu.
-« Tu te trompes.
-Ah bon ? Tu as eu un petit ami ?
-C’était avant la mort de grand-père. »
Ils savaient tous les deux ce que cela voulait dire. Leurs parents étaient morts dix ans plus tôt, dans un accident de voiture. Onwa avait dix ans, Tanéo huit et Hoshi six.
Les trois enfants avaient alors étés confiés à leurs grands-parents paternels. Mais cinq ans après cela, leur grand-mère mourut elle aussi ; leur grand-père, un homme dur et froid, s’était éteint six mois plus tôt, à l’âge de quatre-vingt -deux ans.
-« Onwa...
-Hum ?
-J’espère que nous pourrons offrir une jeunesse à Hoshi. »


-« J’aurais du m’en douter... »
Une jeune femme en kimono caressait son menton d’un de ses doigts fins et blancs.
-« Hum... alors ça y est, il a lancé l’opération ? Il ne doit pas tout savoir, pour être si peu discret... »
Elle se déplaça avec une grâce féline jusqu’à la coiffeuse et s’assit devant le meuble. Prenant un peigne d’ivoire, elle le passa dans ses cheveux noirs et lisses, très longs.
Elle rit. Elle savait tout, elle.
Du moins tout ce qui ne s’était pas perdu en deux mille ans...
Elle savait tout, et ce qu’elle savait, elle le ferait payer très cher...
-« Peut-être devrais-je prévenir Akito dès maintenant... Mais je n’en ai pas envie... Non... attendons que les choses évoluent... »
Elle reposa le peigne sur le marbre de la coiffeuse avec un bruit sec.
-« C’est moi qui mène le jeu... Alors... Je ne vais pas me manifester tout de suite... Non... Il vaut mieux être patiente... »
Elle sourit à son reflet. Elle était belle... D’une beauté vénéneuse...
-« Merci de m’avoir choisie, Kakon... Tu ne le regretteras pas... »
Elle baissa la tête vers le sol.
-« De toutes façons, si je te déçois, tu ne pourras rien faire, vieux baka... Puisque... »
Levant son index manucuré vers ses lèvres rouges sang, elle eut un petit rire.
-« Tu t’y es engagé... Une fois ton émissaire choisi, tu ne pourras plus rien faire... A moins que je le veuille. Ce qu’il va se passer à présent... C’est un mystère.»


Chapitre 7 : Où Kiyoshi frissonne
Kiyoshi, allongé sur son futon, ne dormait pas.
Il fixait le plafond miteux de son petit studio sans le voir.
Pour la troisième fois de sa vie, il connaissait l’excitation. Et c’était un sentiment... très agréable.
En une journée, il en avait trouvé cinq...
Cinq parmis ceux qui écoutaient leurs rêves...
« J’ai du mal à y croire... »
Et ils étaient tous prêts à l’aider...
Ils avaient passés la journée dans le café, couvés du regard par le vieux patron.
Les sept jeunes gens s’étaient présentés, avaient parlés de leurs pouvoirs, de leurs vies...
Ils s’entendaient bien...
Un peu trop bien dans certains cas, même, songea Kiyoshi en pensant à Chika et Tanéo.
Il les avait trouvés !
Et surtout... Il l’avait trouvé, elle.
« Tohru... »
Celle qui jouerait un rôle majeur dans son projet...
Sans elle, il ne pourrait rien faire...
Rien...
Kiyoshi frissonna. Il remercia Boudha de l’avoir découverte avant « l’autre ».
Avant « son autre ».
Celui ou celle qui serait en face de lui dans la lutte pour briser la malédiction.
L’envoyé de Kakon.


Jiro s’assit devant son ordinateur.
-« Tu ne pleures pas ? lui demanda la machine de sa voix impersonnelle.
-Pleurer ne résout rien, dit Jiro comme pour s’en convaincre. Pourquoi ? Je devrais ?
-C’est toi qui m’a expliqué que les humains pleuraient quand ils étaient malheureux.
-Oui... Mais parfois, on s’empêche de pleurer. »
Jiro soupira.
-« L’être humain est plein de mystère... Il est inutile pour toi de chercher à le comprendre.
-Je suis programmé pour chercher des réponses, lui rappela l’ordinateur.
-Je t’ai programmé il y a bien longtemps, constata Jiro. J’étais encore un enfant.
-Tu peux me reprogrammer, lui répondit le moniteur.
-J’ai la flemme. Et puis, je crois que... J’ai rencontré des gens qui...
-Tes phrases ne sont plus cohérentes, le prévint l’ordinateur. »
Jiro soupira de nouveau. C’était le problème avec les machines : même en essayant par tous les moyens de comprendre l’âme humaine, elles n’y arrivaient pas.
Et c’était bien normal, après tout.
-« Tu peux t’éteindre.
-Tu ne lis pas tes mails ?
-Pas ce soir.
-Très bien. »
L’écran s’éteignit et Jiro se laissa tomba sur son lit.
Aujourd’hui, il avait parlé à des inconnus. Des gens qu’il côtoierait beaucoup pendant les prochains mois.
Il y serait forcé...
Et puis...
Ils avaient l’air sympathiques...
Alors... peut-être que la seule chose dont il avait besoin... c’était de ça...
Des amis.


Hoshi, sans savoir que sa sœur et son frère aînés parlaient d’elle, venait de découvrir quelque chose d’intéressant : une enveloppe à son nom sur la table de la cuisine.
Elle l’ouvrit précipitamment : c’était une enveloppe officielle, et épaisse...
-« OUIIIIIIII ! » hurla t’elle.
Bruits de cavalcades.
Onwa et Tanéo arrivèrent dans la pièce.
-« Que se passe-t-il ?
-Je suis reçue ! Je vais pouvoir quitter cet affreux lycée ! Tan-kun, ouvre ta lettre ! »
Tanéo fit ce que sa sœur lui disait.
-« Moi aussi je suis reçut.
-C’est géniaaaaaaaaaal ! cria de nouveau sa petite sœur.
-Vous aviez posté des candidatures dans pas mal de lycées, non ? C’est lequel ? » s’enquit avec sagesse Onwa.
Tanéo releva la tête.
-« Je suis à Kaïbara.
-Moi aussi.
-Misère, dit Tanéo.
-Quoi ? Tu devrais être content ! Tu as la chance d’être dans le lycée de ta chère petite sœur !
-Tanéo a raison, la coupa Onwa. »
Deux paires d’yeux se tournèrent vers elle.
-« Pourquoi ? demanda Hoshi, au bord des larmes.
-D’après ce que m’a dit Tohru-san... C’est son lycée.
-Et où le problème ? dit Hoshi. C’est pas mal, non ? »
Tanéo venait de comprendre.
-« C’est le lycée des Soma, lâcha t’il. »
Kiyoshi n’allait pas être content...


Kyo fixait le dos de Kazuma, appuyé sur la barrière du dojo.
-« Tu veux quelque chose, Kyo-kun ? lui demanda son père adoptif en se tournant vers lui.
-Et bien... Je... »
Le jeune homme aux cheveux roux faisait un effort pour ne pas pleurer...
Mais il avait du mal. C’était bête, mais...
C’était comme ça.
-« Viens, dit Kazuma en lui tendant la main. Allons boire du thé. »
Il attrapa son fils par l’épaule et l’emmena à l’intérieur.
Kyo lui expliqua ce qui s’était passé, sans préciser qu’il aimait Tohru. Et sans parler du sermon de Yuki.
C’était au demeurant inutile : Kazuma le savait pertinemment...
Ce que Yuki avait dit la veille à Kyo tourmentait ce dernier.
Il avait du mal à accepter que Tohru soit amoureuse de lui, du moins d’après Yuki, et le fait
que Yuki ait été... gentil...
-« Si je comprends bien, dit ce dernier, tu en veux à Tohru-chan parce qu’elle fait des petits secrets ? Mais c’est normal, voyons ! De plus, il est possible qu’elle t’aie dit la vérité, tu y as pensé ? »
Kyo fit un petit sourire à son maître.
-« Merci... »


Chapitre 8 : Où l’European coffee est plein
-« Quoi ?! »
Le groupe s’était réuni au café, une fois de plus. Même quand certains étaient absents, comme aujourd’hui, ils restaient très longtemps. L'autre jour, la jeune fille blonde avait même prit des photos. Tout cela faisait grand plaisir au patron, puisque qu’ils buvaient un nombre de litres de chocolat et de café impressionnant.
Monsieur Seiji, honnête propriétaire de l’ « European Coffee », se promit que si ils continuaient à venir passer trois heures par jour dans son café il leur offrirait du gâteau. Puis ses pensées partirent vers son fils, qui devait revenir des Etats-Unis bientôt...
Kiyoshi était sorti de ses gonds. C’était un exploit ; mais un exploit dont se seraient volontiers passé Onwa.
-« Ils vont aller dans le même lycée que les Soma ?! Mais c’est impossible ! Comment on va faire pour leur cacher tout ça, maintenant !
-Euh... Monsieur Kiyoshi, je... »
Tohru toute rougissante et bafouillant, regardait l’ancien moinillon, l’air triste.
-« Ils ne diront rien, j’en suis sûre ! Et puis... si j’arrive à leur mentir... moi, je suis certaine que...
-La, la... Ne pleure pas, Tohru-chan... » dit Onwa.
La jeune femme blonde prit la jeune fille brune dans ses bras.
Jiro, quant à lui, regardait la scène sans intervenir. Il avait encore du mal à se faire à ses gens... Mais ils étaient gentils... Et voir Tohru pleurer, comme cela... Lui rappelait de bien mauvais souvenirs. Sans réfléchir, il avança vers elle et s’agenouilla près des deux femmes, prenant la main de Tohru.
-« Je sais que c’est dur pour toi, reprit Onwa. Tu es amoureuse de ce garçon, n’est-ce pas ? »
En accompagnant Tanéo et Hoshi à Kaïbara pour leur rendez-vous avec le directeur, elle avait vu Tohru parler avec Kyo.
Onwa jeta un œil vers Kiyoshi.
-« Je ne vois vraiment pas pourquoi tu ne veux pas qu’elle le lui dise. »
Il ouvrit la bouche pour se défendre, mais déjà Tohru ravalait ses larmes et parlait de nouveau.
-« Merci, Onwa-san... Vous... tu es gentille. Je... suis contente que Hoshi-chan et Tanéo-san viennent dans mon lycée... Ca me fait plaisir... »
Puis elle se releva.
-« Excusez-moi, mais j’ai mon travail... Il faut que j’y aille.
-Tohru-chan ! Si tu as besoin d’aide pour l’école, tu pourras travailler ici avec Hoshi et Tanéo ! »
Tohru sourit et balbutia un remerciement.
Puis elle s’inclina devant le patron et sortit.


« -Comment ?! Je vais être dans la même classe que ma petite sœur ? »
Le directeur de Kaïbara essuya la goutte de sueur qui perlait sur son nez.
« -Oui. Mlle Mei-san a eu à nos tests d’entrée des résultats excellents, qui nous poussent à lui faire sauter une année. »
Le quinquagénaire eut un léger sourire. De bonnes recrues, ces deux Mei... Ils n’avaient pas vraiment l’air calme, mais bon... ils avaient de très bonnes notes....
-« Ah. » dit simplement Tanéo, jetant un regard plein de sous-entendus à Hoshi, qui lui répondit par un petit sourire supérieur.
M. le directeur, dont l’histoire ne retiendra pas le nom, songeait déjà au prochain problème qu’il devrait régler : le fan-club de Soma Yuki faisait de nouveau des siennes... Et il commençait à en avoir marre. Décidemment, il allait devoir convoquer le jeune homme.
Voyant que le directeur de leur nouvel établissement ne s’occupait plus d’eux, les Mei prirent congé puis sortirent.
Hoshi ouvrit la bouche, avec plaqué sur sa figure un air moqueur.
« -Ne dis rien, Hoshi. »
Et Tanéo aussi sourit de façon supérieure, imitant sa sœur à la perfection.
« -AIEUH ! »
Hoshi venait de lui balancer un coup de pieds.


Chika était pressée. Elle avait du expliquer son absence de la semaine passée et la directrice de sa fac avait fait des histoires.
Serrant son sac contre elle et marchant vite, elle arrivait dans le quartier de l’«European Coffee ».
Passant devant un marchand de journaux, son regard fut attiré par les gros titres des quotidiens locaux.
« Les settoo (voleurs) ont encore frappé ! » Ou encore : « Pickpocket dans les rues de la ville ! ».
Chika eut un petit sourire, serra son sac plus fort contre elle puis reprit son chemin. Elle ne se sentait pas concernée, et elle avait raison.
La jeune fille brune marchait vite, ses pensées perdues dans son projet. Son mémoire attendrait. Après tout, il lui restait deux années d’études avant d’avoir à le rendre.
Arrivant près du café, elle failli buter dans Tohru.
« -Tohru-chan ? Où vas-tu ?
-Bonjours, Chika-chan ! Je vais travailler !
-Ah oui, c’est vrai... »
Tohru lui sourit puis partit.


Jiro rentrait tard chez lui, une fois de plus. Il était bien. Le temps était doux, la nuit n’était pas encore tombée...
Il était bien, vraiment. Cette sensation de chaleur à l’intérieur de lui-même...
Il n’avait fallu qu’une semaine pour qu’il soit adopté par ceux qui écoutent leurs rêves.
Il pensait à eux en retourna vers ce qu’il appelait « son endroit où dormir ». Endroit qu’il fuyait le plus souvent possible, hantant les cybers cafés.
Mais plus maintenant... maintenant, il passait son temps libre avec le groupe.
Onwa, la plus mature, la plus entière...
Hoshi, toujours prête à s’enflammer...
Tanéo, qui regardait Chika avec des yeux...
Chika, l’étudiante en fac qui voyait le passé des autres et ne parlait jamais du sien...
Comme lui, d’ailleurs...
Et comme Kiyoshi...
Jiro s’arrêta, comme frappé par la foudre. Il venait de réaliser. Personne, dans leur groupe, ne parlait de ce qu’il avait vécu « avant ».
Les Mei. Onwa s’occupait de son frère et de sa sœur, mais pas comme une fille de vingt ans...
Non... comme une mère...
« Est-ce qu’ils ont... perdu leurs parents ? Oui... c’est sans doute ça... du moins...»
Il s’en voulait affreusement, mais il fallait qu’il se l’avoue : il les enviait presque.
Chika ne parlait pas d’elle, oui... Vivait-elle avec sa famille ? Avec son petit ami ? Ou... seule ?
Il savait qu’elle vivait avec les Soma car elle avait perdu sa mère, mais il ne savait pas dans quelles circonstances elle s’était installée chez eux...
« Onwa doit le savoir... »
Et... Kiyoshi ? Celui qui les dirigeait, le souffleur de rêves, leur « chef »...
Qui était-il réellement ? Un ancien moine, certes, mais, comment s’était passé son étrange parcours...
Quand il en arriva à lui-même, Jiro stoppa ses interrogations.
Non. Il n’avait pas à questionner les autres sur leurs vies.
Après tout... tout le monde a ses blessures... Et personne n’aime qu’on y touche.


Chapitre 9 : Où tout se détraque
« -Honda-san ? Je peux vous parler ? »
Tohru sursauta. Elle était en train de plier le linge sur la terrasse. Elle se retourna brusquement, l’air perdue. Ces derniers temps, elle apprenait tant de choses qu’elle en était tourmentée...
Et puis... à quoi bon s’être avouer son amour pour Kyo si elle ne pouvait pas le lui dire...Elle était malheureuse. Elle ne le montrait pas, oh non ! mais elle était malheureuse.
De plus, elle avait trop à faire...
Le lycée... ses devoirs... son travail... mais, surtout... briser la malédiction...
Même si, en vérité, ils ne faisaient pas grand-chose pour le moment...
Tanéo, qui avait demandé pourquoi à Kiyoshi, s’était vu laconiquement répondre qu’il fallait attendre que l’autre agisse...
Mais quel autre ?
« -Honda-san ? » répéta Yuki, inquiet. La jeune fille s’était tournée vers lui, les yeux grands ouverts, mais elle l’avait regardé comme si il n’existait pas... Comme si il était transparent...
« -Yuki-san ?
-Honda-san, est-ce que ça va ? »
Elle lui sourit, mais d’un sourire forcé, d’un sourire qui ne lui ressemblait pas...
« -Oui, je vais bien... »
Elle sourit de nouveau.
Yuki poussa un soupir. Non. C’était évident, que Tohru allait mal.
« -Tohru... » Le prénom de la jeune fille lui avait échappé.
Elle le regarda.
« -Yuki-kun, je crois que je...
-Quoi ?
-Je ne me sens pas très bien... »
A ces mots, Tohru défaillit.


« -Bonjour ! »
Hoshi se retourna. Devant elle se trouvait un garçon de son âge, aux cheveux blonds et aux yeux noisette. Il souriait.
« -Tu es nouvelle ?
-Oui ! Et je me perds dans les couloirs ! Mon frère m’a lâché ! »
Le garçon lui sourit encore plus.
« -Je peux t’aider ?
-Je t’en serais très reconnaissante !
-En quelle classe es-tu ? demanda dit-il.
-En dernière année, la C.
-Oh ! Tu es plus vieille que moi alors ! Je suis en deuxième année.
-Non, dit Hoshi, je saute une classe. »
Ils se sourirent.
« -Voilà ta classe. » annonça le garçon.
Hoshi sourit de nouveau.
« -Au fait, comment t’appelles-tu ? dit le blondinet.
-Mei Hoshi. Et toi ?
-Soma Momiji. »
Hoshi se glaça. Non... Et dire qu’elle avait promit !
Elle réalisa alors que Momiji était sans doute maudit, lui aussi...
« -Hoshi-san, ça ne va pas ? »
Oh, et puis zut. Momiji lui plaisait. Et elle en avait marre que Kiyoshi leur impose des choses sans expliquer pourquoi.
Alors elle sourit à son nouvel ami et accepta son invitation chez un glacier.
« Je briserai la malédiction. Pour toi, Momiji. »
Elle se disait cela... Sans savoir que déjà, le jeune homme était libéré de ses chaînes.


Kiyoshi et Chika marchait lentement au bord du fleuve. Le jeune homme, dont les cheveux repoussaient peu à peu, avait demandé à Chika de bien vouloir lui parler, seule à seul.
« -Chika-san, commença le jeune homme, dis-moi... Quelles sont tes réelles motivations pour briser la malédiction des Soma ? »
Elle le regarda, plissant un peu ses yeux verts.
« -Je pourrais te poser la même question.... »
Kiyoshi s’arrêta, stupéfait par deux choses, qu’elle lui dise cela de manière si simple et surtout qu’il s’en sente gêné.
Il soupira, puis regarda Chika en coin. Elle s’était approchée de l’eau, se trouvant juste au bord.
« -C’est vrai... Je n’ai rien dit... Mais... en vérité... J’ai promis, il y a bien longtemps, de briser la malédiction. Oh...Et... Je dois le faire. »
« -A qui ?
-Pardon ?
-A qui as-tu promis de briser la malédiction ? »
Chika touchait au cœur du problème. Elle n’était pas sûre d’avoir une réponse... Fermant les yeux un instant, elle se demanda si elle faisait bien d’obliger Kiyoshi à parler... Quand elle rouvrit ses paupières, elle n’était plus près de la Sumida (fleuve de Tokyo).
Non... elle était dans un de ses flashs... Mais... Pas dans un « simple » flash, non...
Elle était dans les pensées de Kiyoshi... Un de ses souvenirs.
Dans un grand jardin enneigé, près d’une maison... plus loin, un fleuve... peut-être celui près duquel elle était, en réalité...
Elle ne bougea pas. Elle savait que, si elle tombait dans l’eau, elle ne pourrait pas voir ce qu’elle faisait... donc qu’elle se noierait.
Elle était tellement effrayée par cette idée qui l’effleurait pour la première fois qu’elle ne se rendit pas compte qu’il y avait un mouvement devant elle.
Un signe de main, par la fenêtre fermé par d’épais barreaux de fer placés devant le verre. Il était adressé à un petit enfant aux cheveux noirs, d’environ deux ans, qui courrait maladroitement, engoncée dans une grosse parka blanche. Kiyoshi.
« -Tu n’aurais pas du venir... C’est dangereux.
-Mon maître arrive, il m’a dit de vous apporter ces gâteaux... »
Chika aurait aimé s’approcher de la maison pour voir à l’intérieur... Voir qui était cette personne qu’on avait enfermée.
« -Ton maître est trop bon... et trop irresponsable de te faire courir dehors par un temps pareil pour me voir ! Tu es si petit !
-C’est moi qui ai voulu... Je vous en prie, racontez-moi encore une histoire...
-Tu parles vraiment bien, pour ton âge...
-Le maître a dit que j’étais très créposse !
-Précoce ! » dit la voix, qui riait presque.
Un petit soupir, venu de l’intérieur, fit de la bué sur la vitre entrouverte.
« -Très bien... Laquelle ?
-Celle de votre vie...
-Hum... comme tu le sais, je suis né maudit...
-Oui !
-On m’a élevé en me disant que je n’étais qu’un bon à rien... Et je savais qu’avec l’âge adulte, je serai enfermé... Mais j’ai eu un enfant avant... Même si aujourd’hui il me déteste. Akira m’a dit, il y a déjà bien longtemps, que mon fils avait eu un fils à son tour... Il doit avoir quinze ans, à présent...
Je le voyais parfois...
-Bonjour, le coupa un homme chauve et replet, lui aussi engoncé dans une parka.
-Maître ! s’écria le gamin.
-Tu lui racontes encore une histoire...
-Oui, dit l’homme qui était à l’intérieur.
-Il faut que nous y allions... Ren va bientôt passer...
-Oui. Au revoir, Kiyoshi, dit l’homme. »
Et Kiyoshi s’en fut, accompagné par le chauve.
Comment aurait-il pu savoir que plus jamais il ne verrait cet homme si gentil ?


Chapitre 10 : Où le projet est mis en péril
Chika était tombée à genoux par terre, ses mains enserrant sa tête. Elle criait, à la fois consciente et inconsciente... Elle souffrait...
Kiyoshi se doutait de ce qu’elle voyait à présent... Et cela l’effrayait...
Chika était près de la berge...
Trop près...
Bien trop près...
Si près que...
Kiyoshi plongea. Il se doutait que tant que Chika ne sortirait pas de sa transe, elle ne pourrait pas agir d’elle-même. La jeune fille coulait déjà comme une pierre, des bulles d’air sortant de sa bouche.
Kiyoshi donna une impulsion et se rapprocha d’elle. Il avait peur, il avait froid.
Les ténèbres s’emparaient de sa tête, lui rappelaient la fois où il était resté au bord du fleuve...
Mais il devait le faire. Agir en sauvant quelqu’un du fleuve, pour racheter l’inaction devant le meurtre du fleuve...
Il arrivait près de Chika, la prenant à bras-le-corps. Puis il remonta, gêné par le manque d’oxygène et son jean.
Quand il réussit enfin à émerger, il crachait ses poumons et Chika était molle dans ses bras...
Il se leva et hurla à la mort, comme il ne l’avait pas fait depuis plus de dix-sept ans.
Depuis ce jour d’hiver, ce jour où le maudit du chat était mort.


« -Tohru ? Tohru ? Ouvre les yeux ! »
La jeune fille aux longs cheveux bruns était étendue, en sueur.
Ses cheveux, collés sur ses tempes, la gênaient. Elle leva le bras, comme pour les bouger, mais le laissa retomber. Elle n’y arrivait pas...
« -Tohru ?! Tohru ! »
Elle leva ses yeux entrouverts vers la voix qui appelait son prénom.
« -Kyo-kun ?! »
Yuki eut un sourire crispé. Cela lui faisait mal au cœur.
« -C’est moi, Yuki, Tohru. Je vais chercher Kyo. »
En réalité, Kyo avait veillé Tohru toute la nuit et été parti boire une tasse de thé à la cuisine. Le jeune homme roux avait des cernes mauves sous les yeux. Il était fatigué, il était inquiet.
« -Ba... Kyo ?
-Qu’est-ce que tu veux, sale rat ?
-Tohru est réveillée... Elle te demande... »
Kyo fila sans demander son reste vers la chambre de la jeune fille. Il souffla au passage un petit merci à Yuki, qui en resta sans voix.
Montant l’escalier à toute vitesse, Kyo ne remarque pas Hatori, qui se dirigeait vers le salon. Les deux hommes se heurtèrent.
« -Ca va ? demanda Hatori.
-Oui, je vais voir Tohru... »
Kyo s’apprêtait à repartir quand Hatori l’arrêta.
« -Kyo ?
-Hum ?
-Fais attention à elle, d’accord ? Je te la confie.
-Qu’est-ce qu’elle a ? C’est grave ? »
La voix du garçon aux cheveux roux se brisa.
« -Juste un peu de surmenage... Mais pas d’inquiétude. Ce qui est plus étrange c’est ce qu’elle disait en dormant...
-Nyo ? Je n’ai rien entendu.
-Tu n’étais pas assez prêt... Mais...
-Quoi ? s’énerva son neveu.
-Rien, soupira Hatori. Va la rejoindre. »
Kyo s’engouffra dans la chambre et Hatori rejoint Shiguré dans le salon.


« -Hoshi ?
-Hum ?
-Tu étais où, cette après-midi ? »
La jeune blonde se tourna vers son frère aîné.
« -Je t’en pose des questions ?
-Oui, mais on s’en fiche. Je voulais juste savoir où tu as disparu pendant trois heures. »
Tanéo regarda Hoshi en fronçant légèrement les sourcils. Sa petite sœur avait l’air... différente.
« -Tu es amoureuse ? »
Hoshi rougit violemment. Oui, elle était amoureuse. Et ça ne concernait pas Tanéo.
« -Ca ne te regarde pas. »
Et elle disparu, sans doute dans sa chambre, avant que son frère ne l’oblige à avouer.
Le frère en question soupira. Hoshi était amoureuse... il en était content pour elle, mais un peu inquiet aussi...
Oh et puis zut, il était bien amoureux, lui aussi. D’accords, Chika était belle et mystérieuse, mais...
Le fil de ses pensées fut interrompu par le téléphone.
« -Allo ?
-Tanéo ? C’est Onwa.
-Que se passe t’il ? Tu as l’air bizarre.
-C’est Chika... Elle...
-Quoi ?! »


Jiro était planté, grave, dans le couloir de l’hôpital.
Il attendait, debout près du bloc opératoire.
Le collégien était presque effrayant, ainsi.
En uniforme noir, avec ses cheveux sombres et ses yeux dorés...
Chaque fois qu’un médecin ou une infirmière passait devant lui en baissant les yeux, il se sentait défaillir.
Onwa avait obligé Tanéo à sortir un peu, à aller boire un café...
Mais Jiro était resté, sans accepter de bouger.
Pas avant de savoir comment allait Chika.
Il n’y croyait pas.
Ils n’étaient ensembles que depuis un mois...
Ils n’avaient pas encore commencé à agir, mais certains manquaient déjà...
Tohru, absente depuis deux jours...
Chika, aux portes de la mort...
Et Kiyoshi qui avait disparu la veille...
Non...
Il ne devait pas se laisser abattre. Il devait être fort.
Fort pour soutenir le regard franc de l’homme qui venait vers lui.
Fort pour entendre ce qu’on allait lui dire.
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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 11 2006, 04:37 PM
Message #3


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Rêves et cauchemars




Partie I : Juste un rêve ? (suite)


Chapitre 11 : Où l’on sourit (mais pas de la même manière)
Hikari se réveilla lentement. Le lit mit à sa disposition par la famille Soma était très confortable...
Comme tout l’appartement, d’ailleurs...
Elle avait bien fait d’aller voir Akito...
Même si elle avait hésité. De toutes façons, si elle en avait l’envie, elle pourrait faire effacer la mémoire de cette encombrante chef de famille d’un claquement de doigts.
Se levant vivement, elle se dirigea nue vers la salle de bain, qu’elle n’avait pas encore vu.
« -Mazette, se moqua la jeune femme. Une salle de bain à l’Européenne, rien de moins ! Cette demoiselle a vraiment peur de perdre ses maudits... »
Se déshabillant, elle entra dans la douche et fit couler de l’eau.
Quel plaisir de sentir sur son corps l’eau froide devenir chaude...
Quand l’envoyée de Kakon sortit de la salle de bain une demi-heure plus tard, elle avait passé différents kimonos de soies rouges et noires et coiffé ses cheveux en un chignon compliqué.
Elle était belle. Elle le savait. Mais surtout, elle était intelligente. Et... pleine de ressources.
Hikari eut un fin sourire.
C’était pour aujourd’hui... n’est-ce pas ? Aujourd’hui, ils se verraient pour la première fois...
Pour la première fois, depuis si longtemps...
Mais... Il ne devait pas se souvenir d’elle...
Cet instant pendant lequel ils s’étaient croisés avait été si fugace...
Elle secoua la tête. Elle le reverrait plusieurs fois, à partir de maintenant.
Et... elle gagnerait.
C’était comme ça.
Elle ne pouvait pas perdre.
Le sourire devint carnassier.


Jiro souriait, lui aussi. Mais pas de la même manière, non...
Pour l’une des seules fois de sa vie, son visage était radieux. Un sentiment de joie intense et pur, presque enfantin, se peignait sur sa figure habituellement si adulte.
Chika était vivante. Vivante ! Elle était vivante !
L’homme qui l’avait opéré avait été encourageant.
« -Cette jeune fille a une capacité de récupération exceptionnelle... Elle ne devrait pas rester longtemps dans le coma... »
Puis le médecin avait sourit et s’en était allé boire un café.
Jiro s’était précipité à la buvette de l’hôpital sur les talons de l’homme.
« -Tanéo ! Onwa ! Chika ! Elle est... »
Il était tellement heureux qu’il avait éclaté en sanglots.
Même si il n’avait pas voulu se l’avouer, il avait eu peur. Vraiment.
Il aimait Chika, comme il aimait Tohru, Onwa, Hoshi, Tanéo et Kiyoshi. Il s’était attaché au groupe.
Il avait des amis, pour la première fois depuis si longtemps.
Enfin...
Onwa avait pris Jiro dans ses bras, pendant que Tanéo s’était précipité au chevet de Chika.
« -Il faut prévenir Hoshi et Tohru, dit brusquement l’adolescent.
-Tu as raison.
-Je me charge de Tohru.
-Tu sais où la trouver ? »
Jiro remonta ses lunettes sur son nez, l’air fier.
« -Bien sûr. Ce ne sera pas dur, il suffit que je jette un coup d’œil sur mon ordinateur et... »
Il s’arrêta, conscient d’avoir été arrogant.
Onwa éclata de rire.
« -Je te fais confiance. »
Les deux amis se relevèrent, puis sortirent de l’hôpital.
Et ils partirent chacun de leur côté.
Mais aucuns des deux n’avait dit ce qu’ils pensaient tout bas : « Il faut trouver Kiyoshi. ».


Le fameux Kiyoshi, quant à lui, était retourné au bord du fleuve...
En passant par l’entrée secrète que son maître et lui avaient utilisée, dix-huit années plus tôt...
Il y avait couru, comme dans un dernier refuge...
C’était paradoxal...
Il s’en voulait... Il avait impuissant, une seconde fois... Il avait laissé quelqu’un qui lui était cher mourir au fond de l’eau, une seconde fois...
Il se trouvait dans le coin le plus obscur et reculé de la résidence Soma. Devant cette maison dans laquelle avait été enfermé le dernier chat du Junishi, avant Kyo...
C’était risqué, certes, mais après tout, personne n’y viendrait avant six bons mois...
Six mois... c’était ce qu’il leur restait pour briser la malédiction...
Juste six mois... après, ce serait trop tard... Kyo serait enfermé...
Kiyoshi s’en moquait un peu, de l’enfermement du chat. Il aurait aimé travailler sur le long terme. Mais Tohru aimait le chat, alors... Il ne voulait pas la faire souffrir.
Puisqu’elle était amoureuse de ce garçon, on se presserait. Mais quand même...
Cela lui faisait un peu mal, il ne savait pas pourquoi...
A cette douleur sourde et diffuse s’en ajoutait une autre, plus aigue...
Comme une sensation d’urgence...
Il se leva. Il fallait qu’il parte, il le sentait dans sa chair.
« -Bonjour, Kiyoshi-chan. »
Trop tard.


Chapitre 12 : Où Yuki est gai
Yuki frappa à la porte, légèrement agacé. Pourquoi était-il convoqué chez le directeur ?
Après tout, il était le président de l’association des élèves... C’était incompréhensible.
Pas de réponse. Le bureau semblait vide.
Le jeune homme aux cheveux argentés finit par s’asseoir sur les chaises à sa disposition dans l’antichambre précédant le bureau du directeur.
Il soupira bruyamment, puis sortit de son sac son téléphone portable.
En vérité, il le faisait seulement pour s’occuper les mains. A qui aurait-il pu envoyé un sms ?
A Kakeru ? Non, il s’empresserait de le répéter à tout le monde...
A Ayamé ? Non, Hatori serait immédiatement prévenu...
« -Soma ? Soma ? »
Yuki ouvrit de grands yeux, puis se rappela où il se trouvait. Devant lui se tenait son proviseur, visiblement gêné.
« -Excusez-moi, monsieur. Pourquoi ai-je été convoqué ?
-Eh bien... »
L’homme fit entrer Yuki dans son bureau, lui désigna une chaise puis s’assit lui-même derrière la table.
Yuki s’assit, puis attendit en prenant un air d’intérêt poli.
Rien ne venait ; l’homme en face de lui se tortillait sur sa chaise, visiblement embarrassé. C’était tellement comique que Yuki faillit perdre son calme et se mettre à rire.
« -Monsieur ? »
Le proviseur fit un sourire contraint.
« -Je me vois dans l’obligation de vous convoquer, car les fan clubs sur un élève sont interdits dans l’établissement, débita t-il à toute vitesse.
Yuki, lui, ne comprit de la phrase de son vis-à-vis qu’un amas de mots informes, quelque chose se traduisant par : « Jmevoidanlobigationd’vouconvoquécarlesfanclubsu’unélèvsoninterdidanlétablissemen
»
Le jeune homme, levant son sourcil gauche, prit l’air surpris de circonstance pour dire :
« -Pardon ? »
« Il se moque de moi ou quoi ? Il me convoque pour me sortir une phrase incompréhensible ! C’est n’importe quoi... »
« -Monsieur Soma... reprit le proviseur, au bord de l’apoplexie. Vous avez un fan-club... désolé de devoir vous le dire comme ça, mais il doit être dissout. »
Yuki ouvrit de grands yeux, sous le choc d’une telle nouvelle. Puis il fit un sourire extrêmement joyeux.
« -C’est vrai ? C’est bien vrai ? »
Le jeune homme était à présent excité comme un enfant.
« -Oui, c’est la pure vérité, Monsieur Soma... Vous avez l’air enthousiaste ?
-Oui ! »
Yuki rougit un peu. Puis il s’inclina.
« -Je vous remercie, monsieur. Au revoir. »
Puis, sortant de la pièce, il laissa l’homme surpris et presque choqué dans le bureau.
« -Ehhhhhhhhh ! Yuuuuuuuun-Yuuuuuuuun ! »
Yuki se retourna brusquement vers Manabé.
« -Manabé-kun ! »
Il lui sauta au cou.
Manabé lui posa une main sur le front.
« -Qu’est-ce qui t’arrive Yuki, tu es malade ?
-Non ! Ils vont dissoudre le fan-club !
-Quoi ?! »


Tanéo était endormi sur le lit vide près de celui de Chika. Il la veillait depuis deux jours. Les infirmières avaient bien essayée de s’y opposer, mais elles n’arrivaient pas à en parler au jeune homme : en effet, quand elles ouvrait la bouche après les soins de Chika pour lu demander de partir, il leur adressait une petite phrase et elle se souvenait qu’elles avaient autre chose à faire immédiatement...
Tanéo se réveilla brusquement. Il se rétablit en s’asseyant sur son lit. Il regardait Chika rêver. Car il le savait : elle rêvait. Et quand elle se réveillerait, elle aurait bien des choses à leur apprendre... que se soit sur les Sôma, Kiyoshi, ou... elle-même ?
Il se pencha vers elle. Il mourrait d’envie de l’embrasser.
C’était idiot, mais il avait l’impression que, si il le faisait, elle se réveillerait...
Oh et puis tant pis, l’envie était forte...
Il pencha un peu plus la tête et ses lèvres rencontrèrent celles de Chika.
Il l’embrassa.
Il ne se passa rien. Chika respirait toujours paisiblement, dans son coma si semblable au sommeil.
Elle battit un instant des paupières, comme si elle se préparait à les ouvrir, mais non...
Tanéo eut alors un sourire très doux, très triste.
« Tu te réveilleras quand tu auras trouvé, n’est-ce pas ? Pas avant... Je compte sur toi... Que mon attente serve à quelque chose... »
Il prit la main inerte de la jeune fille dans les siennes.
« Je t’aime, Chika, je t’aime. Rien que pour ça, tu ne dois pas mourir. Je n’en veux même pas à Kiyoshi...
Je t’aime ! Et quand tout cela sera finit... quand la malédiction des Soma sera brisée, je pourrais te le dire... »
Les larmes courraient sur les joues du jeune homme blond.
« Pourquoi est-ce que cette histoire m’affecte si profondément ? Je ne suis pas lié aux Soma... Je n’ai pas de raison particulière de les aider... Kiyoshi ne nous a rien expliqué... Tohru est très discrète, on ne sait pas grand-chose, sinon qu’elle est amoureuse du chat... Ce garçon roux qui est dans notre classe à Hoshi et moi...
Je ne sais toujours pas comment je vais faire pour attendre. Je ne sais pas pourquoi je veux attendre.
Mais c’est dans ma chair. Je veux les aider. Mon pouvoir... est-ce que je ne l’ai pas eu pour ça, depuis toujours ? Avec ce but ? »
Il ne pleurait plus.
Plongé dans ses réflexions, il se rendit alors compte qu’il ne savait presque rien du Junishi actuel. Il fallait qu’il se renseigne.
Il lâcha la main de Chika.
Puis il sortit de l’hôpital, et se dirigea vers la bibliothèque centrale.
C’était la première étape. La seconde consistait à trouver des informations filtrées : c'est-à-dire à aller voir sur le terrain.
Kiyoshi ne se décidait pas à lancer l’offensive ? Très bien, il prendrait seul l’initiative.
Et au moins, il ne mettait que sa vie en jeu.


Shiguré buvait tranquillement son thé dans son salon. Il était trois heures du matin, Hatori était en haut en train de soigner Tohru, Kyo dans la cuisine et Yuki près de la chambre de Tohru.
« Je me demande ce qu’elle a... »
Il entendit Yuki descendre, puis entrer dans la cuisine.
Des paroles furent échangées, Kyo sortit de la pièce et se précipita dans l’escalier.
Un bruit.
Shiguré tendit l’oreille.
C’était cet abruti de Kyo qui était rentré dans Hatori.
Il parlèrent quelques secondes puis Kyo reprit son chemin.
Une porte qui s’ouvre et puis se ferme.
Puis le silence.
Et enfin des pas dans l’escalier, puis le sifflement de l’eau qui bout.
Yuki entra dans le salon. Il posa la théière sur la table au moment où Hatori arrivait.
Le jeune homme fit un sourire fatigué aux autres, se servit une tasse et monta dans sa chambre.
Hatori sortit deux cigarettes de sa poche, puis un briquet.
Allumant le petit cylindre de poudre et de papier, il en tira une bouffée. Puis il tendit la seconde à son ami.
Les deux hommes ne se regardaient pas. Ils ne se parlaient pas.
Pour diverses raisons.
Celles d’Hatori étaient les suivantes : il ne voulait pas répéter à Shiguré ce que Tohru avait dit dans son sommeil. De plus... après ce qu’il avait entendu dans la bouche de la jeune fille, il espérait bêtement.
Bêtement, oui, mais... qui sait ?
Shiguré, quant à lui, attendait simplement que son cousin prenne la parole.
Mais aucun des deux ne brisa le silence.
C’était une belle absence de mots, après tout.
C’était doux, c’était reposant.
Un silence plein de questions.
Mais Shiguré prit la parole.
Et la bulle vola en éclat.
« -Hatori, que se passe t’il ?
-C’est la question que je pourrais te poser.
-N’esquive pas.
-Et toi ? Qu’est-ce que tu fais depuis vingt-neuf ans ? »
Shiguré eut un petit sourire de fausse contrition.
« -Aïe ! Touché ! »
Puis il reprit, tentant tant bien que mal de cacher son intérêt :
« -Qu’est-ce qu’a dit Tohru dans son sommeil ? »
Hatori plongea ses yeux bleu nuit dans ceux, noirs et brillants, de son cousin.
« -Je ne te dirais rien. Et si il le faut, je t’effacerai cette nuit de la mémoire. »
Shiguré s’esclaffa.
« -C’est si grave que ça ? Mais est-ce que tu crois vraiment, que, dans ce cas-là, je ne vais pas essayer de ma renseigner autrement ? Ou... de faire pression sur toi ? »
Un silence. Plein de tension, cette fois-ci.
« -Comment pourrais-tu faire ça ? Je n’ai pas d’attache. »
Shiguré prit l’air faussement embêté.
« -Vraiment ? Mais... je peux lui redonner la mémoire, sais-tu ? »
Hatori se leva vivement.
« -Avec qui t’es-tu encore fourré, Shiguré ? Pourquoi ces menaces ? On est ami, non ? »
Hatori avait perdu son calme. Ce calme, cette froideur de façade...
La glace fondait, chauffée à blanc par la colère et l’espoir mêlé.
« -Tu dis cela, mais tu aimerais qu’elle se souvienne, n’est-ce pas ? »
L’homme aux yeux bleus recula d’un pas.
« -Non. Je n’aime plus Kana.
-Alors pourquoi as-tu peur ? »
Hatori fit de nouveau peser son regard sur son cousin.
«-Je te l’ai dit, Tori-san... Je suis le pire des hommes.
-Tu ne me laisses pas le choix, Guré-san »
Hatori se pencha par dessus la table, puis effleura le front de Shiguré.
« -Inutile, Hatori. La malédiction se brise lentement mais sûrement... Et... ton pouvoir s’est en allé. Tu le regrettes ? »
Soupir de la défaite. L’interpellé s’assit de nouveau.
« -Qu’est-ce que tu veux savoir ? »
C’est à ce moment-là que la sonnette retentit.


Chapitre 13 : Où l’on doute
« -Bonjour, Kiyoshi-chan. »
Kiyoshi se retourna en direction de la voix. Sa propriétaire sourit, sûre de sa beauté, sûre de son intelligence. Déjà sûre de gagner.
Le jeune homme serra les poings.
Elle était là, devant lui. Son « autre ».
Celle qu’il allait devoir combattre. Si démoniaque... et si humaine...
Alors il sourit. Il n’a rien à perdre, n’est-ce pas ?
Un éclair dans l’esprit de Kiyoshi. Tohru qui sourit. Si... il avait quelque chose... quelqu’un à perdre.
Hikari s’approcha du Souffleur de rêves.
« -Tu ne te souviens pas, n’est-ce pas ? lui souffla elle doucement, tout près.
-Je devrais me souvenir de toi ? De plus, tu ne t’es pas présentée. »
Hikari rejeta la tête en arrière, éclatant de rire.
Ses joues si blanches se colorèrent un peu, la rendant plus belle. Plus désirable. Elle le savait pertinemment, elle en jouait...
Elle tentait Kiyoshi, elle le narguait. Elle savait bien qu’il n’agirait pas dans son sens ; mais cela l’amusait. Voir ce bel éphèbe répugné rien qu’en la regardant.
Le jeune homme reprit son air impénétrable, tentant tant bien que mal de garder ses sentiments à l’intérieur.
« -Oh, je sais qui tu es... Mais... » Il pencha la tête vers elle, s’approchant encore un peu plus.
« -Mais, reprend t-il, c’est inutile de jouer ce jeu-là avec moi... Je ne suis pas de ce bord-là.
-Vraiment ? Tu es homosexuel ? »
Hikari le regardait, railleuse.
« -Non. Je voulais tout simplement te dire que je ne suis pas du genre à sauter sur une femme pour peu qu’elle me fasse des appels de phares.
-Tu n’es pas du genre à sauter sur une femme tout court. Tu ne ressens aucun sentiment. »
Cette fois, c’est lui qui ri.
« -Et c’est toi qui dis ça ? »
Elle s’éloigna un peu, piquant une fleur dans ses cheveux.
Puis elle s’assit sur un banc de pierre, faisant signe à Kiyoshi de la rejoindre.
Il marcha jusqu’au banc mais ne s’y assit pas.
«-Oui, c’est moi qui dis ça... Mais je n’ai moi non plus aucun sentiment, si on va par là...
La vérité, mon cher, c’est que nous sommes pareils. »
Il recula, comme frappé.
« -Tu te trompes. »
Le regard moqueur d’Hikari devint tranchant.
« -Nous n’avons aucun scrupules. Tu as déjà tué pour devenir le Souffleur de rêves, tu recommenceras pour briser la malédiction des Soma. Tu as tué en te disant que c’était utile, qu’il le fallait. »
Kiyoshi, pétrifié, fut incapable de dire quoi que se soit.
« Comment sait-elle tout ça ? Je ne suis pas un assassin, je n’ai tué personne ! Non ! »
Il paniquait totalement, ne pouvant que prononcer ces mots ridicules de naïveté :
« -Je... je... n’ai tué... personne ! »
Elle se tue, ironique, cruelle.
Il tente tant bien que mal de se reprendre, de chasser les images d’un corps inanimé dans la neige, d’un autre dans une chambre, et l’image si récente de Chika inerte dans ses bras.
« -Oui, reprit elle. Nous sommes pareils, toi et moi. Tu as tué pour le bien publique, soit disant. J’ai tué pour mon bien à moi ; au moins je suis franche avec moi-même. J’assume.
Mais toi, tu en es incapable. »
Kiyoshi tomba par terre, les larmes coulaient sur ses joues .Il voulait les retenir, il ne put pas.
Hikari se releva, sourire aux lèvres. Victoire par K.O.
Elle passa à côté de lui, son kimono de soie rouge traînant dans la poussière.
« -Tu es pitoyable, souffla t-elle. Tu vois bien que tu ne fais pas le poids. »
Elle s’en fut, laissant sur le sol un jeune homme aux yeux bleu nuit et aux cheveux noirs et courts qui pleurait toutes les larmes de son corps, l’esprit hanté par des souvenirs enfouis.
Car c’était là l’un des pouvoirs d’Hikari Hinikou. Fouiller dans la mémoire des gens pour leur rappeler les souvenirs enfouis.


Kyo entra dans la chambre de Tohru. Il s’appuya un instant sur le chambranle.
« De quoi Hatori parlait-il ? Oh et puis zut, peu importe. »
« -Tohru ?
-Kyo-kun ? dit la jeune fille d’une voix faible. »
Il s’approcha d’elle.
« -Tohru, est-ce que ça va ? »
Elle lui sourit de son sourire si doux, si beau.
« -Je vais bien... Mais tu as l’air très fatigué, Kyo-kun ! »
Il lui sourit en retour.
« -Ne t’inquiète pas, va. Le manque de sommeil n’est bon pour personne.
-Il faut que tu dormes, Kyo-kun ! Pourquoi tu ne l’as pas fait ? »
Il rit. Puis il afficha un sourire éclatant.
« -J’étais inquiet.»
Tohru rougit un peu.
« -S’il te plait... vas dormir. »
Le jeune homme détourna la tête, les joues en feu.
« -Je préfère dormir ici. Au cas où tu as un problème. »
Il la regarda du coin de l’œil. Tohru avait le visage couleur pivoine.
« -Tu veux bien ? »
Elle acquiesça, le regard tourné vers le mur.
« -Je vais prendre un futon. »
Il quitta la chambre avec sa grâce si féline.
Dans son lit, Tohru était pétrifiée.
Comment allait-elle faire ?
Oh non, ça devenait tellement compliqué...


Jiro se dirigea vers chez lui, pressé.
Il alluma l’ordinateur, lança la recherche par quelques mots puis attendit.
Dix minutes plus tard, il avait devant lui l’adresse de Tohru Honda.
Il prit le papier en main, le mit dans sa poche avec soin, dit au revoir à son ordinateur puis repartit.
Il marchait vers le quartier de Tohru, celui de l’« European Coffee ». Passant devant Kaïbara, il eut un petit sourire.
Voyons voir... il était six heures et demi du matin. Il n’était sorti de l’hôpital pour Chika une heure plus tôt.
Pouvait-il décemment entrer chez les gens à cette heure-ci ?
Non, bien sûr que non.
Il rebroussa chemin et atterrit une fois de plus à l’«European Coffee » qui venait d’ouvrir ces portes.
« Ouvert de six heures du matin à six heures du soir » proclamait la pancarte. Et c’était vrai.
Jiro entra, saluant le patron.
Puis il s’assit à la table habituelle.
Cela lui faisait bizarre d’être seul dans cet endroit, alors qu’avant il l’était toujours.
Il était tellement plongé dans ses pensées qu’il ne s’aperçut pas qu’on l’observait.


Kisa se réveilla lentement.
Il était encore tôt...
Elle se leva pour fermer ses rideaux et dormir encore un peu, mais une fois les rideaux fermés, elle s’aperçut qu’elle ne pouvait plus trouver le sommeil.
Pestant dans son inexistante barbe, la jeune adolescente attrapa des vêtements dans l’armoire puis se dirigea vers la salle de bain.
Elle se lava puis s’habilla, et regagna sa chambre vêtue d’un jupon de coton blanc et d’un bustier aux manches longues de couleur bleue.
Elle rouvrit les rideaux, décidemment bien malmenés en ce jour, puis s’assit sur son lit après avoir attrapé un livre.
Elle n’arrivait pas à fixer son attention. Quelque chose la gênait.
Pourquoi ?...
« Je vais voir grande sœur aujourd’hui, décida t’elle. Je vais téléphoner à Hiro pour savoir si il veut venir. »
Elle sourit d’un air absent puis se pelotonna sur son lit et se rendormit.


Chapitre 14 : Dans lequel un garçon peu discret arrive
Jiro but tranquillement son chocolat viennois. C’était fou ce qu’il avait changé, et il s’en rendait compte : autrefois, consommer cette boisson à l’ « European Coffee » lui faisait invariablement monter les larmes aux yeux...
Le jeune homme finit sa boisson sans se presser, l’air un peu blasé, puis s’essuya soigneusement les commissures des lèvres, enlevant toute la mousse malchanceuse qui s’y était logée.
Il eut un petit sourire de bien-être.
Sept heures un quart... Hum... Il était peut-être temps d’y aller.
Il se leva et se dirigea vers le bar.
Jiro leva la tête vers le patron, qui affichait une mine réjouie.
« -Bonjour monsieur, dit-il. L’addition, s’il vous plaît. »
L’homme lui sourit en retour :
« -Bien sûr, M. Dosan. Vos amis ne sont pas là, ces derniers temps... Si ce n’est pas trop indiscret, il se passe quelque chose ? »
Jiro fixa un instant le propriétaire du café de ses yeux dorés.
« -Eh bien... » commença t-il, rapidement coupé par un évènement imprévu : un homme d’un vingtaine d’années aux cheveux bleus, sortant des cuisines, vint souffler quelque chose à l’oreille du patron, qui, s’excusant, partit à toute vitesse vers l’arrière boutique.
« -Vous voulez l’addition, c’est cela ? dit le jeune serveur.
-Oui, répondit Jiro. »
Il n’aimait pas, mais alors pas du tout la manière dont le garçon aux cheveux bleus le regardait.
Alors il régla et sortit.
Mais bien vite, Jiro s’aperçut qu’il était suivi.


Quand Kyo revint, un futon sous le bras, Tohru était recroquevillée au fond de son lit.
Elle hésitait entre être sincère avec elle-même et avec Kyo et l’assurance de Kiyoshi qui prétendait que tout raterait, dans ce cas-là.
« -Tohru ?
-Kyo-kun ? »
Le ton du jeune homme était un peu hésitant, celui de Tohru plein d’un espoir contenu.
Leurs regards se croisèrent.
Ils rougirent tous les deux subitement.
« -Tohru, je... je voudrais te dire quelque chose...
-Oui ?
-Non, rien, tu es fatiguée, il faut que tu dormes, on verra ça plus tard. »
Tohru, l’air déçu, approuva Kyo.
« -Bonne nuit Kyo-kun.
-Bonne nuit. »
Bonne nuit, bonne nuit ; il était déjà quatre heures, et ils ne dormiraient pas très longtemps...
En effet, moins de trois heures plus tard, un coup de sonnette les réveilla.


Jiro se retourna brusquement.
Pour se retrouver nez à nez avec le garçon aux cheveux bleus.
« -Je peux savoir pourquoi vous me suivez ? » demanda très poliment Jiro, ses pupilles dorées dilatées par la colère.
Le jeune homme fit une petite courbette, mi-polie, mi-ironique.
« -Mon nom est Tabe. Mais vous pouvez m’appeler Shinjoo.
-Cela ne m’explique pas pourquoi vous êtes là, derrière moi, à me suivre depuis dix minutes. »
Shinjoo sourit. Rejetant ses longs cheveux bleus en arrière, il prit la pose pour déclamer avec emphase :
« -Il y a environ cinq semaines, j’ai reçu l’appel étrange d’un chauve assit en tailleur. Cet homme me raconta une légende abracadabrante pour ensuite m’annoncer que je devais briser de leurs chaînes une famille maudite. Bien évidemment, je crus à un songe, jusqu’au jour où...
-Abrégez, le coupa Jiro.
-Très bien, très bien, marmonna Shinjoo. Après avoir appris qu’un groupe étrange se réunissait à l’ « European Coffee », j’entrepris une enquête pour enfin découvrir... »
Ici, l’orateur ménagea une pause pleine de suspense devant un Jiro déjà fatigué.
« -Pour enfin découvrir... Pour enfin découvrir... Pour enfin découvrir... »
Shinjoo posa ses mains sur les hanches.
« -Décidemment, le public n’est pas réceptif, aujourd’hui ! »
Jiro soupira.
« -Pour découvrir ? demanda t-il, l’air accablé.
-Pour découvrir que je n’étais pas la seule personne à avoir un pouvoir, dit alors le jeune homme, plus sérieux tout d’un coup. Et pour m’apercevoir que, enfin, ce fameux pouvoir servirait à quelque chose. »
Deux regards s’affrontèrent. Le premier, doré, et le second, turquoise, plongèrent l’un dans l’autre un instant.
« -Très bien, capitula Jiro. Quel est votre pouvoir ? »


« -Hoshi ! Hoshi ! Réveilles-toi ! Chika est hors de danger !
-Hein ? Pourquoi, elle avait quelque chose ? »
Cette scène très pertinente fut suivit de quelques explications tout aussi pertinentes qui permirent à Hoshi de comprendre de quoi sa sœur parlait.
« -Très bien. Si je ne me suis pas trop emmêlée, Hoshi a frôlée la mort, elle est à présent dans le coma pour un temps indéterminé, Kiyoshi a disparu de la circulation car il pense avoir tué Chika, Tohru ne donne plus signe de vie, Jiro est à la recherche de Tohru, Tanéo squatte l’hôpital et nous on ne fait rien ?
-Tu as tout compris. » déclara fièrement Onwa, avant de hurler de douleur.
La jeune blonde sautait à présent sur un pied, en se tenant le tibia de manière très significative.
« -Je peux savoir pourquoi tu m’as frappé ?
-Idiote ! Pourquoi sommes-nous les seules à ne rien faire ?
-Parce que je devais te prévenir, puisque tu dormais dans ton petit lit pendant tout ce temps ? »
Nouveau cri de douleur.
« -Ne me fais pas porter le chapeau. Il faut qu’on retrouve Kiyoshi.
-Non, dit Onwa. Kiyoshi est assez grand pour se débrouiller tout seul. Nous, on va se documenter. »


Chapitre 15 : Dans lequel il se passe des tas de choses
« -Très bien, dit Jiro. Quel est votre pouvoir ?
-Eh bien... c’est dur à expliquer. »
Shinjoo passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant encore davantage.
Jiro soupira. Il avait eu une longue, longue nuit et il allait sans doute avoir une longue, longue journée. Il n’avait que douze ans après tout.
« -Explique. » le ton du jeune garçon avait changé. Il était froid et tranchant. La fatigue faisait toujours cet effet-là à Jiro. Du moins depuis un mois et demi. Avant, il était toujours comme ça. Sauf avec son ordinateur.
Shinjoo, légèrement surpris par le changement de voix de son vis-à-vis, tenta tant bien que mal d’expliquer à quoi servait son pouvoir.
« -Voilà, je peux me connecter à l’énergie spirituelle et vitale des gens pour les localiser, par exemple. Ou... »
Il n’acheva pas sa phrase. Mais tout les deux savaient ce que ces points de suspension signifiaient.
La destruction.
La mort.
Jiro détourna la tête. Trop de choses s’y bousculaient.
Un QI de 180 n’est pas forcément utile pour faire la part des choses.
« -Ok... souffla t-il. Est-ce que tu veux bien nous aider dès maintenant ? »
Il avait l’air si jeune, si vulnérable comme ça que Shinjoo, qui pourtant n’était pas extrêmement sensible pour ce qui ne le concernait pas, fondit complètement.
« -Evidemment. Je suis venu pour ça. Alors, que dois-je faire ?
-Retrouve le Souffleur de rêves. »


Après ce début de conversation, qui avait duré tout de même trois heures, Shiguré et Hatori parlèrent beaucoup.
De choses très intéressantes et instructives.
Des choses que ni l’un ni l’autre ne garderaient très longtemps en mémoire...
Il était huit heures du matin quand Shiguré se leva pour refaire du thé.
Hatori, prostré, était assis près du kotatsu, la tête dans les mains.
Il s’en voulait.
Il s’en voulait atrocement.
Comment avait-il pu tout dire à Shiguré ?
Tout dire...
Le fait que Tohru soit en train de briser lentement la malédiction.
Le fait qu’elle soit amoureuse de Kyo.
Et surtout... le fait que le Souffleur de rêves était arrivé.
Non... pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi n’avait-il pas été capable de tenir sa langue ?
« Kana... Kana... »
Oui, il avait une raison. Mais elle était lâche.
« Il faut que je parle à quelqu’un... Si Shiguré faisait une bêtise, je... »
Il cherchait vainement quelqu’un de confiance.
Pas Aya. Pas Yuki, non, il ne pouvait pas lui faire porter ce poids-là... Pas Kyo. Ni Tohru. Jamais il ne pourrait affronter ces deux-là après ce qu’il venait de faire...
Le jour se fit soudain dans son esprit, au moment où Shiguré revenait.
« Mayuko... »


Shinjoo approuva d’un signe de tête.
Il allait partir mais se retourna.
« -Excuse-moi ! Mais tu ne t’es point présenté, petit ! »
Jiro ne releva pas.
« - Dosan Jiro desu. Rendez-vous à... »
Le garçon hésita un instant.
Puis il se décida.
Tirant un ticket de caisse de sa poche, il y inscrivit ses coordonnées.
« -Voilà, dit-il en tendant le papier. Tu vas là-bas une fois que tu as retrouvé Kiyoshi. Si les domestiques ne veulent pas te laisser entrer, montre-leur ceci. »
Puis il parti sans se retourner vers chez Tohru.
Avec tout cela, il avait perdu une demi-heure. Mais l’avait-il vraiment perdu ?
Il arriva rapidement devant la maison de Shiguré Soma.
Montant les quelques marches, il sonna vigoureusement.


Kyo se réveilla en sursaut.
Quelqu’un venait de sonner très fort, en bas. Il quitta son futon, pour se diriger vers la porte.
Entendit un petit soupir venant du lit de Tohru, il ne put s’empêcher de la regarder dormir quelques instants.
Qu’elle était jolie... et cet air de douceur, qu’elle portait constamment sur son visage, n’était-il pas encore plus pur pendant son sommeil ?
Le jeune homme s’approcha.
Il pencha la tête vers Tohru...
La sonnette retentit une seconde fois, Kyo sursauta, Tohru se réveilla.
Le chat ayant fait un bond de cinquante centimètres, Tohru ne s’aperçut pas qu’il s’apprêtait à l’embrasser.
Elle lui sourit.
« -Bonjour, Kyo-kun ? Qu’est-ce que c’est ?
-Quelqu’un qui sonna à la porte, je suppose. Je vais voir, d’accord ? Ne bouge pas. »
La nigiri sourit de nouveau à l’homme qu’elle aimait, toute rouge.
Passer la nuit auprès de lui avait fait naître en Tohru des pensées dont elle avait honte...
Elle l’aimait... elle l’aimait...
Et à présent... elle le désirait.
Kyo sortit de la chambre.
Tohru retint ses larmes.


Jiro attendit une minute sur le porche.
Pas de réponse.
Alors il sonna une seconde fois, un coup bref mais intense.
Là, il y eu du mouvement.
Des cris.
Un homme hurlait sur des gens, derrière la cloison.
Puis la porte s’ouvrit sur un rouquin peu amène, que Jiro identifia comme le petit ami potentiel de Tohru.
« Alors c’est lui le chat ? »
« -Kyo Soma, c’est bien cela ? » dit le jeune garçon en tendant la main à Kyo.
Qui ne la serra pas et regarda Jiro droit dans les yeux de ses prunelles rubis.
« -Et tu es qui, toi ?
-Voyons, Kyo, ce n’est pas une manière d’accueillir un invité !
-Shiguré, va te faire...
-Tututu... Tu n’as pas honte ? »
L’homme qui parlait ainsi, un brun d’une trentaine d’années, fit entrer Jiro avec beaucoup de civilité.
Il le fit asseoir, près d’un homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus en blouse blanche, qui semblait plongé dans un profond mutisme.
Celui qui se présentait comme Shiguré Soma servit un verre de thé à Jiro tout en embêtant Kyo.
« -Alors, Dosan-san, qu’est-ce qui vous amène dans mon humble demeure ?
-Je suis un ami de Tohru. »
Kyo soupira bruyamment.
« -N’importe quoi... Qu’est-ce qu’elle irait faire avec un gamin comme toi ? »
Jiro ne prit pas la peine de répondre.
« -Je n’ai pas vu Tohru depuis trois jours et je m’inquiétais pour elle... Comment va-t-elle ?
-Bien, à présent, dit l’homme aux yeux bleus. Shiguré, je vais y aller, ajouta t-il. »
Hatori salua Kyo et Jiro puis sortit, le cœur tourmenté autant que l’esprit.


Shinjoo alla se planquer dans une petite ruelle.
Il ne fallait pas qu’on le voie opérer.
Le jeune homme posa deux doigts sur chacune de ses tempes.
Puis il se connecta au Souffleur de rêves.
La force spirituelle était là, mais la force vitale presque évanouie...
Shinjoo se mit à courir.
Il fallait qu’il y arrive.
Il couru jusqu’au moment où il ne put plus avancer.
Il se trouvait devant un mur.
Kiyoshi était derrière ce mur, Shinjoo le sentait.
Mais comment allait-il rentrer ?
Prenant son courage à deux mains, le jeune homme sauta.
Son mètre quatre-vingt-quinze l’aida bien dans son escalade.
Il se précipita vers l’endroit d’où venait le signal.
Pour se retrouver dans une sorte de clairière, devant un banc de pierre.
Par terre, il y avait un homme.
Shinjoo se mit à genoux à ses côtés.
Kiyoshi avait l’air bien mal en point. Plus aucune volonté de vivre.
Shinjoo soupira. Il allait encore devoir faire ce qu’il détestait le plus au monde...
Cela le vidait complètement à chaque fois.
Posant sa main sur le front du jeune homme, il lui passa un peu de sa force vitale.
« -Aller, dit-il en donnant une bourrade à Kiyoshi. Lève-toi et marche. »


Chapitre 16 : Dans lequel la mère de Mayuko espère (trouver un gendre)
Hatori se dirigea vers sa voiture à toute vitesse, dans un état légèrement second.
Mayuko. Il fallait qu’il prévienne Mayuko.
C’était la seule en qui il pouvait avoir confiance.
Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais...
Il le sentait.
D’accord, il allait devoir tout lui dire. Mais il le fallait.
Si il ne le disait pas à quelqu’un qui pourrait prévenir Tohru... Eh bien, si jamais la personne qui poussait Shiguré à faire tout cela agissait...
Il faudrait que quelqu’un d’extérieur à la famille Soma, quelqu’un qui ne soit pas soumit à d’antiques règles et à Akito puisse faire quelque chose.
Et ce quelqu’un, c’était Mayuko.
Elle seule pourrait aider le Souffleur de rêves, ainsi que Tohru et leurs compagnons.
Le trentenaire ouvrit la porte de sa voiture, puis roula vers la librairie des parents de son amie.
Il n’avait pas l’adresse de Mayuko... il allait donc devoir la demander.


Kiyoshi tourna lentement la tête.
Quelques minutes plus tôt, il glissait dans un profond sommeil... un sommeil froid, glacial... mais un sommeil si simple... mais... il avait promit. Il avait promit !
Le Souffleur de rêves ouvrit brusquement les yeux.
Il avait chaud.
Une chaleur douce et bienfaisante se déversait dans son corps.
Devant lui, un jeune homme aux cheveux bleus était accroupit.
Puis le jeune homme le frappa doucement.
« -Aller. Lève-toi et marche. »
Kiyoshi le regarda fixement, comme un enfant qui sort d’un mauvais rêve.
Puis il se rendit compte que quelque chose clochait.
« Que s’est-il passé ? L’envoyée de Kakon... et puis, je... je me suis souvenu de senseï... et là... Je me suis évanoui... Alors... Cet homme m’a sauvé la vie ! Il m’a... »
« -Donné de sa force vitale ?!
-C’est tout à fait cela, mon cher. Content de voir que tu vas mieux. Je me présente. Tabe Shinjoo desu. Tu peux m’appeler Shinjoo, ou « Mon Sauveur », au choix. »


Hatori descendit de son véhicule.
Il s’engouffra dans la librairie. Une femme d’une cinquantaine d’année se précipita vers lui.
« -Bonjour, cher monsieur ! Que puis-je faire pour vous ? »
Il la regarda, cherchant chez cette petite femme rondelette une quelconque ressemblance avec Mayuko.
« -Hatori Soma desu. Je suis un ami de Mayuko... Pourriez-vous me donner ses coordonnées ? »
La libraire le regarda, surprise. Puis elle se souvint de l’avoir croisé...
«C’est peut-être son fiancé ? Il est beau ! Mais si c’était son fiancé, il aurait son adresse ! Et puis... »
« -Madame ? »
La mère de Mayuko releva la tête, surprise.
« -Ah ! Pardon ! Oui, je vous donne ça tout de suite, Soma-san ! »
Elle griffonna le numéro de téléphone de sa fille sur un marque-page.
« -Tenez. »
Hatori eut un beau sourire, le premier de la journée.
« -Je vous remercie. Passez une bonne journée ! »
Puis il sortit, et, s’adossant à sa voiture, il composa le numéro de Mayuko.


Kiyoshi se redressa sur son séant.
« -Très bien, dit-il calmement sans relever les inepties de Shinjoo. Tu es l’un de ceux qui ne m’ont pas encore rejoint, c’est cela ?
-Exactement. Le petit, là... Jiro. Il m’a dit de venir te sauver. Il m’a dit aussi qu’une fois cela fait, je devais aller à cette adresse. »
Ici, le jeune homme aux cheveux bleus fouilla ses poches, vidant par terre, dans l’ordre : un paquet de cigarettes, une craie verte, un ruban de satin, cinquante yens en petite monnaie, sa carte d’identité, un vieux bâton de réglisse, un trousseau de clés, un livre de poche et une paire de boucles d’oreilles.
« -Flûte, où je l’ai mit ? » s’exclama t-il avant de s’apercevoir que le papier en question était dans le livre de poche - un exemplaire de « Roméo et Juliette » en Japonais -.
« -Je l’ai ! »
Kiyoshi mit à profit le temps que dura le déballage pour observer celui qui venait de le sauver.
Il était très grand, visiblement ; quoique que comme il était assis, ce ne fût pas sûr. De plus, il était assez musclé.
« Il doit pratiquer un sport de combat. » pensa le Souffleur de rêves.
Ses cheveux étaient d’un beau bleu turquoise. Ils étaient assez longs, en bataille, et maintenus avec force quantité de gel.
Quand aux yeux de son vis-à-vis, leur couleur était encore plus flashy. Bleu piscine.
« -J’ai un bouton ?
-Quoi ? s’étonna Kiyoshi.
-Tu me fixes bizarrement, dit Shinjoo, l’air amusé. Tu aimes les garçons ?
-Hein ?! » Kiyoshi rougit fortement.
Non, il n’aimait pas les garçons. En fait, il ne s’était jamais posé la question.
Mais... depuis quelques temps, il était...
Shinjoo, à moitié mort de rire à cause de la tête de Kiyoshi, lui donna un coup dans l’épaule.
« -Tu as l’air un peu perdu, non ? On ferait mieux de rejoindre le gamin. »


« -Moshi moshi ?
-Mayuko, c’est Hatori. »
Mayuko s’adossa au mur, derrière elle.
« Pourquoi est-ce qu’il m’appelle ? »
« -Je voudrais te voir, Mayuko. C’est urgent.
-Eh bien... Je n’ai pas cours aujourd’hui comme c’est dimanche et...
-Parfait ! On se retrouve où ?
-Je ne sais pas... »
Nous laisserons Mayuko et Hatori finir cette charmante conversation seuls, en ajoutant toute fois que la jeune femme faillit s’évanouir à deux reprises pour deux phrases banales.


Jiro fut introduits dans la chambre de Tohru par un Kyo légèrement ronchon.
« -Tohru-chan ?
-Ji-kun ?!
-Tohru-chan, est-ce que ça va ? »
Jiro était bouleversé. Il s’était tellement inquiété...
Pour Chika, Tohru, Kiyoshi...
Alors il se précipita dans les bras de Tohru et fondit en larmes.
Cela ne lui était pas arrivé depuis plus de cinq ans.
Mais Tohru était quelqu’un sur l’épaule de qui l’on pouvait pleurer.
Et cela, Jiro le savait.
Tohru était Celle qui répand le Bonheur autour d’elle.
Du pas de la porte, Kyo regarda le charmant tableau.
Il était étrange ce petit... mais il n’était pas mal, finalement.


Chapitre 17 : Où les ennuis commencent
Tout doucement, Jiro pleurait. Depuis combien de temps n’avait-il pas pleuré ?
Cinq ans. Depuis son départ de Vienne.
Depuis combien de temps n’avait-il pas pleuré dans les bras de quelqu’un qui l’aimait ?
Facile. Cinq ans. Depuis son départ de Vienne.
Alors Jiro pleurait dans les bras maternels de Tohru. Il évacuait toutes les larmes qu’il aurait pu –qu’il aurait du- verser ces dernières années.
Et Tohru le comprenait.
Il n’avait rien dit, et pourtant elle le comprenait.
Il n’était qu’un garçon de douze, me*de !
Il avait trop de responsabilités.
Trop de souvenirs.
Trop de choses qui s’entassaient dans sa tête.
Il s’en voulait. Il s’en voulait tellement, pour tellement de choses.
Son comportement vis-à-vis de sa mère. Même si ce n’était pas sa faute. La neige sur Vienne. Oda. Etre parti sans lui dire au revoir. Son père. Il ne le croisait même plus. Pourtant, ils s’entendaient bien tous les deux... Avant. Son ordinateur. Il ne l’allumait plus. Son arrogance. Sa carapace si confortable qui se fissurait.
Kyo hésita à bouger, à s’approcher d’eux, attendant que le gamin – comment s’appelait-il déjà ? Jiro- ait fini sa crise de larmes, qu’on puisse enfin parler entre gens civilisés.
Le jeune homme roux eut un beau sourire.
Il se laissa glisser au sol.
Et il les regarda, tous les deux.
Et il se senti bien. Apaisé.


Hoshi sourit à sa sœur.
« -C’est comme ça que je t’aime, déclara t-elle.
-On y va, conclut Onwa.
-Oui !
-On y va dans une minute, répéta Onwa.
-Hein ? Pourquoi ?
-Tu es en pyjama, Hoshi. »
Hoshi baissa la tête vers son haut, une chemise verte de son frère.
« -Effectivement. »
Et elle fila sans demander son reste vers la salle de bains, pendant que Onwa hochait la tête, soucieuse.
Sa sœur n’avait pas tord...
Kiyoshi restait introuvable, Tanéo immobilisé, Chika comateuse et Jiro était sans doute chez Tohru.
Mais bon...
Il faudrait faire avec.
Tout à coup, l’attention de Onwa fut attirée par une sonnerie sonore. La jeune femme décrocha le téléphone.
Hoshi monta les escaliers à toute vitesse, entrant dans sa chambre, attrapant au pif un jean et un pull zippé du même mauve que ses yeux, puis se précipita dans la salle de bains.
En dix minutes, la jeune fille avait passé le pantalon et le haut, et avait fait une natte de ses cheveux blonds.
Elle descendit les escaliers, rejoignant sa grande sœur au salon. Celle-ci semblait plongée dans une profonde réflexion.
« -Hoshi...
-Oui ?
-Tu connais un Soma ? »
Hoshi dégluti. Oups. Les ennuis commençaient.


Hikari sourit, effleurant les lèvres de la jeune femme en face d’elle de son doigt manucuré.
« -Vous vous trompez, chère demoiselle... »
Akito la repoussa violement.
« -Comment oses-tu ? Je suis le chef de la famille Soma ! J’ai toujours raison ! Et je t’interdis formellement de m’appeler « demoiselle » ! »
Le sourire ironique de l’envoyée de Kakon s’élargit. Décidemment, cette fille était bien divertissante...
« -Vous oubliez quelques petites choses, Monsieur Akito, dit-elle d’une voix onctueuse. La première est que je ne fais pas partie de la famille Soma. Je ne suis donc en aucun cas obligée de vous obéir. La seconde est même si vous avez été élevée en parfaite... pardon, parfait... enfant gâté par votre père, je n’en suis pas responsable. Pas plus que de vos déplorables relations avec votre mère, d’ailleurs. Et la troisième, c’est que vous avez besoin de moi. Sans ça, la malédiction se brisera. »
Akito était figée, dans une rage folle.
« -De plus, reprit calmement Hikari, elle se brise déjà... N’est-ce pas ? »
Sur ce, la jeune femme aux longs cheveux noirs se leva.
Et elle sorti.
Elle s’était bien débrouillée, une fois de plus. Maintenant, il fallait qu’elle retourne voir Shiguré.


Où suis-je ? Je n’arrive pas à... bouger... Pourquoi ?... Que s’est-il passé ? Je...
Mes paupières... sont collées...
Je ne me souviens pas bien...
J’étais avec Kiyoshi au bord du fleuve et... j’ai eu un flash...
Ensuite... Plus rien. Le... trou noir.
Je n’arrive plus à me souvenir de ce qu’il s’est passé après...
Mais... ce flash...
Kiyoshi... il a... vu cet homme mourir...
Cet homme...
Il est mort...
A cause de Kiyoshi ?
Non... Non...
C’est cette femme...
Le deuxième homme... le maître de Kiyoshi...
Il a dit son nom...
Comment s’appelle t-elle ? Comment ? Il a dit son nom ! Il faut que je me souvienne ! C’est la clé de tout ! La clé !
Son nom...
C’était...
Ren...


Chapitre 18 : Où rien ne se passe comme Mayuko l’avait prévu
Mayuko laissa tomber son téléphone sur son lit. L’engin émit un petit bip de protestation, mais la jeune femme n’en tint pas compte.
Elle était estomaquée. Il l’avait appelée.
Lui.
Hatori.
Il l’avait appelé, elle.
Hatori avait eu l’air inquiet, au téléphone. Perdu.
Elle avait promit de le rejoindre dans une heure dans un petit parc.
La jeune femme attrapa son sac pour sortir, mais, passant devant sa penderie, elle s’aperçut tout d’un coup qu’elle était affreusement mal habillée.
Se déshabillant avec brusquerie, elle sortit de son armoire un jean noir et une chemise de popeline turquoise.
Enfilant ces vêtements rapidement, elle se scruta un instant.
« Oh et puis zut, ça fera l’affaire. »
Récupérant le sac qu’elle avait laissé choir, elle laça ses baskets et sortit en quatrième vitesse.


Hoshi se gratta la tête, prenant l’air stupide. Mais ses joues qui flambaient la trahissaient autant que si elle avait tout avoué.
« -Mais de quoi tu parles ? »
Onwa la regarda, l’air légèrement menaçant.
« -Ne te moques pas de moi. »
Hoshi décida, que perdu pour perdu, autant gagner du temps.
« -Sérieusement, je ne comprends pas. Comment veux-tu que je connaisse un Soma ? »
Onwa lui adressa un petit sourire ironique.
« -Je ne sais pas... Au lycée ? »
Hoshi grimaça. Aïe, touché. Oh et puis zut.
« -Ok. Oui, je connais un Soma ! Et même, j’en suis amoureuse ! Et même, il est maudit ! Et même, maintenant, il ne l’est plus ! »
Elle avait virée hystérique.
Onwa soupira. Dans ces moments-là, elle regrettait de ne pas avoir le pouvoir de Tanéo.


Hatori, assis sur un banc de bois, attendait Mayuko. Il était dix heures trente. Elle n’allait plus tarder, maintenant.
Il avait mit de l’ordre dans ses pensées.
Il fallait qu’il lui explique tout ça de manière calme et posée.
Sans s’emporter. Il fallait qu’elle le croie, c’était capital. Il ne savait pas pourquoi, mais il le sentait.
Si elle ne le croyait pas... eh bien... les efforts de Tohru auraient été vains.
Sans le savoir, Hatori jouait un rôle actif dans cette histoire.
Ironie du sort, il y avait été poussé par Shiguré.
Et, ironie encore plus grande, dans deux petites heures, aucuns des deux hommes ne se souviendraient de quoi que se soit.
C’est à ce moment que Mayuko arriva.
Hatori se leva, puis se rassit.
Et il se lança dans une longue, longue explication.


« -Très bien, reprit calmement Onwa. Inutile de t’énerver. Ce n’est pas plus mal, si tu veux savoir. »
Hoshi leva ses yeux mauves vers ceux, si bleus, de son aînée.
« -Pardon ?
-Tu m’as très bien entendue. Je ne suis pas d’accord avec Kiyoshi sur ce point. Je ne vois pas comment l’on pourrait libérer les Soma sans s’approcher d’eux. En plus, cela fait du mal à Tohru. Alors si tu aimes ce Momiji... Et si il est libre à présent... C’est peut-être un peu grâce à toi.
-C’est vrai... Mais... à propos de Kiyoshi et de Tohru... »
Hoshi était très calme, tout d’un coup. Elle ne se sentait pas accusée : donc, elle était de nouveau posée.
-« Hum ? dit Onwa de manière très claire.
-Je me demande... Il ne serait pas amoureux d’elle ? »


« -Quoi ?! Mais c’est impossible ! Hatori, tu es sûr que ça va ? »
Hatori soupira. Tentant tant bien que mal d’expliquer à une Mayuko presque hystérique que non, il n’était pas malade, que oui, tout cela était réel, et surtout que oui, il pouvait le prouver.
« -Tu te moques de moi, lui lança la jeune femme. Shiguré, sors de ce buisson ! »
Mais aucun Shiguré ne sortit des buissons, et Mayuko reprit, énervée :
« -Je n’aurais jamais cru ça de toi ! Comment peux-tu me faire une blague pareille ? Je...
-Je ne blague pas, Mayuko. C’est la pure vérité. Tu dois aider Tohru. Si ce que je pense est exact, je ne pourrais pas le faire. »
Mayuko rougit légèrement, troublée par les grands yeux d’Hatori, si près des siens.
« -Mayuko, je t’en prie. Brise ma malédiction. Et empêche Shiguré de faire une bêtise. »
Mais elle ne voulait pas y croire. Elle était beaucoup trop rationnelle pour cela. Les malédictions, c’est comme les fantômes, ça n’existe pas.
N’est-ce pas ?
« -Prouve-le moi.
-Quoi ?
-Prouve moi que tu es maudit. »
Hatori la fixa un instant avec intensité, puis il la serra dans ses bras. Mais avant cela, il l’embrassa.
Mayuko poussa un cri.
Cri de surprise, cri de peur.
Et elle se sauva en courant.


Ren...
C’est elle...
Cette grande femme aux longs cheveux noirs...
Elle est arrivée...
A ce moment-là, Kiyoshi et son maître ont du se cacher en hâte...
Alors...
Elle a demandé à l’homme qui était à l’intérieur qui était venu...
Car... elle avait vu les traces dans la neige...
Et...
Il n’avait pas voulu lui répondre...
Alors...
Elle avait ouvert la porte...
Elle criait beaucoup...
Elle lui avait ordonné de sortir et...
Il n’avait pas voulu...
Mais elle l’avait tiré dehors et...
J’ai vu son visage...


Chapitre 19 : Où Kyo est attendri
Jiro essuya ses larmes, soudain presque gêné. Ses yeux dorés étaient encore voilés, comme embués.
« -Désolé, marmonna t-il.
-C’est rien, répondit Kyo à la grande surprise des deux autres. Jiro-san, reprit le jeune homme, je vous laisse tout les deux, ok ? A tout à l’heure, Tohru. »
Et il sorti de la chambre, plantant là un garçon et une jeune fille en larmes.
Une fois hors de la chambre, le jeune homme aux cheveux roux s’appuya un instant au chambranle, presque fatigué. Presque lassé.
Il ne savait pas d’où Tohru connaissait cet enfant.
Mais à présent, il savait avec qui elle passait ses soirées.
Il sourit.
Même si il n’aimait pas le reconnaître, Yuki avait eu raison.
Sauf sur un point... Tohru n’était pas amoureuse de lui.
Kyo en était certain, à présent.
C’était évident, à ses yeux.
Sinon, elle aurait mit plus de temps à s’endormir, la veille...
N’est-ce pas ?
Le jeune homme sourit, d’un sourire un peu mélancolique et pourtant soulagé.
C’était mieux comme ça.
C’était plus simple pour tout le monde.
Lui aussi, il allait devoir se détacher d’elle, tout doucement, s’il il ne voulait pas trop souffrir, le jour de son enfermement. Ce jour qui se rapprochait un peu plus toutes les heures.


Shinjoo sourit. Puis il attrapa le bras de Kiyoshi et le releva sans ménagement.
« -Tu vas pouvoir sauter le mur dans cet état ?
-Mais qu’est-ce que tu racontes ? Il y a un passage à vingt mètres !
-Ah bon ? » fit Shinjoo, très légèrement déconfit.
Il passa la main dans ses cheveux savamment décoiffés, tentant tant bien que mal de reprendre contenance.
« -Bon, ce n’est pas grave si tu ne peux pas sauter, nous passerons par ce petit passage, comme je l’avais dit, décréta t-il avec une mauvaise foi sans égale. »
Kiyoshi secoua la tête. Shinjoo était sympathique mais incroyablement fatiguant.
« -Allons-y, dit le Souffleur de rêves. »
Les deux jeunes gens se dirigèrent vers la petite portion de mur éboulée, dissimulée aux yeux des autres par un immense saule pleureur.
Ils se faufilèrent derrière l’arbre, puis débouchèrent sur les bords de la Sumida.
« -Très bien... on rejoint le quartier du gamin comment, maintenant ? demanda Shinjoo. Je n’ai pas de tickets de métro ou de bus. En plus, la maison de Jiro est loin, dans un quartier résidentiel. Donc on y va comment ?
-Très simple, dit Kiyoshi. On marche. »


« -Jiro-kun, dit Tohru, que s’est il passé pendant mon absence ? »
Jiro leva la tête vers elle.
« -Beaucoup, beaucoup de choses. »
Devant le regard interrogateur de la jeune fille, il se décida enfin à replonger dans les souvenirs de la nuit qu’il venait de passer.
« -Tohru-chan, je vais tout te dire, d’accord ? Je te demande juste une chose : ne m’interromps pas. »
La nigiri acquiesça.
Jiro commença son histoire.
« -Premièrement : Tanéo-kun et Hoshi-chan sont dans ton lycée, ça y est. Enfin... Hoshi y est, mais Tanéo n’a pas encore eu cours là-bas.
Deuxièmement : hier soir, Chika-chan et Kiyoshi-kun sont allés discuter près du fleuve. On ne sait pas ce qui s’est passé, mais Chika est dans le coma et Kiyoshi a disparu.
Troisièmement : en venant te voir, j’ai rencontré un gars étrange, qui a lui aussi un pouvoir. Il s’appelle Tabe ; je l’ai envoyé chercher Kiyoshi. Si il l’a trouvé, ils doivent nous attendre chez moi. »
Il s’arrêta. C’était allé plus vite que prévu.
Tohru avait les yeux écarquillés.
Jiro reprit :
« -Tohru, tu veux bien qu’on les rejoigne ?
-Oui. Il faut agir, n’est-ce pas ? »


Shinjoo et Kiyoshi marchaient donc vers le quartier résidentiel dans lequel vivait Jiro.
Ils ne marchèrent pas très longtemps ; en vérité.
En effet, Shinjoo s’était trompé de quartier et pensait à un autre.
Arrivés devant la maison dont le numéro correspondait à celui écrit sur le papier, ils s’arrêtèrent.
Est-ce qu’ils oseraient seulement sonner ?
La bâtisse, construite dans un style européen, avait deux étages et un jardin à l’arrière.
« -Attends un instant, dit Shinjoo en retenant Kiyoshi par la manche. Jiro, il a combien de frères et sœurs ?
-Je crois qu’il est fils unique.
-Nan ?! Tu es en train de me dire qu’il vit seul avec sa mère et son père dans cette grande baraque ?!
-Oui. Je dirais même plus : pour ce que j’en sais, il vit seul avec des domestiques dans cette grande baraque. Ses parents sont en voyage, apparemment.
-Punaise !
-On peut le dire.
-Pauvre gamin. »
Ils montèrent les quelques marches du perron et sonnèrent à la porte.
Une vieille femme leur ouvrit, puis les scruta d’un air à la fois blasé et soupçonneux.
« -Nous n’acceptons pas les colporteurs, dit-elle avant de leur fermer la porte au nez. »


J’ai vu son visage...
Il avait l’air vieux, et pourtant, il ne l’était pas...
Il ne devait pas avoir plus de cinquante ans...
C’était la tristesse et le malheur qui avaient creusé ces rides...
Rides aux coins des yeux, rides au coin du cœur...
Cet homme...
Cet homme savait qu’il allait mourir...
Et moi...
En le regardant...
J’ai eu l’impression qu’il me voyait...
Car...
Il m’a sourit...
Mais je sais bien que cet homme si profondément triste ne me souriait pas à moi...
Il souriait à Kiyoshi...
Son sourire était doux et mélancolique...
Comme une excuse...
Comme un adieu...
Car c’était un adieu...


Chapitre 20 : Où Hikari se promène
Hikari savait ce qu’elle devait faire.
La jeune femme marchait en direction de l’appartement mit à sa disposition par les Soma.
Elle savait ce qu’elle allait faire, et elle savait comment ; mais avant, elle devrait se changer.
Elle ricana.
Ca venait de lui venir à l’esprit, mais à présent, elle en était sûre...
Elle allait tous les éliminer, un par un...
Ils ne faisaient pas le poids.
Elle avait trouvé. La façon dont elle pourrait les pousser hors de la scène, sans même les tuer, était si simple...
Comment avait-elle pu ne pas y penser avant ?
Vraiment, elle était bien bête...
Elle se pencha vers un arbuste supportant des camélias d’un rouge profond et cueillit une fleur.
Son « travail » allait commencer avec Shiguré...
C’était le plus facile, et ce serait drôle.
Elle rentra dans l’appartement, posant ses clés sur la table de style chinois qui était dans l’entrée. Se rendant dans la chambre, elle ouvrit la penderie, et, laissant glisser son kimono à terre, revêtit un treillis noir et un haut de soie chinoise noire brodée de rouge.
Tenue de combat ?
Détachant son chignon, elle retint ses cheveux sur la nuque en y piquant le camélia pris dans le jardin.
Puis elle sorti.
Le compte à rebours, enclenché par Kiyoshi six semaines plus tôt, était en train d’imploser.


Tanéo repoussa le livre posé devant lui. Il en avait assez.
Et si il rentrait ? Oui, c’est ce qu’il allait faire, après tout, ses sœurs devaient s’inquiéter, se dit-il pour se donner un prétexte.
Le jeune homme se leva et remit son livre en rayon. Puis, saluant la bibliothécaire, il sorti du bâtiment.
Ses pensées étaient tournées vers toutes les femmes qui avaient, ou avaient eu, une place dans son cœur.
Chika. Evidemment, c’était à elle qu’il pensait en premier. Il l’aimait et elle était encore dans ce fragile couloir, ce passage qui mène de la vie à la mort, sans qu’on sache si elle reviendrait à elle ou pas.
Onwa. C’était sa sœur aînée. Il l’adorait et l’admirait à la fois. Elle s’occupait d’eux comme une mère, alors qu’elle n’était pas encore véritablement majeure. Il en avait fallu, du temps, pour que l’assistante sociale accepte cela, d’ailleurs...
Hoshi. Sa petite sœur. Il l’avait toujours protégée, plus que n’importe qui d’autre. Il était content de savoir qu’elle vivait une véritable adolescence, contrairement à Onwa et lui. Et dire qu’elle était amoureuse...
C’était les trois plus importantes... Il se souvenait mal de sa mère, et sa grand-mère était morte si longtemps auparavant, maintenant...
Mais il y avait aussi... Tohru, n’et-ce pas ?
Ce qu’il ressentait pour elle était quelque chose d’étrange : une forte amitié, et une sensation de « protection ». Il en avait un jour parlé à Kiyoshi, qui lui avait expliqué que c’était normal. Puisque Tohru était « Celle qui répand le bonheur autour d’elle ».
Tanéo rentrait chez lui en sifflotant, sans se douter qu’avec ce simple geste, il faciliterait beaucoup la tache d’Hikari...
Mais comment aurait-il pu le savoir ? Il ne la connaissait même pas...


Hikari se dirigeait, sans trop se presser, vers la maison de Shiguré. Elle allait récupérer le plus d’informations possible puis effacer la mémoire de ce baka de chien...
Pour en peu, elle en aurait ri.
Si il l’aidait, c’était simplement parce qu’il pensait pouvoir la contrôler... il se trompait.
Il se trompait gravement.
Ca y est, elle était arrivée. Montant les marches qui menaient à la porte, elle entra sans même frapper et se dirigea, décidée, vers le salon.
« -Bonjour, Shiguré. »
Elle l’appelait sans suffixe.
« -Hikari-chan ! Quel plaisir de te voir ! J’ai justement plein de choses à t’apprendre ! »
Hikari promena son regard noir comme la laque autour d’elle. Il n’y avait personne. Personne d’autre que Shiguré et elle. Parfait.
Alors elle s’approcha de lui, séductrice.
« -Raconte. »
Et Shiguré raconta. Il raconta tout, sauf une chose. Une chose qu’il voulait garder pour lui, dans sa manche.
Et cette qu’il garda pour lui, cette chose qu’il ne dit pas, changea les évènements.
Peut-être que, si Shiguré l’avait dite à Hikari, il ne se serait rien passé de plus. Mais peut-être qu’il y aurait eu plus de morts.
Qui sait ?
Pas la jeune femme en tout cas, qui se pencha vers Shiguré, un petit sourire aux lèvres.
« -Merci, Guré-kun, roucoula t-elle. »
Et, tendant la main vers le front du trentenaire, elle effaça en lui le souvenir de la conversation avec Hatori, et le souvenir de cette conversation.
Maintenant, elle allait trouver Hatori.


Oui...
Il souriait à Kiyoshi, comme pour se faire pardonner...
Il savait... il savait que le souvenir de cet scène hanterait Kiyoshi, pour toujours...
C’était normal...
Un si petit enfant...
Et Kiyoshi...
Kiyoshi, ce petit garçon qui était encore un bébé...
Kiyoshi a ouvert de grands yeux, des yeux immenses...
C’est bizarre...
J’ai toujours trouvé les yeux de Kiyoshi magnifiques, bleus foncés avec des paillettes d’argent...
Mais...
Le Kiyoshi de ce souvenir...
Il a les yeux bleu nuit, c’est tout...
Les paillettes...
Elles n’étaient pas dans ses yeux à lui, cette nuit-là...
Elles étaient dans ceux de son maître...
Pourquoi ?
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posté Jan 11 2006, 10:31 PM
Message #4


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Rêves et cauchemars




Partie I : Juste un rêve ? (fin)


Chapitre 21 : Où Mayuko commence à y croire
Tohru marchait vite. A côté d’elle, Jiro, pressé, parlait à vive allure. Il lui expliquait tout ce qui s’était passé, de manière plus détaillée que chez Shiguré.
Puis il s’arrêta et se tourna vers la jeune fille qui l’accompagnait.
« -Maintenant, Tohru, il faut que tu me dises ce que tu sais sur la malédiction des Soma. Je ne sais pas pourquoi Kiyoshi ne voulait pas nous mettre au courant mais il n’est plus là pour l’expliquer, de toute façon. Enfin, je suppose qu’on l’aura rapidement retrouvé. Grâce à Shinjoo-san.»
Tohru le fixa un instant puis hocha la tête.
« -J’avais promis à Yuki de ne rien dire, mais... »
Elle soupira.
« -Pardon, Yuki-kun... Je suis obligée. »
Puis elle se détourna de Jiro, le bras tendu vers un petit parc.
« -Asseyons-nous sur un banc, veux-tu ?
-Oui, bien sûr. »
Quelques mètres plus loin, l’entrée du jardin public. Ils s’y engouffrèrent et s’installèrent sur un banc de pierre, au bord d’une allée de cerisier.
Tohru rougit un peu, rassembla ses idées et se lança. Elle raconta tout ce qu’elle savait.
La malédiction, le chat, le dieu, le junishi, ses rapports avec les maudits, Akito, son amour pour Kyo, tout y passa.
Fixés sur leur conversation, ni Jiro ni Tohru ne virent Mayuko, figée à quelques mètres.


Mayuko était debout, à deux mètres du banc sur lequel Tohru et Jiro s’étaient assis. La jeune femme ressemblait à une statue de sel.
Devant elle se trouvait Tohru Honda. Celle-ci discutait avec un jeune garçon d’une douzaine d’années. Et ils parlaient de la malédiction des Soma. Puis le préadolescent montra à Tohru une photo en disant qu’il allait l’amener à une certaine Chika, à l’hôpital Zenkai.
« Incroyable, se dit l’enseignante. Alors... Hatori... tout cela... c’était... vrai ? »
Mayuko tomba par terre au moment où Tohru et Jiro se relevaient.
Et elle éclata en sanglot.
Elle voulait se lever, aller chercher Hatori, l’embrasser.
Elle voulait courir vers Tohru, lui dire qu’elle les aiderait, elle et les autres.
Elle voulait briser la malédiction.
Elle voulait tout oublier, et continuer à fantasmer sur Hatori sans se poser de questions.
Elle voulait rentrer chez elle et boire un thé.
Elle voulait pleurer dans des bras amis.
Elle voulait trouver la Chika qui était à l’hôpital.
Elle voulait agir.
Mayuko se leva, séchant ses larmes. Il était inutile d’aller chercher Hatori. Elle ne pourrait plus le regarder en face après ça.
Par contre...
La jeune femme se dirigea vers le banc sur lequel Tohru et son compagnon étaient installés quelques minutes plus tôt. Elle se pencha.
A terre, une photo représentant un groupe de personne.
Mayuko sourit.
Empochant la photo, elle décida d’aller trouver celle qui était à l’hôpital.
D’aller trouver cette Chika, pour lui apporter la photo.


Hikari se connecta un instant, mentalement, au réseau des « maudits ». Elle y accédait sans problème, de par ses pouvoirs ; cependant, il lui était plus dur de repérer les personnes normales.
Hatori n’était pas loin, dans un petit parc. Laissant Shiguré complètement à la masse, affalé sur le kotatsu, elle partit.
Elle marchait vite, d’un pas rapide qui savait où il allait.
Elle avait beaucoup à faire, n’est-ce pas ?
S’engouffrant dans le parc, elle se dirigea tout droit vers l’endroit où était Hatori, passant par une allée de cerisiers dont les fleurs se fanaient peu à peu.
Elle était pressée. C’est sans doute pourquoi elle ne vit pas la jeune femme brune qui sortait du parc.
Mais la jeune femme brune la vit.
Et bien que cela n’eut pas d’incidence immédiate, il y en eu. Un geste, juste un geste... effet paillon, effet boule de neige... tous les détails ont leur importance...
Mais parfois, on oublie cela.
Hikari marcha jusqu’au banc sur lequel s’était assis Hatori.
« -Bonjour. »
Il ne se retourna pas.
Alors elle s’approcha davantage de lui.
« -Partez, dit-il. Partez. «
Elle sourit.
« -Non. »
Et levant la main, vers le front du trentenaire, elle effaça la mémoire de celui qui venait de perdre ce pouvoir.


Alors...
Ce regard vif-argent, c’est la marque du Souffleur de rêves ?
Mais...
J’étais pourtant persuadée...
Que Kiyoshi était le premier...
Et si...
Si...
Il y avait eu tricherie ?
Et si...
La malédiction...
Avait été...
Contournée ?
Non...
C’est impossible...
Et puis...
Je ne peux plus réfléchir...
Les éléments...
Se déroulent devant moi...
Tout va trop vite...
Trop vite...
La femme a empoigné le maudit du chat.
Car c’était lui, n’est-ce pas ?
Elle l’a empoigné, et...
Elle le menaçait...
Mais...
Il n’était pas d’accord...
Et il a crié quelque chose.
Ce cri, c’était...
Une vérité qui...


Chapitre 22 : Dans lequel l’on assiste à un lancer de livre
« -Nous n’acceptons pas les colporteurs, dit la vieille domestique avant de leur fermer la porte au nez. »
Shinjoo et Kiyoshi échangèrent un regard. Un regard choqué, et pourtant amusé. Complice.
Ces deux là ne se connaissaient que depuis quelques heures et s’entendaient déjà. En fait, parmi tous les membres du group, Shin était le seul à ne pas considérer Kiyoshi comme un chef, ce qui facilitait grandement leurs rapports : n’ayant pas à obéir, il ne se rebellait pas.
De plus, il venait de sauver la vie du Souffleur de rêves, et le dit Souffleur de rêves en était conscient. Résultat : les airs mystérieux qu’il prenait avec les autres membres du group glissaient sur Shinjoo comme sur de l’eau.
Kiyoshi décida alors d’arrêter tous ces faux-semblants. Ils avaient coûté la vie à Chika...
Le jeune homme tressaillit. Chika. Il l’avait oublié.
Il se tourna vers Shinjoo.
« -Shinjoo-san...
-Oui ?
-Non, rien. On ferait mieux de sonner à nouveau, non ? »
Sans répondre, Shinjoo sonna une seconde fois.
La porte s’entrouvrit.
« -Mais allez-vous cesser ? » grogna la femme avant de la refermer violemment.
Les deux jeunes se regardèrent à nouveau.
« -Comme je le dis toujours, jamais deux sans trois ! » dit vaillamment Shinjoo.
Cette fois, le jeune homme prit la précaution de placer son pied entre l’intérieur et l’extérieur, bloquant ainsi la porte.
« -Je viens de la part de Jiro. Il m’a donné ça pour vous. »
Le déballage recommença, Shinjoo retrouva le papier, le tendit à la femme réticente et en profita pour entrer, tirant Kiyoshi derrière lui.
Sans rien demander, il poussa la première porte du vestibule et pénétra dans un boudoir meublé, comme apparemment tout le reste de la maison, à l’européenne : tapis d’un blanc crème moelleux posé sur un parquet de bois foncé, profonds divans et table basse d’ébène. Sur les murs courraient des bibliothèques du même bois rare, remplies de livres qui ne semblaient pas exclusivement japonais.
Kiyoshi, après s’être expliqué avec la domestique, entra à la suite de Shinjoo, qui s’était tranquillement installé sur un divan, une cigarette à la main.
« -Apparemment, dit le jeune homme aux cheveux bleus, ils ont vécus en Allemagne.
-Comment peux-tu l’affirmer ?
-Il y a des livres dans toutes les langues ici. Mais les plus courants sont les exemplaires en Japonais et en Allemand. »
Kiyoshi s’approcha de la bibliothèque.
« -Tu as raison.
-J’ai toujours raison, dit Shinjoo en tirant sur sa cigarette. »
Cela fit rire Kiyoshi. Puis il se mordit la lèvre. Il s’en voulait de rire, alors que Chika...
« -Qu’est-ce qui se passe ?
-Eh bien... je...
-Ben vas-y, accouche.
-J’ai tué quelqu’un, la nuit dernière. »


Shinjoo leva un sourcil surpris.
« -C’est donc ça ? C’était qui ? dit le jeune homme avec une apparente décontraction.
-Une jeune fille qui était avec nous... Elle...
-Son pouvoir, c’est quoi ? le coupa Shinjoo.
-Elle voyait le passé. »
Shin enfouit sa tête dans ses mains.
« -Justement, arrête de parler d’elle au passé. Elle est encore vivante.
-Hein ?
-Je viens de me connecter au « réseau ». Dans cette ville, le réseau a trois niveaux : les gens normaux, les gens qui ont des pouvoirs et les Soma maudits. C’est donc assez facile de trouver te petite copine. Apparemment, elle est dans le coma.
-Tu es vraiment doué, à ce que je vois. » dit alors la voix de Jiro.
Devant l’air ahuri de ses deux aînés, il se mit à rire.
« -Tohru, je te présente...
-Tabe Shinjoo desu, belle princesse. Mais tu peux m’appeler Shin-kun. » dit élégamment Shinjoo en baisant la main de Tohru qui se mit à rougir et bafouiller, mais avant qu’elle ait pu se présenter à son tour, un livre atteint Shinjoo à la tête.
« -Laisse Tohru tranquille, dit Kiyoshi. »
Les trois autres se tournèrent vers lui en bloc.
« -Très bien, marmonna Kiyoshi, gêné, qu’est-ce qu’on fait ? »
Jiro fixait Kiyoshi de ses iris dorés.
« -Premièrement, on va s’asseoir. Deuxièmement, je suppose que Kouhya va rapidement nous apporter du thé et des gâteaux. Troisièmement, Shinjoo, je te prie déteindre ta cigarette. Quatrièmement... »
Kiyoshi se sentit transpercé par le regard de Jiro.
« -Quatrièmement, reprit le jeune garçon, Kiyoshi va nous expliquer ce qui s’est passé. »
Alors Kiyoshi expliqua. Tout. Sans regarder ses amis. Il avait peur de la réaction de Jiro, de Shinjoo, et surtout, de celle de Tohru. Et à la fin, il fondit en larmes.
Shinjoo lui envoya une bourrade. Il prenait les choses en main : Kiyoshi pleurait, Jiro était choqué et Tohru muette.
« -Tu es crevé. Je te ramène chez toi, ok ? »
Kiyoshi acquiesça.
« -Bon, dit Shinjoo. Tohru-chan, si j’ai bien compris, tu as manqué les cours. Tu ferais bien d’y aller, je pense. Toi aussi, Jiro-kun
-Et toi, tu n’as pas cours ? demanda Jiro d’un ton acide.
-Le professeur Seiji m’aime trop pour m’en vouloir... dit Shinjoo. »
Puis il se leva.
« -Allons-y. A bientôt, Jiro, à bientôt, chère Tohru-chan ! »
Et, prenant Kiyoshi par l’épaule, il le reconduisit chez lui.


« -Tu pourras faire ce que tu voudras ! hurla-t-il. Ca ne changera rien ! Le Souffleur de rêves reviendra ! Car la malédiction a été détournée ! Grâce à la déesse de l’eau ! Minamoto ! Minamoto n’a pas accepté qu’on lance une malédiction dans son temple ! »
Alors...
C’était bien vrai...
La malédiction...
Elle a été... contournée ?
Mais... comment ?
Ren.... elle a attrapé l’homme et... elle...
Elle l’a frappé...
Mais lui... il s’est moqué d’elle...
Et...
Ca l’a mise hors d’elle...
Alors...
Elle...
Elle l’a jeté à l’eau...
Elle l’a jeté dans cette eau glacée...


Chapitre 23 : Où l’envoyée de Kakon rencontre celle qui répand le bonheur autour d’elle
Shinjoo et Kiyoshi marchaient en silence, côte à côte, dans les rues sous le soleil un peu pâle de ce début d’octobre. Début octobre, début automne. La saison rouge et dorée allait bientôt commencer.
Et cette saison, propice à la nostalgie, les ramenait tous deux à des souvenirs à la fois différents et semblables : leurs familles.
Celle de Kiyoshi l’avait abandonnée dix-neuf ans plus tôt dans un monastère. Sa véritable famille, c’était celle qu’il s’était construite là-bas, loin du bruit de la ville. Grâce à son maître.
Celle de Shinjoo était exilée dans un autre pays, pays où il avait vécu jusqu’au moment où il était parti rejoindre le Souffleur de rêves. Il avait toujours vécu en bonne entente avec elle, et avec...
Shinjoo lança un regard à Kiyoshi.
« -Il va falloir que je contactes quelqu’un, dit-il.
-Qui ?
-Une personne de confiance à qui tout raconter. »
Kiyoshi se retourna vivement :
« -Hein ?!
-Eh bien, oui. Si je comprends bien, cette fameuse « autre », elle peut venir et faire n’importe quoi n’importe quand, non ? Donc il vaut mieux que je prévienne quelqu’un.
-Qui ? répéta Kiyoshi, abasourdi.
-C’est un secret, chantonna Shinjoo. »
Devant le regard de son ami, il précisa :
« -C’est l’une des femmes de ma vie. »
Kiyoshi, consterné, soupira.
« -Et tu en as combien ?
-Ce serait trop long à compter... Mais celle-ci, c’est pour toujours. »
Il s’arrêta un instant, puis souffla dans une langue inconnue de Kiyoshi, une langue venant d’Europe aux sonorités franches :
« -Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai...
-Hein ?
-C’est du Français. Je vis là-bas.
-En France ?
-Oui...
-Qui est la personne que tu dois contacter, la « femme de ta vie » ?
-C’est ma petite sœur. »


« -Allo, Jôzu ? »
Mayuko devait se rendre à l’évidence : il lui était impossible de trouver l’hôpital Zenkai, pour la bonne et simple raison qu’elle ne savait pas où il se trouvait.
Et donc...
Elle téléphonait à son meilleur ami.
Jôzu Ryôte était kinésithérapeute de son état. Le jeune homme avait vingt-quatre ans et connaissait Mayuko depuis le lycée : elle était sa sempaï. C’était un beau garçon : il était à moitié Anglais, et ses cheveux châtains bouclés en témoignaient, tout comme ses yeux, d’un vert menthe très vif, comme la sauce que les habitants du Royaume-Uni aimaient verser sur leurs plats.
Donc, Mayuko l’appelait. Il était médecin, il devait bien savoir où se trouvait ce fichu hôpital...
« -Moshi moshi, Mayu-chan ?
-Jôzu-kun, j’ai un problème !
-Je t’écoute.
-Eh bien voilà, ça va te sembler étrange, mais...
-Mais ?
-Hatori fait partie des douze signes du zodiaque chinois et il se transforme en hippocampe et... débita la jeune femme à toute vitesse.
-Chut, Mayuko. Dis-moi, quel est le nom de famille d’Hatori, déjà ?
-Sôma. »
Silence à l’autre bout du fil.
« -Jôzu ?
-Mayuko, je crois qu’on devrait avoir une petite conversation.
-Hein ? Pourquoi ?
-Il y a six semaines, j’ai fais un rêve... Un rêve dans lequel on me parlait de la malédiction des Soma... Je devrais soi-disant la briser. Je...
-Jôzu, tu as un pouvoir ? »
Mayuko se sentait étrangement calme. Après tout ce qui c’était passé en deux heures, un peu plus ou un peu moins...
« -Oui. Je... je peux guérir les gens avec mes mains. »
Mayuko éclata de rire. C’était presque trop.
« -Merci, Jôzu. Je crois qu’il faut que tu viennes avec moi.
-Où ça ? Ou plutôt : pourquoi tu appelais, au départ ? »


Shinjoo s’appuya à la porte de Kiyoshi, un court instant. Il venait de ramener le jeune homme chez lui.
Un vrai trou à rat, la piaule de Kiyoshi. Il faudrait qu’il lui trouve un autre appart.
Le garçon aux cheveux bleus était fatigué. Trop de choses, en si peu de temps...
Il était venu de si loin, de si loin...
Mais il avait trouvé ce qu’il trouvait, déjà. En une semaine, il avait trouvé tout, ou presque.
Une école, un petit boulot, et des amis.
Oui, mais...
Son pays lui manquait.
Il était né au Japon. Mais il était profondément Français.
Après tout, il vivait dans ce pays depuis l’âge de cinq ans, sa sœur était née là-bas. Alors, oui, son pays, ses parents et ses amis lui manquaient. Mais surtout sa sœur. Surtout Asahi. Asahi qui lui envoyait chaque jour un e-mail pour savoir comment il allait. Et derrière, derrière cette simple petite question, se profilait l’autre, à la fois excitante et angoissante : avait-il trouvé le souffleur de rêves ?
Car, cette nuit-là, six semaines plus tôt, elle avait fait ce rêve, elle aussi.
Mais elle n’était pas la seule, dans leur entourage direct.
Le meilleur ami d’Asahi, Onen avait lui aussi rêvé du souffleur de rêves et des Soma.
La discussion fut houleuse. Chacun finit par avouer, ulcéré, que oui, il avait un pouvoir.
Shinjoo lâcha, bougon, malgré son rôle d’aîné, qu’il pouvait depuis toujours se connecter au « réseau ».
Asahi avoua que, plusieurs années plus tôt, elle s’était aperçue qu’elle maîtrisait les quatre éléments de base : l’eau, le feu, l’air et la terre...
Et Onen accepta de dire pourquoi, depuis tant d’années, il était si brillant : il retenait tout ce qu’il voyait, lisait ou entendait.
Pouvoirs à double tranchant.
Shinjoo, grâce au « réseau », pouvait retrouver les gens... mais aussi les tuer.
Asahi, quand elle se contrôlait, était très calme... mais quand elle éclatait, il pouvait arriver qu’un incendie, ou une inondation se déclare dans une ville voisine... Heureusement, elle n’avait encore jamais provoqué de tremblements de terres ou de typhon.
Et Onen ne pourrait jamais oublié les paroles blessantes qui lui seraient adressées, jamais il ne pourrait, contrairement aux autres humains, trouver le repos dans l’oubli...
Alors...
Oui, il devait les prévenir.
Même si c’était risqué. Même si, il le savait, une fois prévenus, ils arriveraient au Japon.
Il ne pouvait pas mentir à sa sœur. Mais elle n’avait que quatorze ans ! Et Onen juste quinze !
Si il leur arrivait quelque chose...
Malgré tout, il devait les prévenir. Lui aussi, comme Kiyoshi, était prisonnier d’une promesse.
Alors oui, Shin était fatigué.


« -Au revoir, Tohru-chan. Rentre bien. »
La jeune fille sourit au garçon.
« -Ne t’inquiète pas, Jiro-kun. Merci. Je dois retourner au lycée... et...
-Parler au rouquin. Je sais, l’interrompit Jiro. »
Tohru rougit fortement.
« -Mais, mais, mais, je...
-C’est normal, voyons. Premièrement, parce que tu iras mieux une fois que tu lui auras dit ; deuxièmement, parce qu’il ira mieux une fois que tu lui auras dit, et, troisièmement, parce qu’il vaut mieux que Kiyoshi ne s’attache pas trop à toi.
-Hein ? »
Jiro sourit à Tohru, de ce sourire doux qui se promenait si souvent sur ses lèvres ces derniers jours.
« -C’est rien. Vas-y, Tohru-chan.
-Merci, Jiro-kun ! Passe une bonne journée !
-Oui, toi aussi... »
La jeune fille s’éloigna d’un bon pas, arrivant bientôt dans une petite rue qui lui permettrait de rejoindre facilement la maison de Shiguré.
C’est alors qu’elle rentra de plein fouet dans une jeune femme.
Tohru leva la tête.
Devant elle se tenait l’une des plus belles femmes qu’elle ait jamais vu : grande, mince, bien faîte, avec de longs cheveux noirs tenus en chignon et des yeux de laque.
Hikari se pencha vers Tohru.
« -Bonjour toi. J’ai l’impression de te connaître, c’est étrange... Une vie antérieure, peut-être ? »
Puis elle éclata de rire.
Et elle effaça la mémoire de la jeune fille.


Minamoto...
Minamoto...
La déesse de l’eau... la source...
Elle...
N’a pas accepté l’affront de Kakon...
Alors...
Elle a...
Mais...
Ren ! Elle l’a jeté à l’eau !
Il va se noyer !
Se noyer !
Non !
Il ne faut pas !
Il ne faut pas qu’il meure!
Sinon, le souffleur de rêves perdra !
Mais...
Non...
Le souffleur de rêves qui a perdu cette nuit-là...
Ce n’est pas Kiyoshi...
C’est son maître...
Son maître...
C’était...
L’ancien souffleur de rêves ?
Mais...
Alors...
Kiyoshi est le deuxième ?
Ou bien...
Le dernier ?


Chapitre 24 : Où Hikari gagne une bataille, mais pas la guerre
Hikari eut un sourire en coin. Elle venait d’effacer la mémoire de celle qui répandait le bonheur autour d’elle. Akito lui en serait gré...
Car, si Hikari avait bien compris, cette Tohru Honda s’approchait trop des maudits... bien trop... de plus, elle se mêlait, avec raison, de briser la malédiction...
C’était presque drôle. Hikari aurait aimé voir comment tout cela aurait évolué sans son intervention. Mais voilà, elle avait été choisie, c’était comme ça : elle devait obéir à Kakon. Tant qu’elle servirait ses intérêts, il ne pourrait rien faire. Mais dans le cas contraire...
Elle secoua la tête. Mieux valait ne pas penser à tout cela et accomplir tout simplement sa mission.
Elle avait promis.
Elle ne savait pas dans quoi elle s’engageait, à l’époque.
Mais c’était trop tard pour regretter.
Beaucoup trop tard.
Elle ne détestait pas Shiguré. Il était drôle et, il fallait bien qu’elle l’avoue, extrêmement attirant. Mais elle lui avait effacé la mémoire.
Elle n’avait rien contre Hatori. Elle ne le connaissait pas. Mais elle lui avait pris ses souvenirs.
Tohru Honda était courageuse, et pure. Mais elle lui avait effacé la mémoire, parce qu’il le fallait, et parce qu’elle-même était lâche et vénéneuse.
Lâche de ne pas avoir su repousser la personnalité et les pouvoirs qui s’étaient immiscés en elle.
Mais maintenant, elle ne pouvait plus reculer.
« Reviens, Kakon. Rends-moi ta personnalité. Je ne peux pas vivre avec la mienne. »
La jeune femme essuya la larme de rage qui coulait sur sa joue.
Puis elle se dirigea vers la maison de Jiro.
Si elle pouvait encore pleurer...
Est-ce que cela signifiait que son cœur n’avait pas encore été complètement asphyxié ?


Onwa soupira.
La question que sa sœur venait de lui poser était extrêmement pertinente et extrêmement effrayante.
Kiyoshi était-il amoureux de Tohru ? Oui, c’était plus que probable. Et cela expliquerait beaucoup de choses.
« -Onwa ? Onwa ? »
Hoshi secoua sa main devant les yeux de sa sœur qui sursauta.
« -Pourrais-tu me faire part de ces pensées qui ont l’air passionnantes ?
-Euh... Oui...
-J’attends...
-Eh bien... Premièrement, je pense que tu as raison. Deuxièmement... je me demande lequel des deux va s’en apercevoir en premier...
-De quoi ?
-Qu’il l’aime.
-ben, il devrait le savoir.
-Tu sais, Kiyoshi a passé près de vingt ans dans un monastère... Je pense que pour lui, l’Amour, c’est un terme général... Je ne sais même pas si il sait ce que signifie le mot « désir ». »
Hoshi se mit à rire de manière très bruyante.
« -Pas faux, dit-elle en essuyant ses yeux en tentant de contenir son hilarité. Mais c’est pareil pour Tohru, ne ?
-Je ne sais pas... Elle m’a l’air vraiment éprise de son chat...
-Oui, mais Kiyoshi et elle formeraient un siiiiiii joli couple, gâtifia l’adolescente. »
Cette remarque fit rire sa sœur aux éclats.
« -Je suis rentré ! hurla Tanéo. »


« Petite sœur, j’espère que tu vas bien.
Je ne voulais pas te le dire, mais j’ai trouvé le Souffleur de rêves.
C’est un garçon d’une vingtaine d’années, il est très sympathique, je suis sûr qu’il te plaira. Car Onen et toi allez bientôt venir, n’est-ce pas ?
Ce n’est pas que ça me réjouisse, mais ici, on a besoin d’aide.
Je n’ai pas encore rencontré tout le groupe, mais pour le moment, ceux que j’ai vus sont très intéressants. Entre Kiyoshi, le Souffleur de rêves, qui est amoureux de Tohru, Celle qui répand le bonheur autour d’elle et Jiro, un garçon de douze ans avec des yeux dorés qui répond au tac au tac...
Une fille du groupe est dans le coma.
Sinon, il reste encore trois frères et sœurs que je n’ai pas encore rencontrés, les Mei.
Et tout ces gens-là ont un pouvoir.
J’ai l’impression d’être traqué, petite sœur.
Je crois qu’on va avoir des ennuis.
Une fille, celle que Kiyoshi appelle son « autre » est contre nous.
Apparemment, la légende a une origine bien complexe, bien plus que l’on ne le pensait.
Ca va plaire à Onen, n’est-ce pas ?
Lis-moi bien, petite sœur, et fais passer ceci à Onen, puis supprime le message, il restera à jamais gravé dans sa mémoire.
L’ « autre » de Kiyoshi va chercher à nous éliminer.
J’aimerais te demander de ne pas venir, mais c’est impossible.
Asahi, si il se passe quelque chose, tu le sauras facilement.
Je veux que, chaque jour, tu m’envois un e-mail en me demandant si je me souviens. Et si un jour, je te réponds autre chose que « Comment oublier ? » tu pourras venir avec Onen.
Car là, il faudra agir.
Ne viens pas avant, je t’en pris. Je m’inquiète pour toi (maintenant que je ne suis plus là, qu’est-ce qui me dit qu’Onen ne tente pas de te faire des cochonneries ? je rigole...)
Si dans un mois, tout va bien, tu pourras partir pour Tokyo sans risque.
Je t’embrasse,

Shin »


Hikari sonna chez Jiro.
La domestique qui n’avait pas voulu laisser entrer Shinjoo et Kiyoshi la laissa pénétrer dans le hall sans faire d’histoire, subjuguée par la beauté de la jeune femme, dont les larmes coulaient lentement.
Celle-ci les essuya rageusement.
Elle entra dans le boudoir où Jiro écrivait.
« -Bonjour, dit celui-ci sans lever la tête. »
Il posa ses lunettes.
« -Tu es l’autre de Kiyoshi, c’est ça ?
-Comment le sais-tu, enfant ?
-Je le sais, c’est tout. Et ne m’appelle pas enfant, tu n’es pas beaucoup plus vieille que moi. »
Hikari ressentit, pour la première fois depuis bien longtemps, cette envie de gifler la personne que l’on a en face de soi, cette envie si humaine et ô combien courante.
Elle ne savait pas pourquoi, mais l’enfant l’intriguait.
Il n’avait pas peur d’elle, et pourtant, il savait qui elle était et sans doute dans quel but elle venait.
« -Sais-tu pourquoi je viens ?
-Ce n’est pas très dur à deviner... Tu viens m’éliminer.
-Je ne vais pas te tuer.
-Il y a d’autres manières de me mettre hors-jeu, n’est-ce pas ? »
Il la fixait.
Jiro essayait de gagner du temps. A vrai dire, il se demandait pourquoi elle ne l’avait pas encore « éliminé ».
« -Oui. C’est d’ailleurs ce que je viens de faire avec ton amie. »
Il se leva brusquement.
« -Qu’as-tu fais à Tohru ?
-Tu ne crois quand même pas que je vais te le dire ?
-Si je crie, les domestiques vont venir et...
-Oh non... Nous sommes seuls. Ils avaient tous une course à faire... »
Jiro grimaça.
« -Tu es horrible, lâcha t-il, détournant le regard. »
Hikari tiqua. Elle ne savait pas ce qu’elle avait, mais elle... elle se sentait un peu différente... un peu... un peu comme avant...
Non.
Elle se dirigea vers Jiro. Il ne se débattit pas.
« -Tu as gagné une bataille, mais pas la guerre, dit-il avant de s’effondrer. »
Hikari se sauva.
Elle se sentait mal.
Mais il en restait encore cinq.
Cinq dont il fallait effacer la mémoire.
Et ensuite, ce serait fini.
Une fois qu’ils auraient tout oublié, elle aurait gagné.
Une fois que leurs souvenirs des autres écouteurs de rêves et d’elle-même, il n’y aurait plus de problème.


Je ne sais pas si Kiyoshi-kun est le dernier...
Mais je sais que c’est celui qui va réussir.
Il le faut, tout simplement.
Il faut qu’il brise la malédiction des Soma...
Car sinon...
Il y aura plus de morts, n’est-ce pas ?
Et ça...
Ca, c’est interdit.
Je crois...
Je crois bien qu’un jour...
Je pourrais...
Non !
Je dois me réveiller.
Il faut que je sorte de ce rêve.
Et que je leur parle.


Chapitre 25 : Où en fait, on ne sait rien
« -Tanéo ? Ca va ? demanda Hoshi, inquiète.
-Oui oui, pas de problème, répondit son frère avec un sourire éclatant.
-Très bien. Hoshi, il faudrait peut-être qu’on parle à Tanéo de ce que l’on a découvert, ainsi que de Momiji ? »
Hoshi eut un sourire forcé. Elle n’avait pas particulièrement envie de parler de Momiji à son frère...
« -Ok. »
Tanéo s’assit sur une chaise, ou plutôt s’affala.
« -Alors, que se passe-t-il ? »
Onwa tenta de lui expliquer calmement, bien que Hoshi lui coupa la parole assez régulièrement et que Tanéo donna son opinion avec force onomatopées.
« -Quoi ? Kiyoshi... amoureux de Tohru ?
-Oui. C’est assez évident, n’est-ce pas ?
-Mais qu’est-ce que tu racontes ? Il ne l’aime pas autrement qu’en temps que celle qui...
-Tu en es sûr ? Personnellement, je trouve que la manière dont il la regarde est assez claire.
-Stop ! cria Hoshi. Premièrement, Onwa, ne fais pas comme si c’était toi qui t’en étais rendu compte. Deuxièmement, on devrait marquer tout ce que l’on sait sur un bout de papier, pour mettre les choses au clair. »
Ses deux aînés la regardèrent, un peu gênés.
« -D’accord, lâcha Onwa.
-Bon. »
Hoshi prit une feuille.
Et elle nota tout ce qui lui venait à l’esprit sur cette affaire, et les questions non résolues.
Cela donnait :

Chika => coma => Kiyoshi => pourquoi ?
Chika => rêve => de quoi ?
Kiyoshi => Tohru => Kyo => rendre compte ?
Kiyoshi => où est-il ?
Jiro => a-t-il trouvé Tohru ?
Tohru => comment va-t-elle ?

Hoshi leva la tête.
« -En fait, on ne sait rien, constata-t-elle. »


Tohru s’appuya contre le mur. Elle avait failli tomber... Que s’était-il passé ?
La jeune fille chercha un instant, fouillant sa mémoire, mais une violente migraine lui fit lâcher prise à ce qu’il lui restait de souvenirs de cette journée et d’une certaine partie des mois précédents.
A ce moment-là, les mots Souffleur de rêves, Kiyoshi, Jiro, Onwa, Tanéo, Shinjoo, Chika et Hoshi, et tout ce qui s’y rapportait cessèrent d’exister pour Tohru.
A ce moment-là, elle ne savait plus où elle était, elle ne savait plus où elle en était, et savait à peine qui elle était.
Puis cette mémoire d’elle-même lui revint ; seule celle concernant ceux qui écoutaient leurs rêves et leur entreprise avait été effacée.
Juste une quelque chose subsistait : des yeux marine pailletés d’argent.
Mais ils étaient tout au fond de son cerveau, bien rangés dans un coin de sa mémoire, loin, si loin qu’elle-même n’y avait pas accès.
Tohru renonça. A quoi bon ? Elle avait sans doute eu un malaise.
La nigiri se dirigea vers la maison de Shiguré.
A vrai dire, il lui restait une certitude : elle devait avouer ses sentiments à Kyo.
Et ce simple évènement, cette simple certitude, provoqua bien des larmes et un sacrifice.


Hikari sourit, d’un sourire mélancolique qui la rapprochait de celle qu’elle était naguère, dix ans auparavant. Puis ce sourire pur et innocent, si doux et si triste, se mua en un rictus presque sanglant.
Kakon était revenu ; Hikari soupira de soulagement. La présence du sorcier était devenue, au fil du temps, comme une drogue pour elle. Le seul moyen qu’elle avait pour ne pas voir la réalité en face et prendre ses crimes pour des actions « normales ».
« -Bon... dit la jeune femme. Maintenant, c’est le tour des Mei. »
Elle se concentra et trouve rapidement leur trace : trois personnes « à pouvoirs » concentrées dans un même endroit se trouvent facilement, forcément.
Empruntant une grande artère tokyoïte, l’envoyée de Kakon se retrouva rapidement à Ginza*.
« Parfait, se dit-elle, je commençais à avoir faim. »
Elle s’engouffra chez un traiteur.


« -QUOI ?!
-Calme-toi, Mayuko.
-Comment ça, tu es à Kyoto ? Mais j’ai besoin de toi tout de suite, moi !
-J’arrive, ne t’inquiète pas.
-Que je ne m’inquiète pas ? Le gars dont je suis amoureuse est maudit par une vieille légende, deux de mes élèves aussi, et une autre tente avec l’aide de personnages tous plus improbables les uns que les autres de briser cette malédiction ! Et tu veux que je me calme ?
-Mayu-chan, tais-toi. On arrivera à rien en criant.
-Mais fais quelque chose !
-J’arrive. Je serai là dans quelques heures.
-Mais c’est trop long ! Comment je vais faire pour réveiller l’autre, moi ?
-L’hôpital est à Ginza. Fais un effort, vas la réveiller toute seule. Je te rejoins là-bas. Au revoir.
-Mais, Jôzu-chan... »
Clic.
Il avait raccroché.
Mayuko, légèrement décoiffée, légèrement rouge, légèrement hystérique, sortit de derrière le buisson près duquel elle se terrait avec son portable. Elle fut heureuse de constater qu’apparemment, personne ne l’avait entendue ou vue hurler.
Elle soupira.
Maintenant, il fallait qu’elle marche jusqu’à Ginza.
Et c’est ainsi que, pour la deuxième fois de leur vie, mais pas la dernière, et ce dans la même journée, Mayuko et Hikari se croisèrent. Sans s’arrêter. Pour cette fois.


Je vais me réveiller...
Et je me projetterai dans le passé des Soma...
Là, je pourrai faire quelque chose...
Il faut que je me réveille, vraiment.
Le rêve est fini.
Les choses sérieuses doivent commencer, maintenant.
Mais je sais bien que...
Je ne me réveillerai qu’au moment jugé opportun par la déesse.
Car en vérité, c’est elle qui mène le jeu...
Kakon, savais-tu dans quoi tu te lançais exactement, par jalousie, par amour ?
L’amour ne doit jamais aller jusqu’à la destruction.
Jamais.
Car quand c’est le cas, on ne détruit pas que l’autre ; on se détruit aussi soi-même.
Tu en as fait l’expérience, n’est-ce pas, Kakon ?


Chapitre 26 : Où les personnages se débarrassent de l’auteur en la ligotant derrière l’ordinateur (déclaré titre pourri de l’année xD)
Mayuko sentit ses entrailles se révulser quand elle entra dans l’hôpital. Elle avait toujours détesté les hôpitaux. Ces endroits étaient froids, aseptisés et sentaient l’éther. En fait, elle trouvait que les lieux les plus déprimants du monde étaient les hôpitaux et les cliniques, depuis qu’elle y avait assisté à la mort de son grand-père. Et cet hôpital ne faisait pas exception à la règle...
Bon.
Quand il faut y aller...
Elle se dirigea vers le guichet. L’employé qui s’y tournait les pouces ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans et portait une blouse blanche. Sans doute un infirmier ou un interne ayant dû remplacer quelqu’un au pied levé.
« -Bonjour... Je cherche la chambre de... »
La jeune femme s’arrêta. Elle venait de s’apercevoir qu’elle ne connaissait pas le nom de famille de Chika. Et qu’elle était incapable de la décrire.
« -La chambre de ? » demanda l’employé, avec un sourire.
Il était mignon, et, visiblement, Mayuko lui plaisait.
La jeune femme retint un soupir. Au moins, si il la trouvait jolie, il accepterait peut-être de l’aider...
« -Eh bien, à vrai dire, je ne connais que son prénom, dit-elle avec un sourire charmeur, sortant de sa poche la photo de groupe que Jiro avait laissé tomber. »


« -Oui. En fait, ton idée ne servait à rien, résuma Tanéo sur le ton de « J’avais raison et toi tord ».
-Son idée n’était pas mauvaise. C’est juste qu’effectivement, on ne sait rien, tempéra Onwa.
-C’est pareil, répondit Tanéo, buté. »
Il se tourna vers Hoshi, qui, étrangement, ne disait rien.
Et pour cause : la jeune fille était dans l’entrée, en train d’ouvrir la porte ; quelqu’un avait sonné.
« -Bonjour, dit-elle à la jeune femme qui était sur le porche. Que puis-je pour vous ?
-Oublie. » lui répondit celle-ci en lui plaquant une main sur le front et l’autre sur la bouche. Hoshi s’évanouit.
Hikari tira le corps à l’intérieur, sans bruit, puis s’avança dans la cuisine.
« -Qui êtes-vous ? demanda Tanéo, sur la défensive.
-Votre sœur s’est évanouie, éluda Hikari. »
Onwa se précipita vers l’entrée.
Hikari s’approcha de Tanéo, et réitéra l’opération : le jeune homme gisait à ses pieds, la mémoire effacée.
Elle sortit de la cuisine, et s’ « occupa » de la sœur aînée.
Bon.
Elle avait tout bon. Maintenant il ne lui en restait plus que deux : un petit malin aux cheveux bleus et son « autre », Kiyoshi.


« Shin, c’est génial !
Je viens d’en envoyer une copie à O-chan. Il dit qu’il va t’assommer si tu prétends encore qu’il veut me faire des cochonneries (au passage, tu es vraiment un baka).
Je te préviens, on ne va pas tenir longtemps.
Il faut qu’on vienne. Vraiment. Tu te rends compte à quel point c’est stressant, comme situation ?
Bon.
Alors... Tu te souviens ?

Je t’embrasse,

Asahi

PS : J’ai dis à maman que tu l’embrassais dans ton dernier e-mail, fils indigne. Et papa me charge de te demander ce qu’il doit répondre aux filles qui appellent. A ce propos, on en marre de jouer les secrétaires, bourreau des cœurs.»


Hatori se frotta le crâne. Il avait eu un instant d’absence... Que faisait-il ici ?
Le jeune homme regarda autour de lui, encore dans les vapes. Il reconnaissait l’endroit, mais rien à faire, il ne savait pas pourquoi il était là.
A vrai dire, il ne savait même plus comment il était arrivé ici, ni même ce qu’il avait fait les heures précédentes.
« Bon, se dit-il, récapitulons... Je suis allé chez Shiguré, j’ai soigné Tohru, ensuite j’ai bu du thé avec Shiguré, mais je ne me souviens plus de quoi on a parlé... Quand je suis parti, il devait être... neuf heures ? Dix heures ? »
Il jeta un coup d’œil à sa montre : onze heures sonnait.
« De quoi, avons-nous parlé ? J’ai le sentiment que c’est important, mais... »
Rien à faire.
Il avait trop mal.
Tant pis, il allait rentrer. Pour peu qu’il retrouve sa voiture.
Hatori sortit du parc, toujours groggy. Par chance, il avait garé son véhicule juste en face ; il put donc rentrer au manoir sans encombres.
Le jeune médecin ouvrit la porte de sa voiture, dans un état légèrement second. Tous les chemins menaient au manoir... Il y était relié, par un fil invisible, qui le guidait, même perdu, à Akito.
C’était à la fois beau et triste ; c’était la marque de sa malédiction, et celle de sa différence.
« -Hatori ! »
Akito se tenait sur le seuil de la maison de son maudit.
« -Où étais-tu ?
-Je... je ne sais pas, balbutia Hatori. »
Akito le regarda d’un air suspicieux. Puis elle lui attrapa violement le visage et tira sur sa paupière : elle était dilatée.
La jeune femme éclata.
« -Comment a-t-elle osé ? Comment a-t-elle osé effacer la mémoire d’un de mes maudits ?! »


Shinjoo s’assit à son ordinateur. Il venait de recevoir un e-mail de sa sœur. Tapant la réponse sur le clavier, il n’entendit pas immédiatement les coups frappés à la porte.
Quand il se décida enfin à se lever et à ouvrir, il trouva sur le seuil une superbe jeune femme.
« -Bonjour, dit-il. Je m’attendais à te voir. »
Hikari tressaillit.
Comment connaissait-il son existence ? C’était comme le môme de tout à l’heure...
« -Tu veux bien attendre une minute ? J’envois cet e-mail, puis tu pourras tranquillement faire ce que tu as à faire, dit-il en l’admirant. A vrai dire, tu peux me faire à peu près n’importe quoi. »
La jeune femme écarquilla les yeux. Il la draguait. Dans un moment pareil, il la draguait, et ce n’était pas très léger.
Elle fut tentée un instant de s’amuser avec lui. Il était très attirant, lui aussi.
Mais non.
Elle n’avait plus de temps à perdre.
Elle s’avança vers Shin, assit devant l’écran. Il leva la main sans se retourner, comme pour lui dire « pas maintenant ».
« -Mets-toi à l’aise. J’en ai pour quelques minutes. »
Elle n’avait pas prononcé un mot depuis qu’elle était entrée ici.
Hikari s’assit sur le canapé.
Elle se sentait bizarre.
Le jeune homme cliqua une dernière fois avec un petit claquement de langue satisfait, puis se leva et marcha vers elle, avec sa démarche tellement...
Hikari rougit, sans savoir pourquoi.
« Stop. Ce n’est pas comme ça que ça doit se passer. Qu’est-ce qui m’arrive ? »
« -C’est bien toi, n’est-ce pas ? L’envoyée du sorcier ? Parce que je croyais que tu avais la langue bien pendue, mais là... »
Hikari rougit.
Elle avait mit le doigt dessus. Ce sentiment... c’était le trouble. L’attirance. Elle l’avait souvent déclanché, mais... c’était la première fois que elle, elle l’était. A l’intérieur d’elle, Kakon se déchaîna, mais elle ne l’entendait plus.
Shin passa sa main dans ses cheveux, tellement poseur, tellement beau.
« -Bon. Et si on se présentait ? Ce serait mieux, non ? »
Il lui tendit la main.
« -Tabe Shinjoo desu. »
Elle lui prit la main, la serra, peut-être un peu trop fort.
« -Hinikou Hikari desu, souffla-t-elle. »
Shinjoo se pencha. Il ne savait pas pourquoi, mais... c’était...
Il l’embrassa.


En fait...
L’amour ne devrait jamais être à sens unique. Jamais. Ca fait trop mal.
Beaucoup trop mal
Je vais me réveiller...
Je le sens.
Parce que c’est le moment.
Parce qu’au fond de moi, je n’ai pas envie de me réveiller que pour briser cette malédiction...
Tanéo.
Je t’ai éloigné de mon esprit, exprès.
Je veux te voir.
Viens, s’il te plaît.
Je t’aime.


Chapitre 27 : Où Hikari et Shin...
Hikari ouvrit lentement les yeux. Quelle heure était-il ? Et, plus important : où était-elle ?
La jeune femme sentit alors une main lui caresser le dos, doucement. Elle se retourna. Les souvenirs des dernières heures revinrent, en bloc. Elle rougit, au bord des larmes.
Pourquoi ?
Pourquoi avait-il fallu qu’elle se laisse dominer par ses sentiments ?
Cet homme était son ennemi... Mais... elle n’avait pas pu résister... et pas seulement parce qu’il était beau... entre eux, quelque chose était passé... C’était doux, c’était fort, et ça faisait mal.
Mais Hikari ne pouvait pas mettre de nom sur ce sentiment qu’elle ne connaissait pas.
Elle s’enroula dans le drap, s’asseyant au bord du lit.
Shinjoo se retourna.
Elle le regarda, pour graver ses traits dans sa mémoire. Elle ne le reverrait pas.
Alors, elle tendit la main vers lui, lui effleurant la joue dans un geste très doux, puis monta sa main fine et blanche vers le front du jeune homme... Puis la laissa retomber.
Impossible.
Elle n’y arrivait pas. Elle n’y arriverait pas.
Elle se retourna, enfouissant sa tête dans ses mains. Elle pleurait.
Elle savait ce qu’il se passerait si elle arrêtait... Elle... elle...
Non.
Elle ne pouvait pas arrêter. C’était impensable.
Quoique ?
La jeune femme n’en pouvait plus. Elle devait faire un choix, un choix qui, dans les deux cas, la ferait beaucoup souffrir.
Shin se réveilla. Il leva la tête et la vit qui pleurait.
Alors, sans même réfléchir, il la prit dans ses bras.
« -Fais ce que tu as à faire. On se retrouvera. »
Elle se retourna, les yeux grands ouverts.
Le jeune homme l’embrassa, et posa la main d’Hikari sur son front, comme si il savait ce qu’elle était venue faire, comme si il l’avait toujours su.
Et, à son corps défendant, elle lui effaça la mémoire.
Il retomba brutalement sur le lit.
« -Merci, souffla-t-elle. »
Elle se pencha vers lui, ses longs cheveux effleurèrent le torse de Shinjoo.
« -Merci, répéta-t-elle. On se retrouvera. On se retrouvera. N’est-ce pas ? »
Elle s’habilla, puis sortit.
Les larmes coulaient sur ses joues.
Elle venait d’effacer la mémoire de celui qu’elle aimait. Et elle faisait partie de cette mémoire.
A ce moment-là, Kakon, qui sentit une faille, se précipita dans la brèche.
Elle l’avait enfermé quatre heures plus tôt ; il ressortait.
Et il prit le contrôle des opérations pour le reste de la journée.
La jeune femme se dirigeait vers Kiyoshi.


« -ONEN !
-Pourquoi tu cries ? Je suis à côté de toi.
-Shin m’a répondu. Il... il a rencontré... cette fille... L’ « autre » du Souffleur de rêves.
-Pardon ?!
-En fait, il me dit que là, elle est assise sur son canapé pendant qu’il tape ce message. Il me dit aussi... »
Asahi s’arrêta, et tourna vers Onen ses grands yeux bleu piscine. Ses cheveux, noirs, étaient coupés au carré depuis la veille.
Le jeune homme s’empourpra et se détourna de sa meilleure amie, feignant de regarder par la fenêtre.
« -Que se passe-t-il ? dit-il, feignant l’indifférence ;
-C’est ce que je craignais.
-Quoi ?
-Il est en train de tomber amoureux, une fois de plus.
-Hein ? De qui ? De l’envoyée du sorcier, là ?
-Tout juste.
-Asahi... On doit y aller.
-Il va se faire bouffer. On va se faire bouffer.
-C’est bien ce que je dis : on y va.
-Mais...
-Comment ça, mais ? On ne peut pas faire autrement ! C’est ton frère, et... »
Il s’arrêta, et secoua la tête. Il s’énervait beaucoup contre Asahi, ces derniers temps. Il ne savait même pas pourquoi. Leur amitié ne se fissurait pas, mais elle changeait.
La jeune fille, au bord des larmes, se retenait de toutes ses forces pour ne pas exploser. Elle risquerait de provoquer un typhon, ou n’importe quelle autre catastrophe naturelle.
« -Asahi... pardonne moi. »
Onen s’était agenouillé près d’elle, assise devant l’ordinateur, et l’avait prise dans ses bras.
« -Pardon. Je ne sais pas ce qui se passe, en ce moment. »
Elle éclata en sanglot.
Dehors, le ciel bleu fut envahi par la pluie.


Kakon poussa Hikari dans la rue, vers Kiyoshi.
La jeune femme s’était mise d’elle-même en pilotage automatique ; elle avait trop mal pour faire quoi que se soit.
Aussi, c’était Kakon qui avait pris la situation en main.
C’est donc Kakon qui la força à frapper à la porte de Kiyoshi, puis à lui effacer la mémoire.
Si tout cela est raconté succinctement, c’est que ce ne sont que des suppositions. Hikari ne se souviendrait pas de cette journée, passé le moment où elle avait quitté Shinjoo. Et, de manière tout à fait logique, Kiyoshi ne s’en souviendrait pas non plus.
Kakon ramena la jeune femme dans son appartement, présence à la fois invisible et palpable dans le corps d’Hikari.
Elle s’écroula sur son lit.
Et pleura toutes les larmes de son corps, sans vraiment savoir pourquoi.
Il ne lui avait même pas dit « je t’aime ».
Et à vrai dire, il n’y en avait pas eu besoin. C’était tellement évident.
Et maintenant... il l’avait oublié.
Elle avait gagné.
Mais elle avait perdu, bien plus.


« -Tohru ? Tu rentres déjà ? »
Kyo se tenait sur le perron. Il regardait la forêt, les yeux dans le vague, quand elle était arrivée.
Il ne savait plus comment se comporter avec elle.
Yuki avait paru certain de son fait quand il lui avait assuré que Tohru était amoureuse de lui. Mais il s’était trompé, Kyo en était sûr.
Tohru leva la tête vers Kyo.
« -Kyo-kun...
-Oui ? »
Elle prit son courage à deux mains.
Il fallait qu’elle le dise.
« -Kyo-kun... je... je...
-Tu ? »
Kyo rougit. Il n’osait même pas espérer... et si Yuki avait eu raison ?
Tohru, empourprée, se tordait les mains.
« -Kyo-kun, finit-elle par lâcher, je... je... je t’aime. »
La jeune fille leva ses grands yeux bruns, et ils rencontrèrent ceux, rouge sang, de Kyo. Le regard de ce dernier fut d’abord incrédule, puis devint très doux. Très doux, et presque résigné.
Elle avait gagné. Il n’avait pas su lui mentir, pas su la protéger.
Mais ce n’était pas important.
« -Tohru... moi aussi, je t’aime. »


« -Alors... voyons ça... » dit le jeune homme.
Il se pencha sur la photo que Mayuko lui tendait.
« -Wahou ! Que des jolies filles ! s’exclama-t-il, l’air connaisseur. »
Mayuko ne répondit pas ; elle attendait le verdict de l’interne.
« -A mon avis, reprit-il, c’est celle-ci. »
Il avait le doigt posé sur une jeune femme brune, portant un rubis autour du cou.
« -Oui, c’est bien votre Chika. Je m’en souviens car c’était mon premier jour, il a fallu que je garde la pierre précieuse dans ma poche pendant l’opération. »
Mayuko lui adressa un sourire.
« -Merci !
-Attendez ! Tant qu’à faire, je vous donne son numéro de chambre ! »
Il pianota un instant sur le clavier.
« -Chambre 217. Deuxième étage, première cour, septième chambre.
-Merci, lui dit Mayuko.
-De rien... Dites-moi, vous êtes libre ce soir ?
-Désolée, dit-elle, l’air faussement affligée, je vois des amis ce soir... peut-être une autre fois ! »
Et elle s’éloigna, la photo à la main.
Elle trouva assez rapidement la chambre 217, mais hésita quelques minutes devant la porte.
« Bon... je n’ai plus le choix. Pour Hatori. Pour Jôzu. Pour Tohru, Yuki et Kyo. Et pour tous les autres, même ce sale Shiguré. »
Elle posa la main sur la poignée, et la tourna.
A l’intérieur, une jeune fille aux longs cheveux bruns était allongée. Sur la table de nuit, à côté d’elle, il y avait un rubis.
Alors, sans savoir pourquoi, Mayuko attrapa la pierre, et, délicatement, la rattacha au cou de sa propriétaire.
Chika battit des paupières, puis les ouvrit complètement.
Au-dessus d’elle, il y avait le visage volontaire d’une inconnue.
« -Est-ce que c’était... Juste un rêve ? »
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posté Jan 12 2006, 07:32 PM
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Rêves et cauchemars




Partie II : Mirages et déceptions


Chapitre 1 : Où l’un garçon ment à sa meilleure amie
Asahi sortit la tête de son armoire. Elle venait à peine de finir son sac, et déjà quelqu’un frappait à sa porte.
« -Oui ? »
Onen rentra dans la pièce, fourrageant ses cheveux châtain clair.
« -Tu es prête ?
-Oui oui.
-Bon... On y va, alors ? »
Elle lui sourit doucement.
« -Ca n’a pas été facile de convaincre maman, reprend-elle.
-Plus facile pour toi que pour moi. Toi, Sakura était au courant, pour ton pouvoir.
-Oui, effectivement... »
Il grimaça. Mieux valait ne pas parler de ça.
Onen attrapa le sac d’Asahi, sortit de la chambre puis descendit quatre à quatre les escaliers, pendant que la jeune fille récupérait quelques livres, pour l’avion, puis le rejoignit.
En bas, Sakura, la mère de Shinjoo et d’Asahi, serrait Onen dans ses bras. Elle lui chuchota quelque chose à l’oreille ; quelque chose qu’Asahi n’entendit pas.
Puis elle sourit à sa fille et l’embrassa.
« -Tu sais, c’est toujours dur pour une mère de laisser partir ses enfants... Surtout quand on n’est pas sûre de les revoir. »
Asahi la serra contre elle de toutes ses forces.
« -Ne t’inquiète pas, dit-elle. Je reviendrai. »
Puis elle hissa son sac sur son dos, prit la main d’Onen, puis sortit.
« -Adieu, maman, souffla-t-elle pendant qu’Onen serrait sa main plus fort. »


« -Hoshi ? »
La jeune fille se figea. Une main, très blanche, venait de s’abattre sur son épaule. L’adolescente se retourna, et croisa de grands yeux bruns. Ils étaient accompagnés d’un beau visage très doux, de cheveux blonds et bouclés et du corps d’un garçon de seize ans assez mince.
Hoshi ouvrit de grands yeux. Il lui fallut quelques secondes pour digérer les informations suivantes : un garçon venait de poser sa main sur son épaule ; il était très beau ; il l’avait appelée par son prénom ; elle ne le connaissait pas.
Alors elle détacha la main avec un regard surpris.
« -On se connaît ? »


Onen soupira. Asahi s’était assoupie sur son épaule. C’était mignon... mais pas très agréable.
Le jeune homme se sentait bizarre, ces derniers temps.
En fait, il changeait. Asahi aussi, c’était bien normal, mais il se demandait combien de temps il pourrait encore tenir dans cette situation un peu étrange.
Car même si il ne voulait pas se le dire clairement, il commençait à ressentir autre chose qu’une amitié très forte à son égard, et il s’en voulait.
Elle était sa meilleure amie depuis huit ans.
-Tu es mon voisin, non ? Je t’ai déjà vu...
Une petite main qui s’accroche à une autre, juste un petit peu plus grande...
-Dis, tu veux bien m’aider ? C’est ma première année à la grande école...
Un sourire. Des yeux bleus, très bleus, au milieu d’un visage clair entouré d’une tignasse brun foncé...

Onen passa sa main sur ses yeux.
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’il l’aime ?
Ca avait toujours été comme ça... alors, pourquoi avait-il été incapable de lui dire ?
-Laisse-la ! Je t’interdits de la toucher !
-Tu es qui pour me l’interdire, baka ?
-Je suis... je suis...
-C’est mon meilleur ami ! Dégage, baka ! Je t’ai dit que je ne voulais pas sortir avec toi !

Il retint les larmes. Un garçon, ça ne pleure pas. N’est-ce pas ?
Non...
Et puis, il était le cadet... Alors, depuis toujours, son frère aîné était le plus drôle, son petit frère le plus mignon... Lui, il avait toujours été premier sans effort, il retenait toujours tout... Est-ce que c’était cela qui avait lassé ses parents, le fait d’avoir un fils incollables, plus intelligent qu’eux ?
-Moi, je pense que tu es le meilleur, Onen ! Tu es mon préféré ! Mon meilleur ami ! Alors, ne pleure pas !
De nouveau, une petite main...
Mais...
-Merci...

-Asahi...


Momiji fixa un instant Hoshi.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? »
« -Hoshi, c’est moi... Momiji... »
La jeune fille le regarda d’un œil bizarre, mi-étonné, mi-effrayé.
« -Je crois que vous faîtes erreur, dit-elle avec lenteur. Je ne vous connais pas. »
Puis elle sourit.
« -Désolée, je suis pressée ! »
Et elle partit d’un pas vif.
Momiji resta sur place, suivant la silhouette des yeux, comme pour mieux la graver dans sa mémoire.
Elle était petite et mince, avec de longs cheveux blonds lâchés dans son dos. Il revoyait encore ses yeux mauves, deux jours auparavant...
-Momiji... Tu sais, je crois que je suis amoureuse de toi...
Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu l’oublier ?
C’est alors que le jour se fit dans l’esprit de Momiji ; il n’y avait qu’une seule solution : on lui avait effacé la mémoire.
« Hatori... tu vas me le payer. »


Asahi se retourna. Elle avait entendu son nom...
« -Onen ?! Que se passe-t-il ? »
Il la fixa un instant, et avec ses yeux si bleus encore endormis, elle était si jolie qu’il dû détourner le regard. Sinon, il n’aurait pas pu s’empêcher de l’embrasser, il le savait.
« -C’est rien, Asa. Rendors-toi.
-Non. Dis-moi ce qu’il se passe. »
Onen soupira. Quand la jeune fille se butait, comme c’était le cas en cet instant, il pouvait y en avoir pour des heures...
« -Asa. Je...
-Dis-le moi, O-chan. »
Alors, sans vraiment savoir pourquoi, il prit le visage d’Asahi entre ses mains et plongea ses yeux noisette dans ceux de sa meilleure amie.
« -Je ne pense pas que tu veuilles le savoir. »
Puis il la lâcha et se détourna d’elle, regardant à travers la vitre, pour cacher ses larmes.
Asahi se mordit la lèvre. Il y avait un problème. Mais lequel ?
Onen n’aurait jamais agit comme ça, avant...
Son cœur s’emballa.
« -Chers passagers, nous traversons actuellement une zone de turbulences, vous êtes priés d’attacher vos ceinture. »


« -Est-ce que c’était... Juste un rêve ? »
Chika fixait l’inconnue, comme pour se raccrocher à ses prunelles, pour être sûre de ne pas tomber en entendant la réponse...
La jeune femme en face d’elle sembla hésiter un instant.
« -Non, dit-elle d’un air déterminé. Ce n’était pas un rêve. »
Chika soupira de soulagement.
« -Donc... les Soma... leur... »
Elle s’arrêta subitement.
« -Je suis au courant, soupira Mayuko, songeant qu’il aurait été beaucoup plus simple pour elle de ne pas l’être. La malédiction.
-Oui... Vous faîtes partie de ceux qui écoutent leurs rêves ? »
Mayuko s’assit sur une chaise, étudiant les différentes réponses qu’elle pouvait donner. Elle ne faisait pas partie de ceux qui écoutaient leurs rêves, mais...
« -Je suis une alliée, décida-t-elle.
-Parfait, dit Chika. »
Cette dernière ne semblait pas du tout sortir du coma. A vrai dire, elle avait l’air en pleine forme et très résolue.
Les deux jeunes femmes se jaugèrent mutuellement du regard, puis se sourirent.
C’est à ce moment que la porte s’ouvrit brutalement.
« -Bonjour, dit une voix légèrement rauque, une voix que Hoshi aurait invariablement qualifiée de « sexy ». »


Chapitre 2 : Où les souvenirs refont surface
Kiyoshi se jeta de l’eau sur le visage, encore endormi. Pourquoi se sentait-il si brumeux ? Alors qu’hier encore...
Il poussa un cri.
Quelque chose était dans sa tête. Il perçu le bruit de quelque chose qui se ferme, à l’intérieur de son cerveau, presque nettement.
Sa mémoire, il s’en doutait.
Car ce que Kakon ne savait pas, c’était que, si l’on peut effacer la mémoire du Souffleur de rêves, lui peut en avoir conscience.
Kiyoshi appuya sa figure à la vitre froide, fatigué.
Bon. Que pouvait-il déduire de tout cela ? Deux choses : la première était que seules deux personnes pouvaient lui effacer la mémoire. Hatori Soma, ou bien... « son autre ».
De plus, pour qu’on lui efface ce qui faisait partie intégrante de lui-même, il fallait qu’il ait trouvé quelque chose.
Donc, il pouvait en tirer la conclusion suivante : soit il avait été découvert par les Soma, soit son « autre » avait jugé bon de le mettre hors d’état de nuire pour un temps.
Dans l’esprit de Kiyoshi, une porte s’était fermée.
Mais une autre venait de s’ouvrir.
Alors, un nom vint, tout naturellement, à lui.
« -Hikari... souffla-t-il. Hikari Hinikou. »
Tout d’un coup, il se souvenait d’elle. Il l’avait rencontré dix ans plus tôt, au monastère...


« -Yun-Yun, tu fais quoi pour tes vacances ? »
Yuki se tourna vers Manabé.
« -Tu te moques de moi ? On est en novembre ! A part le jour du travail la semaine prochaine, il n’y a rien ! »
Manabé soupira, enfonçant davantage ses mains dans ses poches.
« -Je te parle des vacances d’été, Yun-Yun... soupira-t-il, comme s’il parlait à un baka. »
Yuki regarda son second avec stupeur.
« -Manabé... Les vacances d’été, c’est dans plus de six mois !
-Et alors ? »
Manabé fixa Yuki un instant.
« -En fait, je voulais savoir... Tu voudrais partir en vacances avec Machi et moi ? »


Kiyoshi se dirigea vers la cuisine. Il avait faim.
Il savait que courir après son souvenir ne lui ferait pas retrouver celui-ci, alors il le laissait libre de venir.
Les souvenirs, comme les idées, ça va et ça vient, il est inutile d’essayer de les attraper.
Alors il s’assit calmement par terre, pour manger son riz et les deux trois raviolis qui traînaient au fond du frigo. Maniant les baguettes avec dextérité, il engloutit son repas à toute vitesse, car –qui l’eut cru ?- quand Kiyoshi avait faim, il pouvait être complètement dirigé par son estomac.
« Hikari Hinikou... »
Et tout d’un coup, il la revit.
Il n’était même pas bonze, à l’époque - c’était juste un galopin hantant le monastère -. Il l’avait rencontrée un jour d’hiver, quand il ramenait un rouleau à son maître.
Elle était jeune, comme lui, et ne devait pas avoir plus de dix ans. Elle avait d’immenses yeux noirs et de longs cheveux de jais, très lisses. Ses vêtements, de bonne facture, étaient en lambeaux. Elle l’avait regardé, sans froideur, sans chaleur. D’un regard vide.
Puis elle lui avait parlé.
« -Il y a une voix à l’intérieur de moi, avait-elle dit. »
Puis elle s’était tue, et Kiyoshi l’avait amenée à son maître.
Celui-ci l’avait regardée, puis avait secoué la tête.
« -Trop tard... trop tard... A toi de le repousser, mon enfant.»
Il avait l’air de souffrir profondément.
Elle avait fixé le vieil homme replet un instant, puis était partie, comme elle était venue, ne laissant tomber derrière elle qu’un petit papier rectangulaire. Elle s’en aperçu, mais ne prit pas la peine de le ramasser, et s’éloigna très vite, sans un mot.
Sur la carte, il y avait écrit :
« Hikari est fière de vous annoncer la naissance de son petit frère Hiromu. »
Puis, une date. Et une adresse.
Evidemment, le jeune homme ne se souvenait ni de la première, ni de la seconde. Il n’avait pas la mémoire des chiffres, et son sens de l’orientation dans Tokyo n’était dû qu’au guide qu’il avait apprit par cœur l’année précédente.
Il sourit. La première chose à faire, c’était de retrouver l’adresse. La carte était sans doute dans l’ancienne chambre de son maître, au monastère. Les moines avaient été incapables de la vider.


Kagura s’approchait doucement, elle n’était pas pressée. Serrant son sac-chat dans ses bras, elle marchait vers la maison de Shiguré avec bonne humeur.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu Tohru, Shiguré et Yuki. Et Kyo... surtout Kyo...
La jeune fille pénétra dans le jardin, puis retint un cri de douleur et de déception.
Devant elle, Kyo et Tohru s’embrassaient.
Elle les fixa, pendant quelques courtes secondes qui lui parurent une éternité, et croisa le regard de Tohru qui fit un bond en arrière.
Kyo se retourna.
« -Kagura... »
Trop tard : l’interpellée venait de s’enfuir en courant, essuyant ses larmes. Même si elle s’en doutait, même si elle savait que ça devait arriver, elle avait mal.
Très mal.
C’est alors qu’elle percuta de plein fouet un jeune homme.
Par chance, celui-ci portait un grand carton ; par chance encore, il lâcha son carton et retint Kagura du bout des doigts, ce qui permit à la jeune fille de se relever sans encombres et surtout sous forme humaine.
Le jeune homme lui sourit. Il avait les cheveux et les yeux noirs, et les dents très blanches.
« -Salut, lui dit-il. Puis il s’aperçut qu’elle pleurait, et reprit : Que se passe-t-il ?
-Manabé ! hurla une voix furieuse. Pourquoi as-tu tout mis par... »
Yuki dévisagea Kagura.
« -Bonjour, dit-il, surpris. »
Il la regarda attentivement.
« -Pas besoin de me dire ce que tu as vu, conclut-il en soupirant. »
Il détourna le regard de sa cousine, les yeux dans le vague.
« -Je comprends tout à fait ce que tu ressens, Kagura. »
Manabé, voyant que l’ambiance était à la nostalgie, prit alors la parole :
« -Bon... et si on allait boire quelque chose de chaud ? Hum ? »
Il attrapa Kagura d’une main et Yuki de l’autre.
« -Eh, cria ce dernier, et les cartons ?!
-Ils sont très bien là où ils sont, décréta Manabé. »


Chapitre 3 : Où il y a beaucoup de gifles, de larmes et d’hésitations
Hiro arriva quand Kisa se chaussait, assise sur la marche devant sa maison.
Il la regarda un instant, avec son carré de cheveux miel tombant devant son visage, et se dit qu’elle devenait de plus en plus jolie.
« -Bonjour, dit-il, d’un ton un peu abrupt en se laissant tomber près d’elle. Tu allais quelque part ?
-Oui, répondit-elle, voir grande sœur. Pourquoi ?
-Je voudrais te parler. »
Kisa leva la tête vers Hiro, lentement.
« -Oui ? Qu’est-ce qu’il y a, Hiro-chan ?
-Je... le mouton se mordit la lèvre. On peut aller quelque part ? Je veux dire, ailleurs que chez ce pervers de Shiguré ? »
Il fuit le regard interrogatif de Kisa.
« -D’accord, dit celle-ci. J’irais voir Tohru après. Tu viendras avec moi ?
-Parfait, dit Hiro avec soulagement en hochant la tête. Je connais un salon de thé génial, on y sert des pâtisseries délicieuses. Ca te va ?»
Kisa lui sourit. Puis elle lui prit la main et ils partirent vers le centre-ville.


Hikari se releva péniblement. Elle s’était jetée sur son lit en début de soirée, et n’en avait pas bougé depuis. Il devait être environ vingt-trois heures... et quelqu’un frappait à sa porte. Sans le vouloir, elle pensa à Shinjoo et son cœur bondit dans sa poitrine. Elle courut presque jusqu’à la porte, pour n’y trouver qu’Akito, l’air peu amène.
Cette dernière s’engouffra dans l’appartement, apportant avec elle un peu d’air glacé, puis referma la porte avec force.
Alors, sans préavis, elle gifla Hikari.
Hikari, qui, malgré l’état dans lequel elle se trouvait, lui rendit sa gifle accompagnée d’une jumelle.
« -Comment as-tu osé ? hurla le chef de la famille Soma. »
Hikari éclata alors d’un fou rire totalement innocent. Elle avait devant elle une belle jeune femme déguisée en homme avec deux marques de mains sur ses joues pâles et la fureur imprimée sur le visage. Le spectacle était, dans un sens, hilarant.
Alors, Akito se mit à rire, elle aussi. Depuis quand n’avait-elles pas ri de cette manière, l’une comme l’autre ?
Hikari, depuis une dizaine d’années. Akito, peut-être jamais.
« -Viens, dit l’envoyée de Kakon en à Akito, sans plus de cérémonie et en s’essuyant les yeux. Je vais faire du thé. »
La jeune femme suivit celle qui était censée l’aider à conserver la malédiction, mais avec l’air boudeur.
Elle s’en voulait d’avoir ri de cette manière devant quelqu’un, qui plus est quelqu’un qu’elle n’aimait pas.


Arisa enleva son chemisier avec rapidité. Elle n’aimait que moyennement se changer avec d’autres personnes à côté, même si c’étaient des filles.
Elle sortit du restaurant rapidement.
Bon... elle souffla.
Il faisait froid, dehors. On était déjà en hiver. Et en plus, il faisait nuit.
Elle remonta son col, et se dirigea vers le super marché dans lequel elle travaillait, avant, pour s’acheter un bento chaud.
Elle s’engouffra à l’intérieur, en s’efforçant de ne pas penser que c’était là qu’elle l’avait rencontré.
Là qu’elle l’avait vu, la première fois.
Choisissant au hasard un plateau repas, elle paya puis sortit. Alors, ses pas sans but la menèrent vers l’appartement qu’elle habitait avec son père.
Arisa s’arrêta brusquement. Le bento tomba.
Devant elle, il y avait un homme. Un homme qu’elle connaissait.
Kureno se pencha et ramassa le plateau repas.
C’est sans doute pour cela qu’il ne put éviter la gifle d’Arisa.


Akito reposa la tasse de thé, calmée. Hikari lui fit un petit sourire, que la jeune femme lui rendit.
Elles se sentait étranges, toutes les deux.
Hikari car Kakon était parti, puisqu’il avait gagné. Donc, Hikari avait les idées claires, et elle était malheureuse, à cause de Shinjoo. Elle ne savait pas vraiment quoi faire, étant donné qu’elle se doutait bien qu’elle ne le reverrait jamais. Et puis, comme Kakon avait complètement quitté son corps, elle ne sentait plus peser sur son cœur de trop lourds pouvoirs.
Kakon était parti... mais pour combien de temps ?
Akito car la jeune femme qu’elle avait en face d’elle était très différente de d’habitude.
« -Pourquoi, reprit celle qui représentait le Dieu du Junishii, as-tu effacé la mémoire d’Hatori ?
-Il avait entendu Tohru parler de ceux qui écoutent leurs rêves.
-Quoi ?! Tohru Honda, cette petite traînée, fait partie de ces imbéciles qui ont essayés de briser ma malédiction ?
-Eh bien, oui. Je pensais que tu le savais. Elle a une aura de bonheur très intense.
-Je ne ressens plus les auras des gens depuis longtemps déjà, dit Akito.
-Depuis que Kureno s’est libéré ? »
Il y eut un blanc.
« -Oui, laissa tomber Akito. »


Kureno porta, par réflexe, sa main à sa joue, et le bento tomba de nouveau par terre. Mais cette fois-ci, il y resterait.
Devant lui, Arisa pleurait.
« -Ca, c’était pour n’avoir rien dit ! Je te déteste ! »
Il la regarda avec attention.
« -C’est faux. »
Elle leva ses yeux pleins de larmes vers lui.
« -Pourquoi ? Pourquoi as-tu attendu si longtemps ? »
Puis elle réalisa soudain qu’elle ne lui avait jamais donné son adresse, et qu’elle avait changé de travail.
« -Comment m’as-tu retrouvée ? balbutia-t-elle.
-Je t’aime, dit-il trop doucement pour qu’elle l’entende, tout en la prenant dans ses bras. »
Elle se serra contre lui.
« -Tu as mangé ? lui demanda-t-il.
-J’avais acheté un bento, dit-elle, légèrement ironique.
-Je t’invite ? »
Elle le jaugea du regard.
« -Oui, décida-t-elle en lui attrapant le bras pour le conduire dans la direction opposée.
-Des nouilles aux algues ? »
Elle se retourna vers lui, surprise.
« -Tu t’en souviens ? »
Alors il se pencha vers elle, et l’embrassa.


Shinjoo remua, puis se réveilla tout à fait.
« -Hum... »
Il se frotta les yeux. Le jeune homme se sentait vaseux, sans savoir pourquoi. Il n’avait pas bu une goutte d’alcool la veille, il en était certain, et...
C’est alors qu’il aperçut quelque chose par terre.
Un camélia rouge.
Mais... ça venait d’où, ça ?
Et... qu’est-ce qu’il s’était passé ?
C’est alors qu’il s’aperçut avec effarement qu’il ne savait pas quel jour on était, et pire, qu’il ne savait pas ce qu’il avait fait depuis qu’il était au Japon.
Au moment où il allait baisser les bras et renoncer à chercher, la sonnette retentit.


Chapitre 4 : Où le mystère s’épaissit
Manabé les avait entraînés rapidement, pour ne pas leur laisser le temps de protester vraiment. Yuki s’était débattu et son ami l’avait laissé ; cependant, Kagura avait serré très fort la main du jeune homme, comme pour se raccrocher à quelque chose de concret. Les larmes coulaient toujours sur le joli visage de la maudite, mais elle paraissait un peu apaisée, peut-être par le contact rassurant de cette main dans la sienne.
Quand Manabé la lâcha pour ouvrir la porte du café, elle faillit crier, avant de s’apercevoir qu’il les avait amené dans un superbe café au style européen. Elle fit un petit sourire derrière ses larmes, et les deux jeunes gens qui l’accompagnaient lui répondirent par deux sourires chaleureux, bien que les yeux de Yuki soient encore voilés.
Ils s’installèrent tous trois à une table, sans parler.
Puis le serveur arriva et Manabé commanda d’office trois chocolats viennois et des pâtisseries, et retrouva son entrain habituel.
« -Désolé de t’avoir entraîné là-dedans, mais je ne supporte pas de voir une jolie fille pleurer. »
Elle lui sourit de nouveau, rougissant un peu, pendant que Yuki soupirait en pensant que quand même, Manabé avait une petite amie.
« -Kakeru Manabé desu, dit le jeune Japonais en saluant Kagura de la tête.
-Soma Kagura desu, répondit-elle, inclinant à son tour son visage.
-Alors c’est pour ça que vous vous connaissez ? Toi aussi tu fais partie des Soma ? »
Pendant que Manabé faisait la conversation à Kagura, qui semblait aller mieux, Yuki regardait dans le vague, pensant à ce que Kagura avait vu.
« Alors ça y est, il sont réellement ensemble... Tohru... Même si je le savais, je me sens...
Etrangement vide... »
Il soupira, puis but d’un trait son fond de chocolat chaud, un sourire doux et mélancolique sur le visage.


Chika et Mayuko se tournèrent, simultanément, vers l’homme qui se tenait sur le seuil.
Celui-ci enleva le feutre noir qu’il portait pour saluer les deux jeunes femmes, puis s’assit sur une chaise près de la porte avec un sourire léger, presque ironique, pourtant démenti par son regard vert pâle, très doux. Il avait les cheveux châtain clair, légèrement bouclés, et ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans.
Mayuko leva un sourcil, une légère grimace de dégoût sur le visage.
« -Tu as fais vite, remarque-t-elle, tout en songeant « Poseur ! ».
-Oui, répondit Jôzu. »
Puis il fixa Chika droit dans les yeux, pendant de longues secondes. Elle soutint son regard fermement. Elle n’avait rien fait qui mérite jugement. Alors il lui sourit.
« -Je m’appelle Jôzu Ryôte, dit-il. J’ai vingt-cinq ans et je suis kinésithérapeute. Enchanté de vous rencontrer.
-Heishi Chika desu. Je suis étudiante en histoire, et je prépare un mémoire. Et accessoirement, reprit-elle après une courte pause, je tente actuellement de briser la malédiction des Sôma. »
Jôzu eut un léger soupir très distingué. Ses mains fines et blanches jouaient avec son borsalino.
« -C’est incroyable, déclara Mayuko, comme tu peux être hystérique avec tes amis et snob avec les inconnus ! »
Il y eut un blanc, pendant les trois personnes présentes se dévisagèrent.
Puis Jôzu jeta son chapeau en l’air et, hilare, alla faire la bise à Mayuko, pendant que celle-ci riait aux éclats et que Chika souriait franchement.
Derrière la fenêtre, une jeune femme recula dans l’ombre, puis se mit à courir rapidement. Ca y était.


Momiji entra sans frapper, ni même enlever ses chaussures. Il jeta un regard froid à son cousin avant de déclarer :
« -Je te déteste, Hatori. Comment as-tu pu faire une chose pareille ? »
Le médecin leva son regard bleu vers le blondinet, surpris, presque peiné.
« -De quoi parles-tu, Momiji ? »
Les yeux noisette de l’interpellé s’agrandirent de stupéfaction. Puis il dévisagea le généraliste attentivement. Son examen, long de plusieurs minutes, fut conclut par cette simple phrase :
« -Hatori, qui, à part toi, peut effacer la mémoire ? »
Cachée dans un bosquet, une jeune fille étouffa un rire, puis écouta de nouveau la conversation. Elle était sur la bonne piste.


« -Kagura ! cria Tohru. »
Elle se précipita derrière la jeune fille, mais Kyo la retint.
« -Laisse, dit-il. Elle s’en doutait.
-Mais...
-Chut... Si quelqu’un doit arranger les choses, c’est moi. Ecoute, Tohru. Je ne sais pas si c’est une bonne idée qu’on se... qu’on se... » Le jeune homme était cramoisi. « Je pense que c’est mal d’aimer quelqu’un comme moi ! Je ne vais t’apporter que du malheur ! »
Alors, contre toute attente, Tohru éclata d’un rire très doux.
« -On dirait Saki, lors de notre première rencontre, dit-elle, avec un sourire. Mais tu sais, Kyo-kun... Moi, je t’aime. Et maintenant que je sais que c’est réciproque, je ne vais pas faire autrement que l’assumer. Peut importe ce que cela implique. Je me battrai pour... »
« Briser la malédiction. »
La jeune fille tomba inanimée sur le sol, avant d’avoir finie sa phrase.
« Briser la malédiction... Le souffleur de rêves... Tu iras voir le souffleur de rêve et tu lui diras... Ceux qui écoutent leurs rêves... Dieu... Minamoto... Un temple... et... un nuage noir... »
Assis sur un arbre devant la maison de Shiguré, un jeune homme sourit. C’était bon.


Le regard d’Hatori passa sur Momiji sans s’arrêter.
« -Deux, lâcha-t-il. Elles... et moi.
-Qui sont Elles ? demanda Momiji. »
Hatori réprima un frisson.
« -Celles qui sont là pour notre malédiction. »
Cachée dans les massifs, la jeune fille frissonna, elle aussi. Cet homme en savait beaucoup... Et elle, elle en savait assez, maintenant.
Elle se leva, puis rejoint le point de rendez-vous.


Chapitre 5 : Où l’on fait connaissance avec trois jeunes gens étranges
Iwao sauta prestement de l’arbre dans lequel il se trouvait au toit de la maison de Shiguré. Une fois là, il attendit. Sous ses pieds, dans la chambre de la jeune fille brune qu’il avait identifié comme étant Tohru Honda, il entendait le rouquin – Kyo, c’était bien ça ? – la mettre au lit.
Iwao se cala confortablement sur le toit et attendit. Si il l’avait voulu, il aurait pu entrer, mais cela aurait été briser l’intimité de ces deux amoureux, et il ne pouvait pas faire ça. Le jeune homme aux cheveux noirs ferma un instant ses yeux bleus nuits bridés sur ce qui l’entourait. Il était fatigué. Il s’était encore disputé avec Hitogara. Et seuls les dieux, ainsi que Dantoo, pouvaient savoir à quel point elle était éreintante, fâchée.
Mais bon. Il avait eu de la chance, cette fois-ci. Elle avait juste dévasté la pièce, et pas toute une aile de la maison, ce qui aurait posé quelques problèmes avec l’oncle de Dantoo.
Au moment précis où Iwao rouvrait les yeux, Kyo monta sur le toit. Etrangement, il remarque Iwao.
« -Sortez de là, dit Kyo, calmement. »
Iwao sursauta. Comment avait-il pu le voir ? Il était invisible, pourtant... Puis il décida de se monter. Il s’avança vers Kyo très doucement. Celui-ci s’était mis en position de combat. Quand le jeune homme brun se trouva juste dans l’axe de Kyo, il redevint visible. Le chat sursauta et faillit sauter en arrière.
« -Salut, dit Iwao comme si il était normal d’apparaître brusquement devant quelqu’un. Tu es doué, continua-t-il. Tu es la première personne à me remarquer depuis dix ans. »
Kyo ouvrit de grands yeux, puis décida que le gars était sympathique. De toute façon, il pourrait quand même lui mettre une raclée après, si il le fallait.
« -Facile, lâcha le chat. J’ai senti ton aura. Je suis un pro des arts martiaux.
-Parfait, répliqua Iwao. »
Et il envoya son pied dans l’estomac de Kyo. Qui répliqua en faisant un salto arrière pour frapper son adversaire sur le dos de la tête.
Les deux jeunes hommes se sourirent. La glace était brisée.
« -Bon, dit Iwao. Il faut que j’y aille, là. Juste deux choses : un, tu ne m’as pas vu ; deux... fais attention à Honda. L’amour est une chose précieuse. Alors, préserve-la. »
Kyo n’eut même pas le temps de cligner les yeux que déjà l’étrange garçon avait disparu.
Le chat cru entendre un rire léger dans le vent... Non, il s’était trompé. Sans doute.
Il secoua la tête, puis rentra à l’intérieur, en pensant à fermer la fenêtre.


Onen sonna de nouveau, énervé, en tapant du pied, pendant qu’Asahi chantonnait des paroles sans queue ni tête sur l’air de « Tout va bien, Madame la marquise ». Cela donnait quelque chose du genre : « Mon frère est un baka, mon frère est bêêêête ! Il n’arrive pas à se lever quand il a bu toute la soirée... » .A l’intérieur, il entendit quelqu’un se traîner jusqu’à la porte, puis l’ouvrir.
Shinjoo se tenait devant eux, l’air particulièrement vif et frétillant. Asahi soupira.
« -Tu devrais arrêter de boire, dit-elle à son frère. Tu as des réveils difficiles quand tu te couches soul. »
Onen poussa Shinjoo, complètement éberlué, pour passer avec leurs bagages.
«-Bonjour, dit le jeune homme au cheveux bleus. Qu’est-ce que vous faites là ? »
Asahi et Onen se regardèrent. Puis, résignés, ils se tournèrent vers l’ordinateur de Shinjoo, comme si c’était la faute de la machine.
«-A vrai dire... commença Asa.
-On est venu parce que tu allais te faire bouffer, continua Onen.
-Et apparemment, c’est déjà fait, conclu Asahi. »
Les deux adolescents se laissèrent tomber sur le lit. Ils venaient à peine d’arriver que déjà il se passait des choses étranges. Tout d’un coup, les dix heures de vol leur retombaient dessus.


Dantoo disparu du manoir Soma en silence, comme elle était venue. Pourtant, il était très dur pour la jeune fille de rester silencieuse...
Une fois dehors, elle se dirigea vers le manoir de sa famille à elle.
La jeune et jolie lycéenne n’avait pas l’habitude de faire ce genre de mission, seuls Hitogara et Iwao s’en occupaient généralement, mais il était si rare qu’on la laisse sortir seule qu’elle n’avait pu que sauter sur l’occasion.
Et ce qu’elle avait appris l’étonnait au plus haut point. Le dragon des Soma en savait beaucoup. Il avait parlé d’elle. D’accord, il ne la connaissait pas, mais quand le lapin lui avait demandé qui pouvait effacer la mémoire à part lui, il avait parlé de plusieurs femmes. Et il avait raison : la première était Dantoo... et la seconde l’envoyée de Kakon.
Il étaient trois à pouvoir effacer la mémoire. Et selon la prophétie, il y en avait un de trop.
Ramenant ses longs cheveux blonds foncés vers son épaule, elle les tressa rapidement. Puis elle marcha plus vite, faussement gaie. Elle n’allait pas loin. Et pour cause : le manoir des Soma était situé en frontière de Tokyo, dans un quartier résidentiel et très cher. Et elle aussi elle habitait là. A vrai dire, le mur entourant la propriété des Soma touchait celui des Shiroi. Famille à laquelle Dantoo appartenait.


Yuki lança la pierre dans l’eau, violemment. Sans savoir pourquoi, il était énervé, profondément. Mais soulagé aussi. La boucle était bouclée. Tohru aimait Kyo et Kyo l’aimait. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alors pour quelle raison avait il si mal ?
Il s’assit au bord du fleuve. Une demi-heure plus tôt, il avait quitté Kagura et Manabé. Ce dernier raccompagnait la jeune femme chez elle. Ils avaient passé la soirée à flirter, Yuki en était écoeuré.
Et la petite amie de Manabé, dans tout ça ? Et Kyo ? Kagura l’aimait assez, trois heures auparavant, pour partir au hasard et en pleurs en le voyant avec une autre. Et maintenant ?
Le jeune homme soupira. Il était déficient, sentimentalement parlant. Depuis toujours. On lui avait tout apprit de travers, dès le début.
Le rat surprit une larme sur sa joue.
Il ne comprenait plus rien. Alors, une main s’abattit sur son épaule. Le jeune homme se retourna brusquement, et croisa les yeux gris de Machi.
« -Je me disais bien que c’était toi, déclara-t-elle. »
Puis, sans plus de cérémonie, elle s’installa près de Yuki, sur le bord du quai, presque les pieds dans l’eau.


Hitogara se laissa doucement tomber du toit pour glisser jusqu’à la véranda puis pénétra dans le salon. Elle pensait être la première, elle se trompait. Dantoo et Iwao l’attendaient, devant une sitcom américaine particulièrement passionnante : Paméla venait de quitter Brad, lequel Brad s’était empressé de la remplacer par Jo, jeune femme téméraire, sans doute le personnage le moins idiot de toute la série, ce qui était surprenant de sa part.
« -Jo ressemble à Hitogara, tu ne trouves pas ? demanda Iwao à Dantoo. »
Il ne sentit pas le coup venir. Elle l’avait frappé derrière la tête, très fort.
« - Ne m’insulte pas, siffla la jeune fille. »
Iwao soupira. Ca recommençait.

Dantoo retint un rire. Ca recommençait.
Hitogara fulminait, devant un Iwao sûr de son fait.
La jeune fille blonde observait son amie hurler sur le jeune homme. Celui-ci répondait.
« - Trois, deux, un... compta à mi-voix Dantoo. »
La télé explosa, et avec elle les acteurs de la sitcom.
Hitogara était à présent entourée d’un nuage de colère, et ce n’étais pas une image. Autour d’elle et d’Iwao, qu’elle tenait maintenant par le col, une fumée rouge se profilait.
Les yeux de la jeune fille avaient virés au rouge sombre, signe d’une grande colère. Avec ses cheveux courts et noirs méchés de rouge et son blouson de cuir foncé, elle faisait presque peur. Presque seulement.

Iwao finit par accepter cette évidence : il avait fâché Hitogara, comme d’habitude. Et maintenant, elle le tenait par le col.
« Note, pensa-t-il : avant de dire quelque chose sur Hito-chan, vérifier qu’elle n’est pas derrière. »
Alors le jeune homme fit la seule chose à faire dans des cas comme ceux-là : il se jeta aux pieds de la jeune fille, hurlant qu’il ne le ferait plus.
C’était évidemment faux. Mais c’était si comique qu’après ça, même Hitogara ne pouvait plus se fâcher.


Chapitre 6 : Où les amnésiques ont des doutes
Arisa sourit à Kureno. Il l’avait raccompagné jusqu’à chez elle.
« -Merci... souffla-t-elle. »
Il se pencha et l’embrassa, tout en la serrant dans ses bras, fort, très fort. Il avait tant cru ne jamais la revoir... mais grâce à Tohru, cela avait été possible.
Kureno pensa au petit papier, dans sa poche... celui sur lequel les coordonnés d’Arisa étaient inscrits...
Une fois le baiser fini, elle s’apprêtait à remonter quand elle lui demanda :
« -Tu rentres chez toi ? Je veux dire, tu habites où ? »
Kureno cligna des yeux. Il n’y avait pas pensé avant mais... il était parti sans autorisation, et sans prévenir personne. Quand il rentrerait, Akito se déchaînerait. Et puis... à vrai dire...
« -Je n’ai pas de chez moi, dit-il. Mais ne t’inquiètes pas, hein ? »
Il poussa un cri de douleur, coupé en plein élan par un coup de pied d’Arisa.
« -Je ne m’inquiète pas, bougonna-t-elle, lui tournant le dos. »
Puis elle se tourna vers lui.
« -Monte. Ce n’est pas très grand et il y a déjà mon père, mais... »
Elle ne le laissa pas choisir. Empoignant la main de l’ancien maudit, elle monta quatre à quatre les étages.
Kureno soupira, un sourire mélancolique flottant sur son visage. Maintenant, il était bel et bien en fuite.


Jôzu avait été très efficace, comme toujours. En sa qualité de médecin, il avait fait sortir Chika de l’hôpital en lui épargnant de nombreux examens, ce dont la jeune fille lui était grée, bien que Mayuko ait lourdement insisté pour que les praticiens s’occupent d’elle.
Ils se trouvaient maintenant tout trois chez Chika, qui leur servait du thé. La propriétaire des lieux posa la théière, puis inclina la tête et joignit les mains, faisant une courte prière.
« -Si ce n’est pas indiscret, qui priez-vous ?
-Minamoto, répondit Chika. Jusqu’à peu, je ne priais pas. Mais... je me dis qu’elle... qu’elle risque d’intervenir. »
Mayuko la regardait en silence, cette belle jeune fille qui avait l’air si assurée, et qui à présent cherchait ses mots.
Quant à Jôzu, il commença par écraser sa cigarette dans le cendrier que Chika avait mis à sa disposition ; puis, il sortit des lunettes ovales de sa poche et les chaussa. Ainsi, il paraissait beaucoup plus mûr. Mayuko avait raison : une fois la glace brisée, le jeune homme agissait avec énormément de naturel et de gentillesse.
« -Dites-moi, Chika-san...
-Ne m’appelez pas Chika-san ! Je suis plus jeune que vous !
-Très bien, dit-il avec un sourire. J’accepte d’utiliser chan si tu m’appelles par mon prénom.
-Parfait, répliqua-t-elle. Jôzu-kun, continue, je te prie.
-Chika-chan, recommença-t-il, tu ne serais pas en train de... je veux dire, tu vois le passé, c’est cela ton pouvoir. Et si j’ai bien compris, tu vois à présent les souvenirs des gens. Mais... j’ai l’impression que pendant ton coma... enfin... »
Il se massa la tempe du bout de son doigt fin, l’air un peu troublé. Dans la pièce, la tension était presque palpable. Mayuko, qui était en train d’allumer une cigarette de Jôzu, s’était arrêtée, le briquet allumé en main. Chika, qui s’apprêtait à boire, avait suspendu son geste.
« -Tu ne te mettrais pas à voir le futur ? »
Et, de manière, parfaitement synchrone, le verre, le briquet et la cigarette tombèrent.


Kyo et Tohru se dirigeaient, lentement, vers le lycée. Depuis son évanouissement de la veille, la jeune fille parlait peu, et le neko respectait son silence.
Tohru était tracassée par les images qui s’étaient imprimées sur sa rétine et la voix, douce et féminine, qui avait résonnée à son oreille la veille. Mais l’image qui la troublait le plus, c’était ces deux yeux bleus pailletés d’argent, au regard si profond et si...
Elle sursauta. Quelqu’un l’appelait.
« -Tohru ! hurla Arisa. Tête d’orange ! »
La jeune fille blonde courrait vers ses deux amis, le sourire aux lèvres.
« -Uoh, dit Tohru. Comment vas-tu ?
-Ne m’appelle pas tête d’orange, grogne Kyo.
-Ne sois pas si intime avec Tohru, répliqua Arisa, ce qui eut pour effet de faire rougir les deux amoureux. Eh, continua la lycéenne, j’ai touché juste ? »
Elle éclata de rire, secouant ses cheveux.
« -Allons-y, dit-elle. Saki doit nous attendre. Et aujourd’hui, on va enfin voir le frère de Mei.
-Mei ? demanda Kyo, largué.
-Voyons Kyo, la nouvelle qui est arrivée il y a trois semaines, dit Tohru. »
Un instant, celle-ci avait eu l’image très nette de sa camarade de classe en train de boire un café avec elle. Mais quand elle chercha à comprendre, le souvenir s’était déjà volatilisé, et elle l’oublia bien vite.
« -Et son frère doit venir aujourd’hui ? interrogea de nouveau Kyo, pour ne pas être en reste.
-C’est rare que tu t’intéresses autant aux autres, le rouquin, remarqua Arisa. »
Tohru, tentant de calmer le jeu, expliqua que Hoshi Mei avait sauté deux classes et que son frère avait leur âge.


Tanéo entra dans sa classe, stressé. Premier jour, et il arrivait déjà en retard ! Sa sœur l’avait lâchement laissé se débrouiller seul et c’était un miracle qu’il ait réussi à trouver la salle avant la fin de la première heure. Il frappa, puis, n’entendant pas de réponse, entra. A l’intérieur, les élèves se roulaient les pouces. Il n’y avait pas de professeur dans la salle. Et pour cause : Mayuko était encore chez Chika, en pleine conversation avec celle-ci et Jôzu. Mais cela, aucun des élèves ne le savait, bien évidemment.
« -Eh, lança une fille, vous êtes le nouveau, Mei-san ? »
Tanéo acquiesça. Il scruta la salle pendant qu’une parte des filles de la classe se massaient autour de lui. Avec ses longs cheveux blonds retenus en catogan, ses yeux vert pâle et son air rêveur, elles le trouvaient déjà princier. Il repéra sa sœur, assise dans un coin et plongée dans un livre, un garçon aux cheveux argentés qui écrivait à toute allure sur une feuille, un rouquin qui se disputait avec ses voisines, une grande blonde et une fille aux longs cheveux noirs. Et... il la vit, elle. Quand son regard croisa celui de Tohru, il eut la sensation fugace que quelque chose lui échappait. Puis le malaise se dissipa, et il se dirigea vers un bureau libre, devant celui de la fille aux cheveux noirs, écartant machinalement, comme pour une nuée de mouches, les groupies du Prince qui prirent l’air déçu.
« -Bonjour. Je peux m’asseoir là ?
-Bien sûr, répondit la blonde. Tu es le frère de Mei ?
-Oui, répondit Tanéo.
-Toi, dit doucement l’étrange jeune fille aux ongles laqués de noir, toi, tu es comme Hoshi-san depuis ce matin... Il te manque quelque chose. Et... » Saki se tourna vers Tohru. « A toi aussi, il te manque quelque chose, Tohru-kun. »


Chapitre 7 : Où Yuki assiste à un spectacle plus que surprenant
Jiro se releva lentement, sur un coude. Il se sentait extrêmement faible, sans savoir pourquoi. Et pour cause : on venait de lui effacer une grande partie de la mémoire. Mais, comme pour les autres, il restait au fond de lui quelque chose de ces jours passés... Mais l’heure n’était pas à la réflexion. Cherchant à tâtons ses lunettes sur la table de nuit, il s’aperçut bien vite qu’il n’était pas dans son lit, ce qui acheva de le réveiller.
Il ouvrit les yeux. Etant myope, il voyait très bien sans ses lunettes, et ce dans au moins dans un rayon de dix centimètres. D’habitude, il portait des lentilles, mais là, il ne les avait apparemment pas.
Le jeune garçon jura. Selon ce qu’il voyait plus ou moins et sentait sous ses mains, en l’occurrence un tapis moelleux qu’il devinait blanc, il devait être dans le boudoir.
Retrouvant rapidement la posture peu glorieuse mais extrêmement pratique du « à quatre pattes », position que les enfants quittent généralement vers l’âge d’un an, il entreprit de faire méticuleusement le tour du tapis pour retrouver ses binocles, et réussit l’exploit de ne se cogner que deux fois dans la table basse.
Puis il poussa un cri de ravissement : il venait de retrouver l’objet de ses recherches. Avec un sourire peu commun chez lui, il les chaussa et le monde redevint clair.
C’est alors que la porte s’ouvrit violemment.


« -Hoshi ! »
Hoshi se retourna brutalement. Ses cheveux blonds virevoltèrent, accompagnés dans leur mouvement par la sacoche kaki de la jeune fille. Un air mêlé d’inquiétude, de pitié et de peur se peignit sur son visage. Il était dix-huit heures, et elle était seule dans le couloir, la plupart des lycéens ayant fini leur journée.
Elle soupira en voyant le jeune homme blond au sac-à-dos en forme de lapin la rattraper.
« -Laissez-moi, Soma-san ! cria-t-elle. Je ne sais pas pourquoi vous me suivez, mais je ne veux plus... »
Elle s’arrêta, troublée. En face d’elle, Momiji la regardait d’un air très triste. Son regard brun doux était fascinant. Il y avait quelque chose au fond de ses yeux qui paraissait si mélancolique que la jeune fille en rougit.
« -Hoshi... reprit Momiji. Tu m’as vraiment oublié, n’est-ce pas ? »
Il se rapprocha d’elle, et, sans savoir pourquoi, elle frissonna.
« -Hoshi... murmura-t-il à nouveau. »
Et, quand il se pencha vers la jeune fille, saisissant avec douceur son épaule, elle ne se dégagea pas.


« -Vous n’êtes pas douées. » constata Jôzu en regardant le briquet, la cigarette et le verre tomber par terre, avant de vider, affolé, le contenu de la théière sur un document qui avait pris feu à cause du briquet.
« -Mon mémoire ! » hurla Chika, éventant la liasse de papier avec un journal, mais au lieu d’éteindre les flammes, cet évènement les raviva.
Le jeune homme aux cheveux châtains tenta temps bien que mal de calmer Chika, avant de s’apercevoir que sa veste de marque sentait le roussi.
Pendant ce temps, Mayuko, extrêmement calme, avait pris la cigarette de Jôzu et s’était mise à fumer, réfléchissant à l’hypothèse émise par son ami.
« Et pourquoi pas ? Après tout, Tohru est une jeune fille normale, à la base... Je ne me serais jamais douté qu’elle possédait un pouvoir... Et si... si Chika avait un rôle central dans tout cela ? »
La jeune femme blêmit. Une pensée désagréable venait de lui traverser l’esprit.


Jiro tourna la tête vers la personne se tenant dans l’embrasure de la porte. Il rencontra les yeux dorés qu’il voyait si souvent dans son miroir, et soupira, puis se composa le visage de circonstance : un air à la fois ironique et affecté.
« -Mère, dit-il. Bonjour. Que faites-vous ici ? »
Marlène Dosan fixa son fils un instant, puis détourna son regard, et Jiro, confusément, sentit que cela serait toujours comme cela, avec elle.
« -Nous sommes rentrés plus tôt de Viennes que prévu, lui lança-t-elle, presque cruelle. Oda a encore pleuré en voyant que tu n’étais pas venu. »
Elle lui tournait le dos, faisant mine de fouiller la bibliothèque.
« -Tu un mauvais garçon, ajouta-t-elle d’un ton badin. »
Jiro, hors de lui, se précipita sur sa mère et la plaqua au mur.
Il avait douze ans, maintenant. Depuis toujours, sa mère le disait monté en graine ; elle avait raison. Il atteignait le mètre soixante-cinq qu’elle-même dépassait de peu.
Plaçant sa main sur la gorge blanche de sa mère, qui suffoquait, mais essentiellement de rage, il la retourna et planta son regard doré dans celui, identique, de Marlène.
« -Ne me poussez pas à bout, mère, dit-il d’un ton onctueux, les yeux brillant de rage. »


« Et moi... quel rôle ai-je à jouer là dedans ? »
Mayuko, le teint pâle, dû s’appuyer à la table basse pour empêcher le vertige qui la gagnait de la faire tomber.
« Chika et Jôzu supposent que c’est Minamoto qui mène le jeu... mais moi, je fais quoi, dans cette mascarade ? Je ne fais pas partie de ceux qui écoutent leurs rêves ! Je suis... je suis... je suis juste moi ! Mayuko Shiraki, professeur ! C’est tout ! Alors, qu’est-ce qu’on me demande ? »
Et ce qui se passa alors fut tellement surprenant, que, même des années après, Mayuko et Chika se demanderaient toujours si tout cela avait été réel, ou si elles et Jôzu avaient été pris d’un hallucination collective.
Une jeune femme d’une extrême beauté, dans un kimono de soir bleutée, venait de leur apparaître.
Et, plus étrange encore, elle flottait littéralement au-dessus du sol.


Yuki, un dossier sous le bras, se dirigeait vers l’intendance pour faire photocopier la fiche sur laquelle le proviseur lui avait demandé de vanter les mérites des différents clubs extra-scolaires que proposait le lycée. Et la liste de ces activités s’étalait sur trois pages, ce qui permettait de voir le choix dont disposaient les élèves, malheureusement peu emballés.
Et c’est en allant photocopier cette propagande provisoriale qu’il assista à un spectacle qui lui parut inouï.
Devant lui, un garçon blond qui lui tournait le dos embrassait une fille, blonde elle aussi, portant une sacoche de couleur kaki.
Il fallut quelques secondes pour accuser le choc, le second de la journée, après ce qu’il s’était passé en cour le matin même... Il se cacha derrière des casiers, puis réalisa que la fille était la nouvelle, Mei Hoshi, et que le garçon...
Le garçon... Yuki fut pris d’un affreux doute. Combien y avait-il de garçons blonds à Kaïbara ?
Le président du conseil des élèves, combattant sa pudeur, jeta un nouveau regard vers le couple enlacé.
Et il aperçut un bout d’oreille de lapin dépassant du dos du jeune homme.
Pas de doute, c’était Momiji.
Et d’ailleurs, si il ne s’en était pas rendu compte tout seul, la voix de la fille l’y aurait aidé :
« -Momiji, sanglotait-elle. »


Chapitre 8 : Où certains mystères deviennent plus mystérieux encore
« -Je ne ressens plus les auras des gens depuis longtemps déjà, dit Akito.
-Depuis que Kureno s’est libéré ? »
Il y eut un blanc.
« -Oui, laissa tomber Akito. »
Hikari la fixa de ses yeux noirs.
« -Akito-san... Kakon est parti. Je ne sais pas si vous voyez vraiment ce que cela veut dire, mais s’il est parti, c’est qu’il a gagné, et s’il a gagné, votre malédiction sera préservée. »
Akito releva lentement la tête, puis soupira, et dit sèchement :
« -Je suppose que je devrais être heureuse... ou, au moins, soulagée... cependant...
-Cependant...
-Cependant, ce n’est pas le cas. »
Les yeux des deux jeunes femmes se croisèrent. Elles venaient d’y penser, mais elles se ressemblaient. Le regard noir et brillant, le visage fin et clair, le corps élancé... leurs cheveux noirs n’avaient pour seule différence que leur longueur.
Alors elles se sourirent. Cette ressemblance n’était pas dû au hasard, ni à un quelconque lien de parenté ; c’était la malédiction, cette malédiction qui les avaient rattrapées, au fil des siècles, sans les laisser ne serait-ce que s’enfuir. Cette malédiction, qui pesait sur les épaules des Sôma, de leur déesse, d’Hikari, de ceux qui écoutent leurs rêves, de celle qui répand le bonheur autour d’elle et du Souffleur de rêves...
Mais pour quelle personne était-elle la plus forte ?
Quelle personne souffrait le plus de tout cela ?
« -Akito-san... Je ne suis plus sous une emprise extérieure à la mienne. Alors, je vais vous révéler tout les tenants et les aboutissants de la malédiction. Je serrai sans doute tuée après. Peu importe ; ma seule envie est de mourir.
-Pourquoi ? »
Hikari soutit le regard curieux, presque intéressé, d’Akito :
« -Le seul homme que j’ai jamais aimé ne se souvient pas de moi.
-Un...
-Oui. Il fait partie de ceux qui écoutent leurs rêves. Triste ironie, n’est-ce pas ? »
Les yeux d’Akito se remplirent de larmes, malgré elle.
« -Et une déesse qui aime son chien, n’est-ce pas ironique ? »


« -Désolée, dit Hitogara. »
Tendant le bras vers la télévision, elle prononça un mot très court à voix basse. Une boule d’énergie rouge se forma au bout de ses doigts, et alla percuter les morceaux d’écran, qui se rassemblèrent pour former de nouveau une télévision en parfait état. Dantoo salua ses amis d’un sourire, puis parti se coucher l’esprit tranquille.
« -Heureusement que... »
Hitogara fixa Iwao d’un œil mauvais, le prévenant qu’il devait faire attention à ce qu’il allait dire.
« -Heureusement que tu peux reconstituer les choses que tu détruits, lâcha le jeune homme dans un hoquet.
-Oui. »
Hitogara lui accorda un de ses rares sourires.
« -Je suis née pour ce pouvoir, comme tu es né pour le tien, et comme les autres sont nés pour le leur. La seule différence, c’est que moi, je dois également protéger Dantoo.
-Oui... »
Il lui tapa dans le dos.
« -Je compte sur toi ! »
Hitogara dévisagea un instant le visage, faussement joyeux, d’Iwao.
« -Iwao... je me posais la question depuis longtemps. »
Elle avait l’air très concentré. Ses yeux, habituellement noir, viraient au rouge carmin.
« -Tu l’aimes ? »
Le jeune homme sursauta.
« -Qui ? balbutia-t-il.
-Eh bien, Dantoo, commença à s’énerver Hitogara. »
Iwao la fixa. Est-ce qu’il devait mentir ? Ou lui dire cette vérité si simple : non, ce n’était pas Dantoo qu’il aimait, c’était elle... Hito-chan...
« -Oui, dit-il, l’air décidé. Je suis amoureux de Dantoo. »


« -Si, souffla, Hikari, ça l’est. »
Elle dû se retenir de toutes ses forces pour ne pas prendre Akito dans ses bras. Puis elle décida que tant pis, cela valait bien une claque, et elle attrapa la jeune femme, qui la serra très fort, pleurant toujours autant.
« -C’est... sanglota Akito. C’est comme avec elle... J’ai l’impression d’être... aspiré par cet océan de douceur... Avec cette... Tohru Honda... »
Hikari lui releva la tête.
« -Ce n’est pas facile d’être le chef de la famille Soma. Mais c’est ce que vous êtes. Alors, Akito, je vais tout vous raconter. Et ensuite vous ferez votre choix, n’est-ce pas ? »
Hikari soutint le regard effaré d’Akito, qui baissa de nouveau la tête.
« -Mon choix ? bafouilla-t-elle.
-Vous choisirez si, après avoir tout entendu, vous voudrez toujours maintenir la malédiction... ou la briser. »


~Retour à Kaïbara, suite du chapitre 6~

«-A toi aussi, il te manque quelque chose, Tohru-kun. »
Alors, tout se précipita. Hoshi releva la tête, Tanéo ouvrit grand les yeux, Tohru devint extrêmement pâle, Kyo rougit, Yuki secoua la tête, Arisa soupira, Saki fixait les autres tout à tour, et dans la tête des trois premiers, une vague de souvenirs, portés par l’énergie d’Hana, se bousculèrent.
Et, dans l’affolement le plus général, Hoshi, Tohru et Tanéo s’évanouirent, à cause de la puissance toute déployée de Saki.
Et, dans un affolement toujours aussi général, Yuki attrapa Manabé qui venait d’arriver, lui fourra Hoshi dans les bras, puis ordonna à Arisa et à lui de porter les deux jeunes filles à l’infirmerie, pendant que Kyo et lui s’occuperait de Mei.
« -Tiens, remarqua tranquillement Arisa, portant Tohru dans ses bras, tu viens de dire « Kyo et moi ». Tu es malade, Yuki ? »
Le jeune homme rougit violemment, mais, attrapant Tanéo par les épaules, il dit à Kyo :
« -Prends-le par les pieds, ok ? »
Kyo acquiesça et s’exécuta.
Le petit groupe bringuebalant, accompagné de Saki qui avait l’air de se promener, arriva jusqu’à l’infirmerie. Une fois les patients déposés à l’intérieur de la pièce, Manabé et Yuki s’éloignèrent, tandis que Kyo restait, avec Hana et Arisa, à l’intérieur.
« -Vous devriez partir, déclara celle qui était à l’origine de tout cela.
-Pourquoi ? s’enflammèrent les deux autres.
-Parce que si vous ne le faites pas, je vous maudirais.
-Tu te moques de moi ? dit Arisa, pendant que Kyo avait ouvert des grands yeux.
-Non. C’est la pure vérité.
-C’est important à ce point là ? continua la blonde.
-Oui.
-Très bien. Viens, tête d’orange. »
Et, empoignant Kyo, Arisa sortit de l’infirmerie.


Chapitre 9 : Où une grande dame hésite
Mayuko retint un cri de terreur, et sa cigarette tomba, mais sans provoquer d’incendie cette fois, car la femme transparente projeta un mince filet d’eau sur la moquette. Jôzu daigna lever la tête de sa veste de toute façon fichue pour ouvrir la bouche d’une manière tout à fait seyante, et Chika écarquilla ses yeux au point qu’ils paraissent presque sortir de leurs orbites.
« -Bonjour, déclara la jeune femme volante. »
Mais les trois autres étaient trop occupés à la fixer, l’air aussi intelligents et pleins d’humour que des carpes.
Aussi, nous allons commencer par décrire la sublime apparition.
La femme était grande –mais peut-être cette impression était-elle faussée par le fait qu’elle flotte à une bonne trentaine de centimètres au-dessus du sol ?-, mince, et bien proportionnée. Son corps fin et blanc était habillé d’un lourd kimono de soie bleue peinte de vagues et de fleurs indigo. Ses yeux, noirs et profonds, vrillaient ceux des trois alliés d’un regard doux et triste, tandis que ses longs cheveux, d’un noir de jais aux reflets bleutés, relevés en partie en une coiffure compliquée, s’échappaient vers le bas de son dos.
Elle portait à la main un éventail fait de bambou noir et de soie bleu. C’était cet objet qui, auparavant, avait fait couler de l’eau sur le sol, d’un simple geste de l’apparition.
Cette femme était... divine. Belle, majestueuse, mélancolique...
Alors, le jour se fit dans l’esprit de Chika, tout d’abord, puis des deux autres :
« -Minamoto... »
Minamoto, déesse de l’eau, se tenait devant eux.
Jôzu referma la bouche, pour se frotter les yeux.


Asahi sourit, et, essuyant ses yeux pleins de sommeil, elle se leva du lit. Son frère se pencha vers elle :
« -Asa, il faudra que te parle d’un truc... lui chuchota-t-il.
-Eh ! Qu’est-ce que tu lui racontes, Shin ? cria Onen depuis l’entré, enfilant sa veste.
-A vrai dire, ça vous concerne tous les deux, lança Shin gaiement. »
Asahi avait suivi l’échange sans vraiment y prendre part, encore endormie, mais elle adressa un sourire réjouit aux deux garçons.
« -On parlera de tout ça au restaurant, dit-elle. Au fait, Shin, il va falloir que tu changes d’appart, il est trop petit pour nous trois.
-Rassure-toi, soeurette. Je connais quelqu’un qui a une maison largement assez grande pour qu’on y vienne tous, avec un troupeau d’éléphant en prime.
-Tu penses à qui ? demanda Onen, soupçonneux. »
Mais déjà Shin s’enfonçait dans le délire le plus complet, racontant que tant qu’à faire, on pourrait rameuter les autres habitants de Tokyo, et un zoo.
« -Ah ! s’exclama-t-il. On va récupérer Kiyoshi, aussi. Et... »
Sa voix trembla.
« -Et... Hikari Hinikou ? compléta Asahi, l’air triste et inquiet.
-Oui, dit Shin, décidé. Et Hikari-chan. »
Onen soupira. Décidemment, Shinjoo s’était bel et bien fait bouffer. Mais quand Asahi attrapa son ami par le bras, il se dit qu’après tout, il n’avait rien à dire : lui, il avait arrêté toute lutte, ce qui était méprisable.
« Mais, soufflait une petite voix au fond de sa tête, tu as promis. Tu as promis à Sakura de protéger sa fille, quoi qu’il arrive... Tu ne peux pas te permettre de laisser tes sentiments entrer en compte... Asahi pourrait en mourir... »
Onen secoua la tête. Saisissant Shinjoo qui était reparti dans un joyeux délire, il sortit de l’appartement et en ferma la porte à clé.


« -Ne me poussez pas à bout, mère, dit Jiro.
-Lâche-moi, siffla sa mère. Voudrais tu qu’Oda apprenne cela.
-Je me fiche d’Oda, répondit son fils sur le même ton. Mais très bien. Comme vous voudrez, mère.»
Jiro avait l’impression que, d’un coup, toute sa hargne l’avait quitté. Il la lâcha, et elle tomba par terre. Jiro se dirigea vers un fauteuil et s’y écroula. Marlène fondit sur lui et, l’air hystérique, tenta de le gifler ; son fils lui retourna le compliment, et deux marques de main sur ses joues blanches.
« -Je n’arrive pas à y croire, reprit-elle d’une voix déformée par la rage, mon destin est-il que mes deux enfants tentent de me tuer ?
-Vos deux enfants ? »
Sa mère éclata d’un rire cynique.
« -Mes deux enfants, reprit-elle, un sourire mauvais sur le visage. Oh, mais rassure-toi. Tu es le seul encore vivant, si cela peut te faire plaisir. »
Sur un nouvel éclat de rire, elle sortit, laissant Jiro anéantit sur son fauteuil.
Ses deux enfants ?
Ses deux enfants ?
Mais... qui était l’autre ?


Minamoto regarda les trois ahuris qui se tenaient devant elle. Pourquoi fallait-il que les humains soient toujours si lents à la détente ?
La déesse soupira. Elle avait pourtant tenté de faire une entrée plutôt calme, mais cela n’avait pas empêché ces trois écouteurs de rêves de la regarder d’un air fixe.
Bon. Il allait falloir faire avec. Au bout d’un moment, ils seraient sans doute habitués à sa divine présence, et tout serait plus simple.
Elle toucha doucement le sol, pendant que Chika, Jôzu et Mayuko reprenaient lentement leurs esprits. S’asseyant près du kotatsu, elle prit une tasse et se servit du thé sans plus de façon, attendant qu’ils rompent le silence.
« -Vous êtes... commença Jôzu.
-Oui. Je suis Minamoto, reprit l’apparition. Minamoto, déesse de l’eau, pour vous servir.
-Mais... mais comment ? balbutia Chika.
-Eh bien... toutes les conditions étaient réunies, dit la déesse, comme si c’était évident.
-Les conditions ? interrogea Chika de nouveau, l’air perdue, pendant que Mayuko gardait le silence.
-La prière. L’eau. Et des cœurs purs. Sans parler de vos pouvoir, bien entendu.
-JE N’AI PAS DE POUVOIR ! hurla Mayuko, se levant brutalement. »
Minamoto releva lentement la tête vers la jeune femme.
« -Oh que si, marmonna-t-elle. »
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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 12 2006, 07:52 PM
Message #6


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Rêves et cauchemars




Partie II : Mirages et déceptions (suite)


Chapitre 10 : Où l’on se souvient (partie 1)
« -Lâche-moi ! cria Kyo à Arisa, une fois sorti de l’infirmerie.
-Eh, calme-toi, Kyo. » répondit-elle à l’adolescent, qui, vexé, s’éloignait.
Il se retourna pour voir ce que la yankee faisait, avant de s’étouffer à moitié : Uoh avait collé son oreille à la porte et avait l’air très absorbée dans ce qu’elle écoutait.
« -Arisa, reprit-il à mi-voix, qu’est-ce que tu fais ? »
Sans quitter son poste, elle tourna les yeux vers lui pour lui souffler, un doigt sur les lèvres :
« -Chut. Mais tu devrais venir, il se raconte des trucs intéressants, là-dedans...
-Ils se sont réveillés ? »
Kyo allait se précipiter à l’intérieur, mais Uoh le retint.
« -Ne sois pas stupide, dit-elle. Si tu veux savoir pourquoi Tohru a menti pendant si longtemps et quel est son lien avec les Mei, viens ici.
-De quoi tu parles ?
-Tu es stupide ou tu fais semblant ?! s’énerva Arisa. »
La porte de l’infirmerie s’ouvrit, et Saki passa la tête à l’extérieur.
« -Ecoutez si ça vous chante, mais évitez de hurler... dit-elle. »
Avant même que ses deux amis aient pu répondre, elle avait refermé la porte.


Tohru se réveilla en sursaut.
« -Kiyoshi-kun... souffla-t-elle. »
Tournant la tête, elle croisa le regard de Tanéo, qui, avec un sourire d’excuse, lui dit :
« -Désolée, Tohru-chan... Bonjour.
-Tanéo... Ce n’est pas de ta faute... »
Tohru sourit au jeune homme blond et dirigea vers son regard vers le lit d’à côté, qui, elle le savait, était occupé par Hoshi. Laquelle Hoshi regardait dans le vide en répétant :
« -Que je suis idiote, que je suis idiote, que je suis idiote... Momiji, que j’ai été stupide... »
Tohru, fascinée par le manège de la jeune fille, ne remarqua même pas Saki, qui toussota.
« -Parfait, dit la jeune fille aux cheveux noirs, attirant sur elle les regards des trois autres, daignant enfin s’apercevoir de sa présence. »
« -Hana...
-Tohru, Mei-san et... Mei-san, vous avez eu la mémoire effacée, mais je suppose que maintenant, vous le savez. Maintenant que vous avez de nouveau vos souvenirs, il va falloir réagir. Et rendre leur mémoire aux autres. A ceux qui écoutent leurs rêves, puisque c’est le nom que leur donne...
-Hum, Hanagima-san, commença Hoshi, hésitante, pendant que Tohru était frappée de stupeur, comment savez-vous tout cela ? »
Saki fixa ses trois camarades tout à tour, puis prononça cette phrase mainte fois répétée :
« -Il y a quelques mois, j’ai rêvé d’un chauve... et mon frère aussi, ajouta-t-elle.
-Mais, objecta Tanéo, vous ne faites pas partie de ceux qui écoutent leurs rêves !
-Non, effectivement, concéda Saki. Cependant, mon frère et moi avons assez de pouvoir pour capter ce genre de rêve.
-Hana... tu étais au courant, pour la malédiction ? »
Tohru fixait son amie, perdue.
« -Seulement depuis ce rêve, répondit la jeune fille. Mais j’ai eu des doutes avant... »


Arisa se tourna vers Kyo :
« -Mais de quoi ils parlent ? demanda la jeune fille à son ami, avant de découvrir que celui-ci était figé, les yeux exorbités.
-Co-co-co-comment ? dit-il. Elle sait ? balbutia-t-il. »
La porte se rouvrit.
« -Arisa, dit Saki, il vaut mieux que tu partes, maintenant. Kyo, tu fais ce que tu veux, mais bon, vu la tête que tu fais, il vaudrait mieux que tu ailles à l’infirmerie...
-Vous êtes dans l’infirmerie, fit remarquer le jeune homme en la regardant d’un air ébahi tout en fronçant les sourcils, ce qui donnait un résultat assez comique.
-Ah oui, c’est vrai. Eh bien, tant pis. Un conseil : ne t’avise pas d’écouter aux portes, hum ? C’est mal... et ça pourrait tout changer... le sort de la malédiction, votre destin...
-Et pourquoi tu me dis ça à moi ? s’énerva Kyo. Je te signale que ton amie la yankee a commencé la première ! Et puis de quoi tu parles, quel destin ?
-Oui, mais moi, je suis une débauchée, lança Arisa, morte de rire, avant d’ajouter : Saki, je ne suis pas concernée, je me casse.
-Emporte-le avec toi, répondit son amie.
-Mouaip, dit Arisa. »
Attrapant Kyo par le bras, elle se dirigea vers le parc, pendant que pour la deuxième fois de la journée, le neko tentait de se dégager.


« -Des... doutes ? demanda Tohru.
-Oui. »
Saki se tourna vers la porte.
« -Attendez un instant, dit-elle. »
Puis elle se dirigea vers la couloir, se pencha à l’extérieur, dit quelques mots puis revint.
« -Parfait, reprit-elle, nous ne serons plus dérangés.
-Au fait, comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’infirmière, dans cette infirmerie ?observa Tanéo.
-Je lui fais peur, expliqua Saki. Quand elle a compris que je resterai là, elle s’est sauvée en prétextant une course urgente.
-Comment as-tu fait pour nous rendre nos souvenirs ?
-La personne qui vous les a effacé s’y est ma l prise. Personnellement, je dirais qu’elle a fait cela presque à contrecœur. En fait, votre mémoire était comme une bande magnétique mal effacée : il m’a suffit de déployer mon pouvoir pour la restaurer.
-Hum... Alors, tu as un rôle à jouer dans la libération des Sôma ? demanda Hoshi.
-Mon rôle s’achève ici.
-Ah... »
Le silence s’installa dans la pièce, puis Tohru, écarlate, se précipita au cou de Saki.
« -Merci ! sanglota-t-elle. »
Son amie la serra dans ses bras.
« -De rien, Tohru-kun... C’est normal. »
Saki lâcha Tohru, puis elle se tourna vers les deux Mei.
« -Ecoutez, après cela, je ne pourrai sans doute plus agir. Je peux seulement vous donnez des conseils. Voulez-vous les entendre ?
-Dis toujours, lancèrent Hoshi et Tanéo en même temps, avant de se regarder, l’air fâché.
-Mei-san, commença Hana en regardant Hoshi, pour Momiji-kun... ne fais pas semblant. N’ai pas honte, ce n’était pas de ta faute.
-Mais comment sais-tu tout cela, Hanagima ? demanda Hoshi, énervée. »
Saki lui sourit, puis se tourna vers Tanéo.
« -Mei-san, vous devriez aller la voir. Elle s’est réveillée. »
Sans répondre, Tanéo se précipita hors de son lit. De loin, les tris jeunes filles entendirent un « merci » étouffé.
Hoshi sourit, puis se leva doucement.
« -Je retourne en cours, dit-elle. Ne vous inquiétez pas, je vous couvrirai. »
Et elle sortit à son tour.
« -Saki...
-Tohru, bientôt, tu devras faire face à des choix plus difficiles les uns que les autres, mais, fais attention à toi. C’est le plus important. Tant pis si tu blesse des gens, compris ? »
Tohru soutint difficilement le regard de son amie.
« -Tu ne peux pas me demander ça, Hana !
-Si. Il le faut. »
Saki serra Tohru dans ses bras de nouveau. Puis elle la poussa dehors :
« -Rejoins-le. Celui qui est cher à ton cœur.
-Kyo-kun ? interrogea Tohru malgré elle.
-Non, dit Hana. L’autre. Le souffleur de rêve. »


Manabé et Yuki s’étaient éloignés, lentement. Ils avaient fait le tour du lycée, sans rentrer en cours. Les deux adolescents avaient des choses à se dire, des choses douloureuses ; mais ils ne savaient pas comment commencer, ni même s’orienter vers le terrain qu’il fallait aborder. Puis la nezumi éclata, mais avec une intonation tellement glacé que quiconque ne le connaissant pas n’aurait pu s’en douter.
« -Et qu’avez-vous fait avec Kagura, après mon départ ? demanda-t-il tout en fureur contenue.
-Et qu’avez-vous fait avec Machi, après ton départ ? répliqua Manabé sur le même ton, faisant face à son meilleur ami. »
Les deux adolescents s’affrontèrent silencieusement, par la force de leurs yeux. Yuki ne se demanda même pas comment Manabé était au courant, pour Machi.
« -Tu as déjà une petite amie, attaqua Yuki.
-Tu reportes ton amour pour Tohru Honda sur Machi, accusa le vice-président. »
Leurs regards se heurtèrent avec violence.
« -OUI, J’AI UNE PETITE AMIE ! hurla Manabé. ET ALORS ? QU’EST-CE QUE CA PEUT BIEN TE FOUTRE ?
-ET QU’EST-CE QUI TE PERMET DE PRETENDRE QUE JE SUIS TOMBE AMOUREUX DE MACHI PAR DEPIT ? »
Alors, sans même savoir lequel des deux avaient commencé, ils se jetèrent l’un sur l’autre.
Et quand une main attrapa chacun d’entre eux pour les séparer, ils se tournèrent vers son propriétaire, l’air moitié fou, un nez en sang pour Manabé et un œil au beurre noir pour le prince, et des vêtements déchirés pour les deux.
« -Que vous êtes stupides, dit Machi. »
Et, saisissant son frère et le garçon dont elle était amoureuse, elle les emmena vers l’infirmerie désertée quelques instants plus tôt par Saki et Tohru.
La première était allée appeler son frère pour le prévenir. Et la seconde courrait vers le souffleur de rêves.
Vers Kiyoshi.


Chapitre 11 : Où l’on se souvient (partie 2)
Jiro se réveilla brusquement. Les évènements de la journée lui revinrent, et son visage fin se tordit en une grimace douloureuse. Cherchant à tout prix à se soustraire aux souvenirs qui l’assaillaient, il regarda autour de lui, presque en quête d’un sujet d’occupation.
Dehors, il faisait nuit ; combien de temps était-il resté sur ce fauteuil ?
Ses parents étaient-ils repartis ?
Il se leva lentement, et se dirigea vers la porte...
Qu’il reçu en pleine figure.
« -Oh ! Excuse-moi, Jiro ! s’exclama un homme d’une quarantaine d’années, qui s’agenouilla près du garçon tombé à terre.
-Ce n’est rien, père. »
Le père de Jiro eut une moue chagrinée. Ils avaient des yeux très doux, noirs et profonds, cachés par des lunettes ovales, et ses courts cheveux noirs se teintaient de blanc.
« -Jiro, pourquoi persistes-tu à m’appeler père ? Avant, tu disais papa... »
L’interpellé releva la tête.
« -Avant, je te faisais encore confiance, dit-il nettement, avant de s’enfuir vers sa chambre. »
En pleurant doucement, sans bruit et sans sanglot.
Le père de Jiro eut un sourire triste.
« -Dieux, qu’ai-je fait pour mériter cela ? »
L’homme déplia son mètre quatre vingt et s’en fut vers son bureau.
Une larme coulait sur sa joue.


« -Pardon ? »
La voix de Mayuko était glaciale, et fit frissonner toutes les personnes humaines présentes dans la pièce. Minamoto ne répondant pas, Mayuko répéta :
« -Pardon ? dit-elle de nouveau, comme pour mettre la déesse au défi de la contredire.
-Tu as un pouvoir, lâcha celle-ci comme à regret.
-Et lequel ? demanda Mayuko, hargneuse.
-Celui de te trouver toujours au mauvais endroit au mauvais moment.
-QUOI ? !»
Le cri de Mayuko, Chika et Jôzu était parfaitement synchronisé, ce qui fit sourire Minamoto.
« -Tu te moques de moi ? demanda Mayuko, de plus en plus en colère.
-Oui, répondit calmement la déesse, bien sûr.
-Donc, c’était du bluff, je n’ai pas de pouvoir, n’est-ce pas ?
-Mais si. A vrai dire, tu n’as pas de pouvoir à proprement parler... »
L’expression de Mayuko se teinta d’un mélange de soulagement et de raillerie, mais ce contentement fut aussitôt coupé par la déesse :
« -Tu es celle qui, seule, aura le pouvoir de les rassembler de nouveau pour le Souffleur de rêves. Tu es celle qui réveilla la dormeuse et appela le guérisseur. C’est à toi de les retrouver, un par un. »
La voix de Minamoto, habituellement douce et chantante comme un ruisseau léger, était à présent tranchante.
« - Mais tu es également celle qui préfèrera son bonheur à celui d’une autre, tout en te mentant à toi-même et aux autres sur tes motivations. » acheva-t-elle sur une note plus grave.
Un pan du voile recouvrant la malédiction venait d’être levé, juste pour Mayuko.


Jiro s’écroula sur son lit. Pourquoi ? Pourquoi était-il toujours comme ça ? Avec sa mère, oui... mais, avec son père...
Son père...
Plus il pensait à sa famille, à ses parents, plus il songeait qu’il s’éloignait de plus en plus d’eux, depuis des années...
Et pour quelle raison ? Qu’est-ce qui l’avait réellement poussé à les détester, à les éloigner, à les fuir ?
Oda.
Tout simplement.
Oda, et Viennes.
Oda, Viennes, et tout ce qu’il s’était passé là-bas.

« -Jiro ! Tu viens jouer ? »
La petite fille a des yeux clairs, au milieu d’une frimousse pâle. Ses cheveux, bruns et longs, sont retenus en deux couettes, et elle porte une petite toque de tissu, blanche. Elle sourit à l’enfant aux yeux dorés, le prend par la main sans attendre sa réponse, et l’entraîne.

Sur le visage de Jiro, les larmes coulent doucement.
Rien ne fait plus mal que se souvenir, sinon oublier.
Et cela, il l’a pourtant souhaité. Il a tellement voulu effacer de sa mémoire ces évènements que maintenant qu’ils lui reviennent, il est obligé de faire face... et il est submergé, peu à peu, par son passé.

« -Jiro, je ne veux pas que partes... »
La petite fille a grandi. Elle doit avoir environ neuf ans, à présent. Deux ans de plus que lui...
« -Jiro ! Je ne veux pas que tu partes ! Je ne veux pas ! Tu n’as pas le droit de partir ! Parce que moi, je t’aime ! »

Mal. Jiro avait mal. L’être humain est si présomptueux... comment aurait-il pu oublier ?
Comment aurait-il pu oublier Oda ?
Impossible.
Impossible, tout simplement.
Un coup fut frappé à la porte, et Jiro tourna la tête vers celle-ci.
« -Jiro... dit une voix masculine. Je sais que tu ne la liras sans doute pas plus que les autres, mais... Je te laisse la lettre d’Oda... Jiro-kun... Ecoute, tu sais, je... »
Une enveloppe est glissée sous le chambranle. Derrière la porte, l’homme semble hésiter. Puis il reprend :
« -Ta mère et moi partons, dit-il fortement. »
Les pas s’éloignent.
Jiro pleure toujours.
Et sur le sol, la lettre d’Oda attend.
Et celle-ci, est-ce qu’il la lira ?


« -Je ne vous crois pas.
-Oh, vraiment ? Pourtant, une partie de la prédiction s’est déjà réalisée. »
Mayuko garda le silence, baissant la tête. Dans la pièce, l’atmosphère devint peu à peu irrespirable.
« -Très bien, capitula la jeune professeur. De toute façon, je n’ai pas le choix.
-Effectivement. Kakon a voulu jouer, les dieux s’en sont mêlés, ce n’est pas une simple humaine qui pourrait arrêter ça. Tu as un rôle à jouer, comme eux, dit la déesse en désignant d’un geste Jôzu et Chika.
-Et... notre rôle à nous ? demanda Chika en prenant son courage à deux mains.
-Vous faites partie de ceux qui écoutent leurs rêves. Vous êtes respectivement la dormeuse, celle qui rêva des évènements passés et songera à ceux futurs... »
Ici, les trois humains échangèrent un regard. Jôzu avait eu raison. Mais à vrai dire, pas même lui ne s’en réjouissait. La déesse avait quelque chose de glaçant. Elle devait penser à sa vengeance depuis si longtemps, pour l’avoir orchestrée de cette manière...
« -Quant à toi, dit Minamoto en se tournant vers Jôzu, tu accomplira un acte que personnellement je juge totalement vain, mais que les humains considèrent comme « romantique »... Enfin bref, votre destin est de briser la malédiction des Soma.
-Notre destin... murmura Chika.
-Oui, dit Minamoto doucement, presque tristement. »
Et tout d’un coup, la tension se relâcha.
« -Une déesse ne devrait pas dire cela... mais je m’excuse. Si ce jour-là j’avais pu empêcher Kakon de jeter cette malédiction, vos vies n’auraient pas été bouleversées.
-Ne vous excusez pas ! s’exclama Chika avec force. Si je n’avais pas été une de ceux qui écoutent leurs rêves, je n’aurais jamais rencontré Tanéo ! »
La réplique de la jeune fille fit sourire les trois autres.
« -Je vous laisse, reprit Minamoto. Mais je reviendrai. »
Et la déesse disparue comme elle était venue.


« -Et à ce moment là, Yun-Yun s’est jeté sur moi, et on s’est mis à se battre, et...
-Manabé-san, c’est vrai que tu as une petite amie ? »
L’interpellé ouvrit de grands yeux et déglutit. La gaffe.
« -Oui, dit-il doucement. Pardonne-moi. »
Kagura le regarda tristement, puis se leva du banc et se dirigea vers l’allée du parc.
« -Au revoir.
-Non, attend !
-Je ne veux pas faire souffrir une autre comme j’ai souffert. »
Il la retint par le bras.
« -Kagura ! Je... »
Elle le toisa.
« -Je le savais, dit-elle. Au fond de moi, je me doutais que tu avais une petite amie, mais je ne voulais pas l’admettre. Je ne voulais pas me dire qu’une fois de plus, j’étais tombée dans un amour à sens unique.
-Tu te trompes ! »
La jeune fille se retourna.
« -Pardon !
-Tu te trompes ! Je t’aime, Kagura ! »
Elle n’eut même pas le temps d’écarquiller les yeux, ni même d’être surprise. Tout cela vint après.
Manabé la serrait dans ses bras. Il la serrait, fort, pour ne pas qu’elle s’échappe. Et quand il vit qu’elle n’essayait même pas, il l’embrassa.
Et Kagura oublia tout, tout ce qui l’entourait, tout ce qu’elle venait de dire, et elle se laissa embrasser sans se dégager, jusqu’au moment ou elle s’aperçut qu’elle ne s’était transformée.
Alors, à ce moment là, elle recula et baissa la tête, fixant ses mains. Libre. Elle était libre.
Pourquoi ?


Chapitre 12 : Où l’on se retrouve
Tanéo courrait. Sans réfléchir, il courrait, courrait vers l’endroit où elle devait être. Chika...
C’est alors qu’il rentra violemment dans quelqu’un. Un homme grand et mince, aux cheveux presque rouge, qui attendait devant le lycée. Tanéo bredouilla une excuse, puis se remit à courir, sans même s’apercevoir que près de l’homme en question se trouvaient deux personnes de sa classe, le rouquin et la grande blonde et que, sur le visage du rouquin, se lisait l’incompréhension totale. Tanéo courrait, comme si sa vie en dépendait, et, bien sûr, emboutit de nouveau quelqu’un. Mais cette fois, la personne l’attrapa par l’épaule.
« -Tanéo ! Tu es fou, qu’est-ce que tu fais ? Tu devrais être en cours !
-Grande sœur... »
Il leva les yeux vers Onwa, et réalisa alors qu’elle, elle ne se souvenait pas...
« -Grande sœur, ce que je vais te dire va te surprendre... »
Alors, sans attendre, il lui raconta tout. Et, pendant ce temps-là, ils se dirigèrent vers Chika.
Car il n’y avait que cela qui importait. Chika. Le reste, on verrait plus tard.


« -Momiji, sanglotait Hoshi. »
Yuki recula dans l’ombre. Hum... Finalement, le dossier attendrait le lendemain. De toute façon, il avait quelque chose à faire...
Pendant que le jeune homme aux cheveux gris se précipitait rapidement mais silencieusement vers la sortie, il croisa quelqu’un. Quelqu’un que justement, il voulait voir.
« -Président... dit Machi.
-Machi... Je voulais m’excuser, pour tout à l’heure. Enfin... Je ne sais pas ce que tu as entendu, mais...
-« Et qu’est-ce qui te permet de prétendre que je suis tombé amoureux de Machi par dépit ? » récita la jeune fille, l’air neutre.
-Ah... fit Yuki. »
Oups. Et maintenant, qu’est-ce qu’il était censé faire ?
Parce que là, c’était important, quand même... alors, quand Machi le prit par la main, sans un mot, et l’entraîna hors de l’établissement, il se dit qu’en fait, c’était tant pis.
Qu’en fait, ce n’était pas plus mal qu’elle l’ait entendu, pas plus mal qu’elle sache. L’important, c’était d’être avec elle.


« -Momiji, sanglotait Hoshi. »
Le jeune homme la serra plus fort dans ses bras, pour être sûr qu’elle été bel et bien là, que ce n’était pas une illusion. Mais... pourquoi... Il voulait savoir ce qui s’était passé...
Et, brusquement, il s’aperçut que Hoshi le frappait doucement à la poitrine.
« -Pardonne-moi, disait-elle de façon saccadée, pardonne-moi, pardonne-moi...
-Eh, ce n’est pas en me tapant que je vais te pardonner de m’avoir oublié pendant trois longues journées... »
Il approcha son visage de celui de la jeune fille.
« -A vrai dire, il me faudra bien plus que ça... »
Nouant ses bras autour du cou de Momiji, Hoshi l’embrassa doucement, et, le baiser se faisant plus profond, elle repoussa Momiji, qui lui sourit.
« -Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée, dit-elle. Ne me demande pas de t’expliquer, je t’en prie... »
Il la fixa un instant, puis pencha la tête.
« -Très bien. »
Après tout, l’important, c’était qu’elle soit à nouveau avec lui... le reste... ce qui était en rapport avec la malédiction... tant pis, il n’était plus concerné... maintenant, il était libre. Il pouvait être avec Hoshi autant qu’ils le voudraient, tous les deux. Et il verrait Momo. Alors, oui, peu importait qu’elle l’ait oublié. Il l’aimait.


Tanéo s’était remis à courir une fois arrivé dans le quartier de Chika et Onwa, qui détestait la course, fut cette fois bien obligée de suivre son frère.
Quand ils se trouvèrent devant l’immeuble, ils s’aperçurent d’une chose extrêmement bête mais également très gênante : ni l’un ni l’autre ne se souvenait du code, et il n’y avait pas de portier.
« -Me*de, lâcha Tanéo. »
A ce moment là, une jeune femme sortit de l’immeuble, bientôt suivie par un jeune homme portant un feutre noir.
« -On... Onwa ? dit le jeune homme au chapeau, écarquillant ses yeux verts. »
Onwa fronça les sourcils.
« -Jôzu ? Qu’est-ce que tu ? »
Mais avant même qu’elle ait pu finir sa phrase, le jeune homme la serrait fortement dans ses bras.
« -Eh ! Lâche-moi, baka !
-Jamais ! Ca fait presque un an que tu me fuis, explique-toi ! Je te lâcherai ensuite ! »
Mayuko et Tanéo échangèrent un regard surpris, sans savoir que l’une était la professeur principale de l’autre.
« -Hum, dit Mayuko, vouliez entrer ?
-Oui, dit Tanéo avec un sourire. »
Mayuko lui ouvrit la porte, et dit :
« -Ecoutez, j’emmène cet baka et votre... sœur ? dans un café, histoire qu’ils règlent leurs affaires... »
Tanéo sourit de nouveau.
« -Merci ! C’est très gentil à vous. »
Et il monta vers Chika, puisque après tout, il était venu pour ça.


Mayuko empoigna Jôzu de la main droite et empêcha Onwa de fuir de la main gauche, et, les tirant derrière elle d’une façon fort peu féminine, et les emmena dans un café sympathique, juste en face.
« -Bon, dit-elle en obligeant Onwa à s’asseoir, je suppose que vous appelez Onwa ?
-Oui, répondit la jeune femme. Comment le savez-vous ?
-Premièrement, il l’a dit tout à l’heure, répondit Mayuko en désignant d’un signe de tête Jôzu qui commandait un thé (« Un vrai earl gray, hein, pas un faux thé anglais... »), et, deuxièmement, il m’a parlé de vous.
-Ah. Et qu’est-ce qu’il vous a dit ? demanda Onwa, pendant que Jôzu commandait un sandwich, peu intéressé par ce qu’il se passait, alors qu’il était le premier concerné.
-Qu’il vous aimait, et que vous l’aviez plaqué le jour de sa demande en mariage, ou plutôt, que vous aviez disparue.
-C’est assez juste, dit Onwa, avant de mordre à belle dent dans le sandwich que le serveur venait de déposer devant elle.
-Dis, s’exclama Mayuko en se tournant vers son meilleur ami, tu pourrais faire quelque chose, là ! Je te signale que tu es concerné ! »
Jôzu la regarda.
« -Oui, approuva-t-il, j’ai quelque chose à faire. »
Et, se penchant par-dessus la table, il embrassa Onwa, avant de se frotter la joue.
Bon. Elle lui avait mis une baffe, mais tant pis. Il l’avait retrouvée.


Chika se retourna. Quelqu’un avait frappé à la porte. Est-ce que Mayuko et Jôzu avaient oublié quelque chose ? Elle se dirigea vers l’entrée, ouvrit la porte, puis la referma, avant de la rouvrir, de la refermer à nouveau, et de l’ouvrir pour une troisième fois.
« -Arrête de faire ça ! » cria Tanéo, exaspéré, avant de rentrer dans l’appartement.
Chika le fixa un instant.
« -Tanéo ?
-Oui, oui, et la prochaine fois, évite de me claquer la porte au nez !
-Tu... tu...
-Oui, je me souviens. A vrai dire... »
Il enleva lentement sa veste et ses chaussures, sans qu’elle l’y ait invité. Elle n’y avait même pas pensé ; c’était si... évident.
« -A vrai dire, je n’arrive pas à croire que j’ai pu t’oublier... »
Ensuite, Chika ne pensa plus à rien.
Elle était contre Tanéo, elle était bien. Alors, peu importait le reste.


Chapitre 13 : Où le numéro du chapitre porte malheur aux amoureux...
Kiyoshi sortit de sa rêverie de manière aussi brusque qu’il y était entré doucement. Quelqu’un frappait à la porte. Il se leva d’un bond, et alla ouvrir. Une jeune fille se tenait devant lui. Elle était petite et mince, avec de longs cheveux bruns. Quand elle releva la tête, il vit les larmes qui coulaient sur ses joues.
Les souvenirs et les rêves de Kiyoshi se mirent alors à tournoyer. Des images lui revinrent, des images dans lesquelles elle était présente, des images où...

-« Toi ! Tu es celle qui peut m’aider ! Tu es celle qui répand le bonheur autour d’elle ! »
Il la serre dans ses bras. Elle.

-« Omaro Kiyoshi. Mais tu peux m’appeler Kiyoshi. Quel est ton nom ?
-Honda Tohru, balbutie la jeune fille en lui serrant la main un bref instant. »

« -Tohru, je te présente...
-Tabe Shinjoo desu, belle princesse. Mais tu peux m’appeler Shin-kun. » dit élégamment le jeune homme en baisant la main de la jeune fille qui se met à rougir et bafouiller, mais avant qu’elle ait pu se présenter à son tour, un livre atteint l’autre à la tête.
« -Laisse Tohru tranquille, dit-il. »

« -Tohru... »
Il lève la tête. Il est sur son futon, et elle est là, face à lui.
« -Tohru, je... »
Elle rougit.
« -Kiyoshi-kun, tu t’es évanoui, je t’ai amené jusqu’à ton lit... euh... je vais partir, je suis désolée de t’avoir dérangé, je... »

« Rejoins-le. Celui qui est cher à ton cœur. »

Tohru rougit de plus belle. Non. Non, elle ne devait pas, c’était impensable, elle aimait Kyo, elle aimait Kyo, elle aimait Kyo, elle... était dans les bras de Kiyoshi.

Il la serra fort, très fort.
« -Pardonne-moi, dit-il. Pardon de t’avoir oublié.
-Je... je t’ai oublié aussi, balbutia-t-elle.
-Nous sommes quittes, alors... »
Il savait qu’il aurait du lui demander où étaient les autres ce qu’il se passait pour eux, mais...
« -Tohru... » commença-t-il en passant sa main sur le visage de la jeune fille comme pour effacer les traces de larmes qui y étaient restées, et pour empêcher aux autres de couler. « Pourquoi pleurais-tu en arrivant ? »


Manabé était en retard. Pourquoi ? Il n’était jamais en retard, d’habitude.
Komaki soupira.
Ce n’était pas normal. Surtout que c’était lui qui l’avait appelé, une heure plus tôt, pour lui donner rendez-vous. Donc elle attendait dans un café à mi-chemin entre leurs deux habitations, lieu où ils allaient souvent.
Elle commanda un nouveau café crème, hésita à prendre un gâteau, commença par dire non au serveur avant de le rappeler et de commander une tarte à la fraise.
Elle s’efforçait de ne pas regarder la porte, de ne pas trop s’inquiéter, son bus avait sans doute été pris dans les embouteillages, quelque chose comme ça...
Enfin, il arriva. Elle le su avant même qu’il passe la porte. Ce n’était pas à cause de son air coupable, ni de sa chemise mal boutonnée, et même pas à cause la fille brune qui le regardait du trottoir d’en face, et dont les larmes discrètes attiraient le regard des passants. Mais quand elle le vit, elle se dit clairement, sans même y réfléchir, que c’était fini. C’était inscrit sur le visage du garçon qu’elle aimait depuis si longtemps. Elle le connaissait trop bien pour ne pas le comprendre au premier coup d’œil.
« C’est fini, murmura-t-elle pour elle-même, pendant qu’il se frayait un passage parmi les tables du café pour la rejoindre. Fini. »
Elle le savait. C’était ça qu’il était venu lui dire.
Et, pire encore, elle se dit quelle aurait aimé penser qu’elle n’était même pas triste. Juste un peu déçue, en fait. Mais ce n’était pas le cas. Elle était malheureuse, vraiment.
Manabé s’approcha.


« -Dantoo, je peux te parler une minute ? »
L’interpellée se retourna. Hitogara se tenait sur le pas de sa porte. Dantoo reposa la brosse qu’elle tenait dans sa main droite et repoussa ses cheveux dans son dos.
« -Bien sûr, dit-elle. Entre. »
Hitogara pénétra dans la pièce, referma la porte puis s’assit sur le lit de son amie, elle-même installée sur le tabouret devant sa coiffeuse.
La chambre de Dantoo était luxueuse. Un lit immense, à baldaquin, une coiffeuse année 30, des meubles superbes, un ordinateur dernier cri et tout ce qui avait lieu d’être dans la chambre d’une adolescente.
Hitogara soupira. Ce qu’elle venait dire à Dantoo n’était pas simple, en fait.
« -Iwao est amoureux de toi, dit-elle doucement, en regardant ses pieds. J’avais raison, reprit-elle tout en tripotant les franges de la courtepointe.
-Tu avais tord, dit calmement son amie en se retournant vers la coiffeuse.
-Quoi ?
-Il te l’a dit ?
-Oui.
-Eh bien, il t’a menti.
-Hein ?! »
Dantoo se retourna vers Hitogara, pour lui dire quelque chose du genre « Parce que c’est toi qu’il aime. », mais une main invisible l’en empêcha, et elle du continuer à faire semblant de se coiffer.
« -Si tu dis ça, je révèle tout à ton oncle, chuchota la voix d’Iwao à son oreille. Je t’interdis de dire à Hito-chan que je l’aime, tu m’entends ?
-Dantoo ? appela Hitogara, inquiète de voir les mouvements de son amie devenir saccadés.
-Très bien, souffla Dantoo entre ses dents. Mais tu es un idiot doublé d’un égoïste.
-Peut-être bien. On remettra cette conversation à plus tard, tu veux bien ? »
Un léger rire dans le creux de son oreille, et Dantoo se remit à se peigner comme si il ne s’était rien passé.
C’était incroyable de voir à quel point Iwao était bête.
« -Dan-chan ? tenta de nouveau Hitogara, de plus en plus anxieuse.
-C’est rien, dit celle-ci en se retournant avec un grand sourire. Bonne nuit, Hito-chan ! Dors bien ! s’exclama-t-elle en poussant la jeune fille dehors. »
Elle se laissa glisser à terre, contre la porte.
« -Merci, murmura Iwao en redevenant visible, s’affalant près de son amie.
-Tu es vraiment idiot.
-Je sais. »
Elle posa sa tête sur son épaule.
Il se connaissait depuis si longtemps. Elle l’aimait depuis si longtemps. Et lui, il était amoureux d’Hitogara depuis tant d’années.
C’était idiot. Tellement idiot. Elle aimait son meilleur ami, qui aimait leur meilleure amie, qui n’aimait personne et ne se doutait de rien.
Elle se demanda un instant si le garçon à côté d’elle savait qu’elle était amoureuse de lui, puis ferma les yeux. Elle ne voulait pas le savoir.

Komaki ne dit rien, d’abord. C’était lui qui rompait, c’était à lui de parler le premier. Mais le silence s’éternisait, et elle l’aimait encore assez pour ne pas lui en vouloir au point de le laisser se noyer. Il ne voulait pas lui faire du mal, elle le savait.
« -C’est elle ? demanda-t-elle en désignant du menton Kagura qui attendait sur la banc en face du café.
-Pardon ? dit Manabé, interloqué.
-C’est pour elle que tu me quittes ? » elle grimaça en prononçant cette phrase, qui sonnait mal, méchamment. Elle s’en voulait d’avoir laissé transparaître son amertume à travers ses mots, cruels. Mais c’était trop tard et ils flottaient entre eux.
« -Oui, dit finalement Manabé. Pardon, Komaki, je...
-Je ne veux pas de tes excuses, l’arrêta-t-elle d’un geste de la main. Tu n’as même pas à t’excuser. Elle est très jolie. » observa-t-elle en regardant Kagura, devant un Manabé figé.
Komaki se força à sourire.
« -Je ne t’en veux pas, dit-elle. Je t’aime beaucoup, et tu resteras mon meilleur ami, Nabé ! D’accord ?
-Oui, bien sûr, bégaya-t-il.
-Aller, va la rejoindre, dit de nouveau Komaki, ce sourire faux toujours plaqué sur la figure. Elle t’attend. En plus, je suis pressée, ajouta-t-elle en se levant. Au revoir ! »
Elle parti sans payer la note. Après tout, c’était leur dernière sortie, il pouvait faire l’effort de la lui offrir.
Manabé la regarda partir. Elle souriait toujours en sortant du café, en passant devant Kagura, en rentrant chez elle. Ce n’est qu’une fois arrivée dans sa chambre qu’elle s’effondra, laissant ses larmes couler, pendant que dehors, à quelques rues de là, Manabé embrassait Kagura.


« -Pourquoi je pleurais ? répéta-t-elle en écho.
-Oui, et aussi pourquoi tu pleures de nouveau, ajouta-t-il avec un sourire, tout en continuant à lui caresser la joue. »
Tohru était perdue. Elle était proche de Kiyoshi, toute proche, quelques centimètres les séparaient à peine, et la douceur de sa main sur sa joue, et... elle voulait secouer la tête, chasser la main de Kiyoshi, courir vers Kyo, mais elle souhaitait aussi, profondément, très profondément, rester avec le Souffleur de rêves. Garder la chaleur de cette main sur son visage.
« -Je pleure parce que... parce que je ne sais plus quoi faire... je crois bien que je... que je... »
La main de Kiyoshi glissa de la joue de la jeune fille avec douceur pour aller se perdre dans es cheveux.
« -Tohru, dit-il, je t’aime. »
Il tremblait en prononçant ces mots. Pas de peur, d’autre chose, de sentiments mêlés, qui ne lui appartenaient pas tous, mais qui le poussaient à le lui dire, parce qu’il savait que c’était vrai. Elle leva les yeux vers lui. Et ce qu’il y lu le poussa à continuer. Se penchant vers elle, il l’embrassa. D’abord timidement, puis à pleine bouche.

Au moment précis où Tohru et Kiyoshi s’embrassèrent, Kyo porta la main à son cœur. Il avait mal, tout d’un coup. L’instinct du chat ?


Chapitre 14 : Où personne n’arrive à finir son repas
Asahi lut le menu pour la troisième fois. Elle hésitait encore entre un kuri gohan (riz aux châtaignes) et un katsudon (bol de riz au porc). Puis elle opta pour la solution de facilité :
« -Shin, qu’est-ce que tu prends ?
-Moi ? Un katsudon, bien sûr ! »
Elle se tourna vers Onen.
« -Et toi ?
-Un kuri gohan, dit le jeune homme. Comme d’habitude, quoi. »
Son amie tordit le nez. Bon. Puisque c’était comme ça...
« -Je vais prendre un kitsune udon, s’il vous plaît. » réclama la jeune fille à la serveuse, qui, morose, jouait avec son crayon tout en faisant de l’œil à Shin.
Asahi eut un petit soupir avant d’entamer ses nouilles.
Elle ne pouvait pas vraiment choisir. Pas encore.


Mayuko leva un sourcil. Il venait de l’embrasser, et elle lui fichait une baffe. Cette fille n’était pas claire, songea-t-elle avant de penser à sa réaction, une semaine plus tôt, mais, non, c’était la veille, tout était allé si vite... Enfin bref, elle repensait au moment où Hatori l’avait embrassée ; elle grimaça. Mauvais souvenir, en fait. Pas le fait qu’il l’ait embrassée, non, mais...
Elle se figea. Elle venait de réaliser. Hatori l’avait embrassée. Oh, bon dieu.
« -Mayu ? dit Jôzu en agitant sa main sous le nez de son amie.
-Quoi ?! aboya la jeune femme, sortie brusquement de ses pensées.
-On devrait peut-être retourner chez Chika, non ?
-Je ne crois pas, dit Onwa.
-Pourquoi ? demanda Jôzu.
-Eh bien... » La jeune femme rougit quelque peu, et se sentit particulièrement idiote. Mais bon, elle ne pouvait pas aller chercher Tanéo maintenant.
« -A vrai dire, dit-elle en recouvrant ses esprits, ils doivent être occupés, l’heure actuelle.
-Aaaaaaaaaaaaah ! s’exclama Jôzu. Je comprends, ajouta-t-il en hochant la tête. On ne peut pas décemment aller les embêter maintenant.
-Jô-chan. » dit Onwa, avant de se reprendre brusquement et de rectifier : « Jôzu, mets tes lunettes, s’il te plaît. »
Le jeune homme s’exécuta.
« -Vous avez raison, approuva Mayuko. Il est mieux avec.
-N’est-ce pas ? dit Onwa avec un sourire. »
Jôzu sourit lui aussi, avant de se dire que désormais, il porterait toujours ses lunettes, puis quelque chose se passa, et il n’eut plus le temps d’y penser.


« -Qu’est-ce que tu prends ? demanda Hiro à Kisa.
-Un chocolat chaud, dit-elle d’une petite voix en regardant autour d’elle. C’est un bel endroit, ajouta-t-elle doucement, fixant Hiro. »
Le garçon rougit, et s’exclama :
« -Tu ne vas pas prendre qu’un chocolat ! Prends un gâteau, sinon, tu auras faim très vite, lui ordonna-t-il. Déjà qu’en fait, il serait plutôt l’heure de déjeuner... D’ailleurs, on devrait plutôt prendre des nouilles, annonça le jeune homme en croisant les bras.
-D’accord, dit-elle en souriant. Va pour un gâteau. » approuva-t-elle sans préciser qu’elle ne voulait pas de nouilles ; elle savait que c’était inutile. Elle connaissait Hiro depuis longtemps maintenant et savait qu’il leur en commanderait, de toute façon, et qu’il finirait son bol à elle.
-Je choisis pour toi, décida-t-il, et cela la fit sourire.
-Vous avez choisi ? demanda une voix morne. »
Si le salon de thé restaurant était joli, la jeune femme qui les servait les regardait d’un œil éteint.
« -Deux katsudon, puis deux tartes au chocolat et deux chocolats chauds, demanda-t-il.
-Par... fait, nota la serveuse avant de s’en aller vers la cuisine donner la commande. »


Onen attaqua et Shinjoo et ses pâtes, plantant ses baguettes dans les unes et ses yeux dans ceux de l’autre.
« -De quoi tu voulais nous parler, déjà ? demanda-t-il en coupant méticuleusement ses nouilles.
-On déménage, dit Shin.
-Tu nous en as déjà parlé tout à l’heure, contra Asahi.
-Oui, mais là, c’est certain, répondit son frère en levant les yeux au ciel, comme si il parlait à des demeurés.
-Et comment peux-tu en être certain étant donné que tu n’as pas pu contacter la personne qui devrait nous héberger ? » Onen leva les yeux au ciel.
« -Il va mal, dit soudain Shinjoo.
-Qui ? s’exclama Asahi. »
Son frère posa son regard bleu sur les deux adolescents.
« -On va devoir se passer de dessert, les enfants. »


Hiro se retourna. C’était quoi, ces clients qui faisaient du bruit ? Qui allaient encore lui prendre le temps qu’il avait avec Kisa, alors qu’il voulait lui dire tellement de choses ?
Il se retourna, et son regard plongea dans celui d’une jeune fille de son âge. Les yeux d’Hiro rencontrèrent ceux, d’un bleu profond, de l’adolescente et ils s’y noyèrent presque.
Le temps s’était arrêté. Quelque chose n’allait pas, réussit à se dire Hiro ; ce n’était pas possible... pas normal...
Ce regard. Ce lien.
Il le ressentait plus que toute autre chose. Cette jeune fille... elle avait un rapport avec « eux », avec les maudits.
C’est pour cela qu’il ne s’étonna pas quand elle s’approcha de lui, décidée, en dégageant son bras de l’étreinte de son ami.
« -Vous êtes un maudit de la famille Soma, dit-elle. »
Ce n’était pas une question, mais une affirmation.
« -Oui, dit Hiro, sans quitter des yeux le regard résolu d’Asahi.
Advienne que pourra, il n’avait plus rien à perdre.


Onen ne comprit pas.
Qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi Asahi regardait-elle fixement le gamin assit à la table voisine ?
Il l’attrapa par le bras :
« -Asa... »
Elle le repoussa doucement, et se dirigea vers l’autre, et Onen se sentit jaloux quand elle se pencha vers Hiro, tout comme Kisa se sentit mal de manière soudaine, et les regards de Kisa et Onen se rencontrèrent, et immédiatement ils comprirent, alors Onen rejoignit Asahi et les deux maudits de la famille Soma, juste à temps pour entendre ce qui confirmait son intuition :
« -Oui, dit Hiro, nous sommes maudits. »
Le temps se remit en marche, violemment, et Onen sentit un sentiment d’urgence lui serrer la gorge. Tout allait trop vite, trop facilement.
Comme si les dieux s’en étaient mêlés bien plus qu’il ne l’avait cru.
Il ne savait pas à quel point il avait raison.


Minamoto soupira.
Décidemment, les humains étaient plus intelligents qu’elle ne le pensait.


Chapitre 15 : Où Akito et Jiro ont le choix
Akito releva la tête, lentement. Le choix. Pour la première fois de sa vie, elle pouvait faire un choix. Maintenir la malédiction et son statut de dieu. Ou briser les chaînes qui les entravaient, les maudits et elle, et devenir quelqu’un de normal.
Ou.
Tout résidait dans ce simple petit mot.
« -Oui, dit la jeune femme, nettement. Donnez-moi le choix, Hikari. »
L’envoyée de Kakon sourit doucement.
« -Bien sûr... »
Et elle commença à raconter ce qu’elle savait de la légende à la personne qui en subissait le plus les conséquences.
Oh, évidemment, Hikari ne savait pas tout, puisque Kakon lui-même ne se doutait pas du quart de ce que ces actions avaient provoqué. Puisque le sorcier ignorait les répercussions de son acte chez les dieux. Mais c’était largement suffisant pour permettre à Akito de choisir.
Garder ou détruire.
Laisser vivre ou voir mourir.
Vérité ou mensonge.
Et pour elle, femme ou homme.
Le choix. La décision.
Pour une fois, c’est elle qui avait tout cela en main.


Jiro fixa la lettre d’Oda comme si c’était un serpent venimeux, mais un serpent venimeux qu’il voudrait serrer dans ses bras, à la fois attiré et repoussé. Puis il se précipita vers l’enveloppe, déchira le papier, jura en en arrachant un bout, puis parcouru du regard le feuillet couvert de mots allemands, sautant les lignes jusqu’à la signature, et eut un petit sourire absent et nostalgique en la découvrant.
« Dein Oda ». Ton Oda.
Comme avant.
Comme avant, alors qu’il n’avait jamais répondu à aucune de ses lettres.
Il reposa la feuille lentement.
Maintenant, il avait le choix.
Celui de lire ou non la lettre envoyée par cette fille qu’il n’avait jamais pu oublier.
Alors, allait-il de nouveau déplier la missive et la lire, ou bien... ou bien allait-il rester comme il l’avait toujours été, comme il l’était toujours depuis son départ, à nier tout ce qui était arrivé là-bas ?
Jiro secoua la tête. Quelque chose lui soufflait qu’il n’était plus comme ça. Plus comme ça...
Et soudain, Jiro se retrouva plaqué au sol par une force bien plus grande que la sienne. Il sentait quelque chose qui le maintenait au plancher, mais ce n’était pas matériel.
« -Je ne te veux pas de mal, créateur de technologie, dit une douce voix féminine. Je préfèrerais simplement éviter que tu vois mon visage, je me suis suffisamment montrée à tes pairs pour le moment.
-Qui êtes-vous ? demanda calmement Jiro, cachant sa peur autant que possible.
-Celle qui doit te rendre la mémoire, murmura Minamoto en se penchant vers Jiro pour effleurer son front. »
Un cri, puis le trou noir.


Hikari finit le récit officiel de la légende rapidement. (NDA : celui figurant dans le prologue)
Puis, évidemment, elle en commença à raconter ce qu’elle, elle avait réussit à découvrir au fil du temps.
« -La malédiction ne concerne pas que ceux qui sont touchés directement par elle, Akito... Ceux qui écoutent leurs rêves, le Souffleur de rêves, Celle qui répand le bonheur autour d’elle, votre dragon et moi-même sommes peut-être plus meurtris par celle-ci.
-En quoi Hatori est-il concerné par cela plus que les autres ?
-Il a hérité de ce don d’effaceur de mémoire, don qui, par ailleurs, a à présent disparu.
-Mais... tous les membres de sa branche ont possédé cette faculté.
-Et tous n’en ont pas œuvré de la même manière pour autant. »
Akito leva les yeux.
« -A quoi, ou plutôt a qui fais-tu allusion ?
-A Chomei, plus connu ici sous le nom de Toya Soma, oncle du dragon du Junishii.
-Chomei ? Le moine ?
-Oui. Mais il n’était pas seulement moine. C’était également un ami du chat... ainsi que le maître de l’actuel Souffleur de rêves... et, par conséquent... l’avant dernier Souffleur, Kiyoshi étant le dernier. »
Akito n’eut pas vraiment le temps de réagir, un évènement plus qu’imprévu venant de se produire. Elle baissa les yeux vers ses mains, interdite.
Une nouvelle libération.
Kagura s’était libérée, et, avec elle, un nouveau pan de la malédiction.


Jiro se réveilla lentement, pour la seconde fois de la journée, mais cette fois-ci, par chance, ses lunettes n’avaient pas valdingué trop loin et il put les retrouver sans trop de peine.
Il se massa les tempes, se demandant ce qu’il s’était passé, puis la voix douce de la déesse lui revint en premier, bientôt suivie par tous les évènements qui s’étaient produits les deux derniers mois.
La superbe femme brune qui lui effaçait la mémoire.
Tohru, Shinjoo et Kiyoshi dans son salon.
Son soulagement de savoir Chika sauvée.
L’European Coffee.
L’impression d’avoir des amis, d’être différent.
C’était si loin. C’était hier, s’aperçut-il en fixant le calendrier accroché au mur. Plus précisément, une soixantaine d’heures plus tôt.
Oh lala. Incroyable. C’était ça, faire partie de ceux qui écoutent leurs rêves ?
Il fallait qu’il les contacte. Si tout était exact, il avait le numéro de Shin rentré dans son téléphone. Il se leva, et une mince feuille de papier tomba. Il se pencha pour la ramasser, et la parcouru d’un regard un peu détaché.
La lettre d’Oda.
Cette fois, le reste de sa journée s’insinua dans son esprit. Il s’assit sur son lit, et lut la lettre, s’étonnant presque de comprendre encore si bien l’Allemand après plusieurs années sans pratique, mais cette pensée était reléguée au fin fond de son esprit, il n’y songeait pas vraiment, ce qu’il lisait était bien trop... captivant, nostalgique, beau, vibrant, doux, cruel. Vivant. Bien trop Oda. Bien trop de choses, en fait.
Il replia soigneusement la lettre, ignorant les quelques larmes qui roulaient sur ses joues. En fait, pensa-t-il avec humour, cette lettre lui avait remis en mémoire un évènement plus ou moins capital : aujourd’hui, c’était son anniversaire, il fêtait ses treize années, en même temps qu’Oda ses quinze : il était née un jour avant elle.
Il eut un léger sourire en pensant que son père n’y avait même pas fait allusion pendant son cours séjour, puis reposa la lettre avec les autres, celles qu’il n’avait jamais lues mais soigneusement gardées, rangées dans une boite de bois. Cherchant son téléphone des yeux, il se rendit à l’évidence qu’il n’était pas là et ouvrit la porte pour aller le chercher dans le boudoir, puisqu’il devait s’y trouver.
Il sortit dans le couloir, buta dans quelque chose de rectangulaire, tomba et se retourna, furieux. A ses pieds était posé un colis, avec une carte.
« Bon anniversaire, Jiro-kun.

Papa. »
Jiro ferma les yeux. Oh, non. Il n’allait pas pleurer de nouveau, pas aujourd’hui. Une goutte tomba sur la carte. Trop tard.


Akito ferma les yeux, choquée.
«- Je choisis... »


Chapitre 16 : Dans lequel il y a une grande réunion
Kyo se frotta les yeux. Est-ce que c’était bien... est-ce que c’était vraiment...
Puis une tornade blonde passa devant lui, le nouveau, Mei, et s’encastra dans Kureno, puisque apparemment c’était bien lui, étant donné que Arisa venait de murmurer son nom, et d’ailleurs comment le connaissait-elle, et...
Puis Kyo ne pensa plus à rien, bloqué sur ce qu’il voyait. Arisa venait de se jeter au cou de Kureno et elle l’embrassait.
« -Oups, pensa Kyo si fort qu’il le dit à voix basse. »
Là, il avait manqué quelque chose. Et même plusieurs choses. Il chercha Mei du regard pour avoir une bonne raison de partir, mais celui-ci était déjà loin, il voyait sa crinière de cheveux blonds flotter à l’autre bout de la rue.
Puis Kyo eut un instant mal au cœur et pensa à Tohru, sans savoir pourquoi.

Yuki se figea, serrant plus fort la main de Machi. Il tenta d’analyser froidement la situation, puis rejeta le « froidement ». Devant lui, il y avait Arisa dans les bras de Kureno, et Kyo juste devant, un air abasourdi plaqué sur la figure, et Yuki sut immédiatement qu’il arborait le même.
« -Cette fille, dit doucement Machi, elle est dans ta classe, n’est-ce pas ? C’est Uotani-sempaï, non ?
-Oui, murmura Yuki, c’est elle.
-Et à côté, il y a...
-Kyo et...
-Quelqu’un que tu connais. »
Machi avait dit cela d’un ton définitif, et Yuki lui en fut reconnaissant, il n’avait pas envie d’expliquer qui était Kureno par rapport à lui.
« -Oui.
-Qu’est-ce qu’on fait ? »
Yuki n’eut pas le temps de répondre. Quelqu’un venait de laisser tomber un sac plein de livres, juste derrière lui. Il se retourna et croisa le regard de Momiji, accroupi par terre près de Hoshi pour ramasser ses affaires, répandues par terre.

Momiji aperçut d’abord Yuki et Machi, et il sourit. Puis il vit ce qui retenait les deux jeunes gens sur le pas de la porte et son sac lui tomba des mains. Hoshi et lui se précipitèrent pour les récupérer, et ses yeux bruns rencontrèrent ceux de Yuki, dans la regard duquel se lisait de l’incompréhension, et quelque chose qui ressemblait à de l’envie. Aussitôt, Momiji sut que Yuki était au courant, et cela le soulagea.
Il se redressa, et, posa sa main sur l’épaule de Hoshi, qui se taisait, tout comme Machi, il posa à Yuki la même question que cette dernière.
« -Qu’est-ce qu’on fait ?
-On tire Kyo de là, déclara Yuki, décidé. »
Momiji sourit.
« -Parfait. »

Machi regarda Yuki et Momiji, puis Hoshi, et prit la parole.
« -Hum... Mei-san ? On devrait aller dire à Soma-san que le directeur veut le voir, quelque chose comme ça... »
Yuki était surpris. Il était rare que Machi prenne la parole en public, et encore plus pour exposer une idée.
« -Ca me paraît être la meilleure chose à faire, dit Hoshi, qui retenait son rire. Sinon, le pauvre garçon va faire une syncope. »
Elle saisit Machi par la main, puis courut vers Kyo :
« -Soma-san ! Le directeur vous demande dans son bureau, tout de suite ! »
Kyo les suivit au pas de course sans même un regard en arrière. Arrivant devant ses deux cousins, il les remercia d’un signe de tête.
« -Kureno... Il est libéré, dit Kyo bien inutilement.
-Je sais, a dit Yuki. Et d’ailleurs... »
La souris se tourna vers Momiji.
« -D’ailleurs, ajouta celui-ci, moi aussi, je suis libéré, Kyo. »

Hoshi tenta de prendre un air d’incompréhension totale, mais c’était inutile, personne ne la regardait.
Les yeux des trois Soma étaient connectés les uns aux autres par une force incroyable. Puis tout d’un coup ils baissèrent le regards et Momiji esquissa un sourire contrit vers ses cousin, avant de partir, Hoshi sur ses talons.

Machi ne chercha pas à comprendre. Elle prit Yuki par la main, salua les autres et partit. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour lui, après tout.


Minamoto soupira de nouveau. Décidemment, ils faisaient tout pour lui rendre la vie impossible.
Cela dit, la jeune fille aux cheveux châtains, Kuragi Machi, avait plutôt bien réagi, pour une personne non « concernée ».
Le seul problème maintenant était que le rouquin était tout seul, et qu’il fallait à tout prix qu’il ne le reste pas, sinon...
Elle ferma les yeux, chercha Iwao dans sa tête, et le localisa.
Bon. Il ferait l’affaire.
Elle décida le laisser finir sa dispute avant de le réquisitionner. Quand même, elle n’avait pas à tout diriger dans leur vie. Et puis, il restait encore un peu de temps. Un peu, mais ce serait suffisant. Si toutefois le chef des Soma faisait ce qu’elle devait faire... Sinon, ça prendrait encore du temps, et pas qu’à elle, pour tout arranger.


Hitogara s’était allongée sur son lit, soucieuse. Elle ne comprenait plus. Dantoo allait dire quelque chose, et puis elle s’était figée... Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ?
Oh, et puis zut. Elle en avait assez, et quand elle en avait assez, elle était capable de tout saccager autour d’elle.
Elle se leva, repéra ses chaussures, les mit, et sortit.

Iwao faillit rentrer dans Hitogara, ou plutôt, Hitogara faillit rentrer dans Iwao. Mais bon, le résultat était le même : il était trop près d’elle pour qu’elle ne s’aperçoive pas de sa présence.
Il évita le coup de pied qu’elle venait de lancer vers son estomac.
« -Hito-chan, c’est moi ! dit-il en redevenant visible.
-Je le sais bien ! cria-t-elle. »
Et cette fois-ci, Iwao ne parvint pas à se pousser à temps pour esquiver le coup de poings.

« -Qu’est-ce qui te prends ? chuchota le jeune homme, sonné.
-baka, dit-elle. Tu n’es qu’un baka, un idiot, un sombre baka... »
Et elle s’éloigna.
Iwao ne comprenait pas. Qu’est-ce qu’il se passait ?
C’est à ce moment-là que la déesse lui parla, pour la première fois.
« Toi, dit Minamoto, car il savait que c’était elle, il l’avait su tout de suite, Toi, tu vas attendre, invisible, devant le dojo des Soma. Le garçon roux va arriver, je veux que tu l’empêches de faire une bêtise, c’est bien compris ? »
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre. Il n’avait pas le choix, de toute façon.


Kureno regarda Kyo, puis attrapa Arisa au vol, et ensuite, il ne s’aperçut de rien. Quand elle le lâcha, Kyo avait disparu et c’était tout ce qu’il savait. A vrai dire, il s’en fichait. Kyo ne répéterait rien à Akito, il la détestait trop pour cela.
Kureno avait raison, bien sûr. Mais Akito avait d’autres moyens d’être au courant, comme tout le monde, et il le savait. La seule chose qui pouvait aider Kureno, c’était le temps. Il n’avait plus qu’à espérer que celui-ci jouerait en sa faveur.


Chapitre 17 : Où quelque chose cloche


Tanéo regarda Chika. Incroyable. Incroyable, tout simplement.
Incroyable d’être près d’elle et de sentir son souffle.
Incroyable de la voir dormir, et sourire pendant son sommeil.
Chika... mystérieuse, rieuse, et loin, très loin, pendant trop de temps.
Alors oui, c’était incroyable, et c’était beau, peut-être trop pour lui, mais tant pis. Il avait choisi.
Au fil du temps, il s’apercevait qu’il était de plus en plus bizarre qu’ils soient encore vivants, tous. Ou plutôt, que ceux qu’il avait croisés le soient encore, puisque il n’avait pas de nouvelles des autres.
Il tiqua.
En fait... quelque chose clochait.
C’était... beaucoup trop facile. Trop facile de retrouver la mémoire. Trop facile que Chika se réveille si vite. Trop facile qu’il puisse la rejoindre sans problème.
Trop facile.
Hanajima qui leur rendait la mémoire, instinctivement.
« Mon rôle s’arrête ici. »
Elle avait eu l’air très décidée, en disant ça. Non... c’était comme si... comme si... on lui avait soufflé un texte. Quelque chose à dire. Des choses à dire, à faire... ou à faire faire...
« Hanajima... Quel rôle joues-tu ? Quel rôle joues-tu, vraiment ? Tu étais au courant... Tu as capté le songe de Kiyoshi, sans partie de ceux qui écoutent leurs rêves... Et... tu as une telle aura de puissance que même moi j’ai pu la sentir... »
Tanéo se redressa, et serra ses genoux entre ses bras.
Ce n’était pas normal, vraiment pas.
Il fallait qu’il s’en occupe, apparemment.
Pourquoi ce genre de truc lui tombait toujours dessus ?
Chika se retourna, et son regard rencontra les yeux verts de Tanéo. Elle lui sourit.
« -Que se passe-t-il ?
-Quelque chose cloche, annonça le garçon avec un rien d’énervement au fond de la voix.
-Quoi ?
-C’est beaucoup trop facile, répéta-t-il pour lui-même à voix basse.
-Au fait, dit Chika comme si elle venait seulement d’y penser, j’ai eu la visite d’une déesse, tout à l’heure.
-Une déesse ? Minamoto, celle dont parle la légende ?
-Tu t’es renseigné. »
Ils se sourirent.
« -Effectivement. »
Tanéo se laissa aller contre le montant du lit, les bras derrière la tête.
« -Une déesse... eh bien... Ca explique plein de choses, ça, dit-il avec satisfaction. »
Chika rit, et il l’embrassa. Bon, il y avait un truc qui clochait. Mais il s’en occuperait plus tard. Non, à vrai dire, les autres et lui s’en occuperaient plus tard. Là, il avait autre chose à faire.*


Haru s’adossa au mur, les mains dans les poches de son blouson. Le blouson en cuir noir, le pantalon d’uniforme bleu marine, et les grosses chaussures, sans oublier les cheveux bicolores en bataille et son air légèrement je-m’en-foutiste, tout cela lui donnait un look étrange qui, apparemment, plaisait beaucoup aux filles. Surtout à celles de l’école de Rin.
D’ailleurs, il commençait à en avoir assez. Comment pouvait-on expliquer logiquement que, sur les 500 élèves de ce lycée, il en ait vu passer 400, et que celle qu’il cherchait ne soit pas dans le tas ?
Ca, c’était énervant. Bon, tant pis. Elle l’avait voulu.
« -Toi, dit-il en attrapant une fille par le bras, ce qui provoqua des gloussements et des coups de coudes parmi ses copines, tu as vu Isuzu Soma ?
-Oui, répondit l’adolescente, qui avait de courts cheveux noirs. Elle se cache à l’intérieur depuis que tu es arrivé. Et d’ailleurs, ajouta-t-elle en le regardant de haut en bas, elle a dit quelque chose comme « Je préfère camper ici plutôt que le voir. ». Tu es Haru, n’est-ce pas ? dit-elle après un temps de réflexion. »
Haru la regarda avec un fond de surprise, mais moins que les amies de la fille qui avaient à présent l’air très, très, gênées. Et lui, il était très, très près d’exploser, là.
Très très près.
« -Au fait, ajouta la fille, enlève ta main de mon bras, s’il te plaît. »
Son ton était si froid que c’en était effrayant.
Haru enleva sa main, douché. Et c’est une autre main qu’il reçut dans la figure.
« -Tu es un idiot, lui dit Rin. Un idiot, vraiment. »
Et elle se précipita dans ses bras, pendant que les autres filles entraînaient la brune aux cheveux courts vers la sortie en lui criant dessus.
« -Eh, Rin ! cria celle-ci. Viens en cours demain, ok ? »
Rin ne répondait pas, mais hocha la tête.
« -Parfait ! hurla l’autre avant de se retourner pour engueuler ses amies.
-Qui c’est ? demanda Haru.
-Une... amie, dit Isuzu.
-Je vois ça... « Je préfère camper ici plutôt que le voir. »... C’est bien ce que tu as dit ?
-Oui.
-C’était vrai, Rin ? Je peux encore te lâcher, là. Mais si tu restes une minute plus dans mes bras, je te préviens que cette fois, je te garderai à tout prix. Tu auras du mal à t’échapper.
-Je prends le risque, bougonna Rin. »


Minamoto eut un fin sourire, de nouveau. Beaucoup d’évènements en même temps. Beaucoup de choses qu’elle devait surveiller. C’était comme ça.
Le garçon blond, Tanéo, il se doutait de quelque chose, tout comme l’autre, celui aux yeux noisette, Onen. Mais peu importait. Non.
L’important, c’était ce qu’il allait se passer chez le Souffleur de rêves.
L’important, c’était la nouvelle rencontre entre l’Invisible, Iwao, et le Chat, Kyo.
L’important, c’était que ce qu’elle avait organisé ait lieu.
L’important, c’était que la malédiction soit brisée.
L’important, c’était qu’elle gagne.
Ca faisait beaucoup de choses importantes.
Et ça faisait pas mal de travail, aussi.
Elle se connecta à quelqu’un d’autre.

*OMG, pas de questions XDDD (pourquoi je fais toujours des HSLL ? XD)
HSLL = Hop Sur Le Lit XD
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posté Jan 12 2006, 10:13 PM
Message #7


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Oneshots FB


J'ai fait du ménage dans mes ones xD
Résultat : il n'en reste plus que deux, les seuls dont je suis contente xD
mais il y en aura bientôt d'autres ^^


Juste une signature (Akito)
Akito hésitait. La jeune femme était assise à un bureau de bois sombre, peut-être en acajou. L’endroit même où elle se trouvait était sombre, lui aussi. L’atmosphère oppressante de cette pièce à l’odeur de renfermé commençait à lui taper sur les nerfs, tout comme le manoir des Soma, ce manoir si ancien dans lequel elle vivait depuis sa naissance.
Dans lequel elle vivrait jusqu’à son trépas, sans aucun doute.
Elle regarda autour d’elle, détournant la tête et les idées des quelques feuilles posées sur la table et de ses sombres pensées.
La chambre n’avait pas été construite et aménagée avec l’intention de la rendre confortable, c’était plus que visible.
Elle avait été meublée dans un style européen, avec des meubles de bois obscurs et une bibliothèque remplie de dossiers poussiéreux.
Les shoji de papier étaient recouverts par de larges tentures vermillon. Le peu de lumière qui passait au travers donnait un air macabre à la pièce.
Par la seule fenêtre de l’endroit on apercevait la lune, mince croissant pâle sur le ciel d’un bleu profond.
Avec les papiers, il n’y avait rien d’autre sur la table qu’une lampe et deux stylos.
L’un rouge, l’autre noir.
Le rond lumineux projeté par la lampe sur le document était blafard.
Akito relut le court dossier.
Oui, elle hésitait.
La supplique du père de Kyo était légitime, et, somme toute, peu surprenante, pour ce qu’elle savait de l’homme.
Il réclamait l’enfermement immédiat de son fils, le chat, ce monstre.
Et pourtant elle doutait.
Sans savoir pourquoi, elle avait l’impression que si elle signait dans le coin vide en bas à droite, elle commettrait une erreur. Peut-être parce que la demande résonnait comme un ultimatum. Ou peut-être, tout simplement, parce que le fond d’honnêteté qui restait en elle lui soufflait qu’il serait injuste de s’emparer du jeune homme avant la fin du pari, même si il était plus que certain qu’il le perdrait, et, qu’au fond, il l’avait déjà perdu.
C’était stupide, elle le sentait bien ; mais elle qui jusqu’alors ne s’était jamais posé de question sur l’emprisonnement de Kyo pressentait une zone d’ombre...
Comme si elle n’avait pas marché dans la bonne direction jusqu’à cette nuit.
Au loin une pendule sonna. Trois heures.
La bulle éclata.
Elle prit tout d’un coup conscience de tous les bruits qui l’entouraient.
Le bruissement des arbres.
Les cris d’un chien.
Le vent qui souffle.
Les rires gras d’ivrognes passant sous sa fenêtre.
Prenant sa décision, elle se pencha sur l’objet qui provoquait tant de sentiments contraires en elle, puisque elle avait le choix.
Signer ou non.
La vie ou la mort.
La témérité ou la résignation.
Un témoin de la scène n’aurait pu savoir si, résolue, elle déchirerait le papier en deux ou signerait bien proprement à l’endroit voulu.
Un grattement sur le papier.
Juste une signature.
Le lendemain, la police déplora l’enlèvement d’un jeune homme roux.


Lettres
Kyo leva la tête vers son plafond, se massant le cou. Comme cela fait mal d’écrire longtemps...
"Ca y est, tout est fini, songea-t-il. Je vais partir, et il n'y aura plus de problème."
Il pencha ses yeux sur les feuilles de papiers posées sur son bureau.
Une écriture fine et serrée les couvrait.
Il y avait une lettre pour chacun d'eux...
Akito... Kyo avait eu du mal à l'écrire, celle-là. Qu'il était dur de s'adresser librement au chef de la famille Sôma... Il avait retenu les injures, les reproches, tout ce qui était personnel. Le résultat était clinique : il expliquait qu'il partait, qu'il s'éloignait pour toujours de la famille Sôma. Il ne donnait pas de raisons, c'était simple, Akito devinerait sans peine.
"Comme d'habitude..."
La lettre pour Shiguré était tout aussi impersonnelle : le neko savait qu'elle serait montrée à Akito, il était donc inutile de s'épancher bêtement.
Celle qui était destinée à Yuki était une lettre d'excuses. Kyo demandait à Yuki de le pardonner.
"Ce n'est pas toi que je déteste, c'est l'image de toi qu'on m'a toujours projetée..."
Puis, il s'était décidé à écrire la plus dure, la plus franche, la plus révélatrice; celle qui disait tout, celle pour Tohru.
Il lui racontait l'enfermement tout proche, ses peurs, ses angoisses, ses raisons, et surtout, il lui racontait la vérité qui avait éclairée sa vie ces derniers mois : l'amour qu'il lui portait.
"Je ne te mérite pas, Tohru-kun. Soit heureuse."
Le matin était venu, blafard : il avait glissé les lettres dans des enveloppes, et était sorti de sa chambre son cartable remplit des quelques affaires qu'il y avait dissimulées, ses poches de l'argent qu'il avait tiré de son compte et à la main, les lettres.
Kyo était entré dans la cuisine, espérant, et ne l'espérant pas, que Tohru n'était pas encore levée.
Mais la nigiri était là et l'accueillit, comme d'habitude, avec son lumineux sourire.
-Bonjour, Kyo-kun ! Comment vas-tu ?
Et avec l'air joyeux de Tohru, les résolutions de Kyo fondaient.
"Je dois tenir, se répétait-il."
Mais il l’aimait, et chaque à minute qui passait, il doutait de plus en plus de la nature des sentiments de Tohru... Qu’éprouvait-elle à son égard ? De l’amitié ou de l’amour ? Et quand bien même se serait de l’amour... Est-ce qu’elle s’en rendrait compte ?
Et quand Tohru lui sourit... Il ne résista plus. Il n’en avait ni l’envie, ni la force. Et, avant de partir avec elle pour le lycée, il alla vider son sac dans sa chambre, jetant les lettres à la corbeille.
Yuki se réveilla lentement. Il avait cours plus tard, ce matin, à cause du conseil.
Sans savoir vraiment pourquoi, il se retrouva dans la chambre de son cousin.
« Qu’est-ce que c’est que ce bazar ? se dit-il en remarquant le tas de papiers dépassant de la corbeille, des vêtements roulés en boule sur le lit... Ce baka neko, je le croyais plus propre, tout de même... »
Il s’approcha de la poubelle et découvrit l’enveloppe qui portait son nom. Il lut la lettre qui lui était destinée. Puis celles adressées aux autres.
Puis, Yuki pleura. Larmes de bonheur, de soulagement, d'impatience. Kyo ne partirait pas, il le savait. Il savait aussi son amour pour Tohru, et le soutenait en son for intérieur.
Yuki pleurait, et c'était bien.


L'odeur de l'hôpital Pour Mily-chan, Saint-Valentin 2007
Kyo n’avait jamais aimé l’odeur de l’hôpital. Hatori lui avait expliqué que cela était commun à beaucoup de gens - mais lui, grâce à la perception du Chat, avait toujours mieux ressenti le vertige diffus que procurent l’éther et la fragrance du sang. Même maintenant que le Chat était parti, il sentait encore ce mélange de vies sauvées et perdues, de maladies bénignes et d’opérations délicates. Les rares passages qu’il avait eu à faire dans les cliniques se comptaient encore sur les doigts de la main quelques mois plus tôt ; à présent, il s’astreignait à venir chaque fois qu’il le pouvait. Ce n’était pas facile d’attendre au milieu de tant de gens, même si tous les hommes qui l’entouraient à présent se trouvaient dans la même situation que lui : angoissés, au bord des larmes, profondément anxieux et en même temps fiers, prêts à se battre contre tout - comme si on pouvait se battre contre la vie, contre la mort, et contre tout ce qu’il y a au milieu.
Kyo attendait. Il n’avait prévenu personne. Pas encore. Pas encore, rien n’était sûr, tout était encore à venir, et puis ils n’avaient qu’à se débrouiller et... oui, il savait qu’il faudrait qu’il les appelle, parce que quand même, il ne pourrait pas demander ça à Tohru, pas alors qu’elle risquait d’être si fatiguée...
C’est en se déplaçant légèrement sur sa chaise qu’il s’aperçut qu’il se rongeait les ongles. Mon Dieu, il n’avait plus fait ça depuis des années... décidément, il était bien agité.
-Monsieur Soma ?
Il releva la tête, plein d’espoir. L’infirmière sourit, il soupira : ça s’était bien passé.
-C’est une fille, Monsieur Soma.
Il n’avait jamais aimé l’odeur de l’hôpital, teintée de celle de la mort.
Mais désormais, elle serait imprégnée de l’odeur, douce et un peu acide, de l’enfant qu’il portait dans ses bras.
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posté Jan 13 2006, 05:32 PM
Message #8


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Divers



Idem, il n'en reste plus qu'un, plus les deux de Rêves et cauchemars xD
Bon, maintenant que le listing est fini, je vais m'y mettre >o

Du 31 décembre au premier janvier...
Elle se réveille.
Des yeux la fixent.
Des yeux la fixent.
Les yeux de qui ?
Elle ferme de nouveau les siens, puis les rouvre.
Qui est cette personne dont elle voit juste le regard ?
Qui est cette personne ?

Il se recule dans l’ombre.
Elle s’est réveillée.
Pourquoi ?
Pourquoi s’est-elle réveillée ?
Et pourquoi pendant son tour de garde ? Pourquoi justement pendant qu’il passait dans cette chambre ?
C’est incroyable. Normalement, elle devrait…

Ce n’est pas normal. Elle devrait être morte, elle le sait.
Même si ses souvenirs sont embrouillés, même si elle ne veut pas se souvenir, des images lui reviennent, et elles sont claires.
Elle a fermé les yeux juste avec l’explosion.
C’était il y a une seconde, une minute, un mois, un an, dix peut-être. Une éternité.
Pourquoi est-elle vivante ?
Pourquoi n’est-elle pas morte ?

Il hésite. Une fraction de secondes, il hésite, et déjà c’est trop tard. Dans son métier, on ne doit pas laisser place au doute. Une inattention peut tuer.
Une inattention peut tuer, il le sait. Et pourtant, il a hésité, parce qu’elle est là, devant lui, vivante, alors qu’elle dort depuis des mois, qu’elle devrait dormir encore, et qu’elle s’est réveillée.
Une fraction de seconde, et c’est déjà trop tard.

Elle s’est levée.
Elle s’est levée.
Elle ne devrait pas, pourtant. Pire : elle ne devrait pas pouvoir.
Et malgré cela, ou peut-être à cause de cela, elle est debout, et se tient droite. Elle ne tremble pas, mais au fond de ses yeux se lit une terreur croissante.
Les souvenirs lui reviennent, et avec eux, la douleur.
Pourquoi ?

Il recule encore, même si il sait qu’il a tort.
Elle l’effraie, sans raisons apparentes.
Sans rationalité.
Ce n’est pas logique. Rien n’est logique aujourd’hui.
Déjà, il est de garde.
Pourtant, c’est le nouvel an. Mais comme c’est son premier poste, comme il sort à peine de l’école, on lui a refilé cette chambre à garder, au sous-sol.
Cette chambre qu’il a tout fait pour éviter, depuis six mois qu’il est ici.
Ensuite, elle s’est réveillée. Et ça, ça, ce n’est pas normal. Pas du tout. Parce qu’elle est là depuis si longtemps… Parce que cela fait des siècles que les médecins ont abandonnés l’espoir de la réveiller… Parce qu’elle devrait être morte, dans cette chambre, depuis si longtemps, et qu’elle est là, devant lui, à le fixer de ses yeux violets.

Elle lève la main vers lui.
« -Vous êtes… je suis… »
Sa voix est rauque. Elle s’est tue tant de temps que son ton s’est voilé.
« -Vi... vivante… Vous êtes… »
Il hésite, il hésite, il hésite. Et il est bloqué.
Trop loin de la sonnette, pour alerter les autres, dans les étages. Et trop loin de la porte pour fuir.
Et soudain, sans prévenir, elle tombe.
Elle tombe sur le lit, les paupières closes.
S’est-elle rendormie ?
Est-elle repartie dans ce sommeil sans fond ni fin appelé coma ?

Il recule encore, et se sauve, sans prendre la peine de faire quoi que ce soit. Sans prendre la peine de vérifier si elle est morte ou vivante. Il fuit en haut. Derrière la vitre contre laquelle il s’appuie à présent, des flocons de neige tombent. Une fine buée se forme sur le verre. Il est essoufflé.
« -Eh, qu’est-ce que tu fais ? Tu as fini ta ronde ? »
Il a sursauté. Il tente de cacher son trouble à l’autre.
« -Oui, dit-il. Oui, j’ai fini.
-Rien à signaler ?
-Non. »
Non.
Personne ne doit savoir.
Personne ne doit savoir que la locataire de la chambre 30 s’est réveillée, puis s’est… oui, sans doute… rendormie.
« -Tu as une frayeur, on dirait. C’est toujours comme ça, la première fois. C’est glauque, la nuit, quand c’est désert ! Hahaha ! C’est ça, un hôpital de province, la nuit du 31 décembre…… »


Comme toujours Sur Chika de R&C ("Répondez-moi", Cabrel)
Je vis dans une maison sans balcon, sans toiture
Où y'a même pas d'abeilles sur les pots de confiture
Y'a même pas d'oiseaux, même pas la nature
C'est même pas une maison


Chika se leva, doucement, sans bruit. Ne pas les réveiller surtout. Comme toujours.
Ne pas les réveiller...
Elle enfila son uniforme. Il était noir, celui de son école.
Il était noir...
Comme son humeur, comme son moral.
Elle se dirigea vers la cuisine, ses chaussettes ne faisaient pas de bruit sur le parquet luisant.
Elle s’assit à table et attrapa le miel.

J'ai laissé en passant quelques mots sur le mur
Du couloir qui descend au parking des voitures
Quelques mots pour les grands
Même pas des injures
Si quelqu'un les entend


Elle était sortie, silencieusement, comme toujours, ne mettant ses chaussures qu’une fois à l’extérieur de l’appartement.
Une fois à l’extérieur...
Elle passa par le parking, lorgnant les motos, avec au fond d’elle l’idée d’en voler une, et de partir.
Partir...

Répondez-moi
Répondez-moi


Elle entra dans le lycée, la première, comme toujours. Elle s’installa à sa place, sans faire un bruit, par habitude.
Par habitude...
Puis les autres élèves arrivèrent, l’ignorant, comme toujours.
L’ignorant...
Elle baissa la tête.
Ses longs cheveux bruns glissèrent et cachèrent son visage.

Mon cœur a peur d'être emmuré entre vos tours de glace
Condamné au bruit des camions qui passent
Lui qui rêvait de champs d'étoiles, de colliers de jonquilles
Pour accrocher aux épaules des filles


Elle courut pour attraper le bus, comme toujours, même si elle n’aimait pas ça, être enfermée avec des tas de gens inconnus.
Enfermée...
Elle se tint près de la porte, pour sortir plus vite, et se précipita hors du véhicule au bord de la nausée, nausée des regards des autres sur elle, nausée des jugements.
Elle avait mal...

Mais le matin vous entraîne en courant vers vos habitudes
Et le soir, votre forêt d'antennes est branchée sur la solitude
Et que brille la lune pleine
Que souffle le vent du sud


Alors elle courut à nouveau, juste pour arriver plus vite, pour profiter du moment où ils ne seraient pas là.
Un moment...
Elle entra furtivement, comme si ce n’était aussi chez elle, comme si elle n’y vivait pas depuis sa naissance, comme toujours.
Furtivement...

Vous, vous n'entendez pas

Personne ne devait savoir, se disait-elle.
Mais...
Elle aurait tant voulu que quelqu’un lui tende la main.
Comme toujours...

Et moi, je vois passer vos chiens superbes aux yeux de glace
Portés sur des coussins que les maîtres embrassent
Pour s'effleurer la main, il faut des mots de passe
Pour s'effleurer la main


Elle se laissa aller contre le lit, puis se releva et sortit le sac de voyage du placard.
Il était plein.
Elle était prête à partir, physiquement, mais l’était elle moralement ?
Comme toujours, elle hésitait.
Elle hésitait...

Répondez-moi
Répondez-moi


Puis la clé sur la porte, et encore doucement, elle se précipita à son bureau et fit semblant de travailler, au cas où ils auraient l’idée de venir la voir.
Mais comme toujours, les pas passèrent devant sa porte sans s’arrêter.
Sans s’arrêter...

Mon cœur a peur de s'enliser dans aussi peu d'espace
Condamné au bruit des camions qui passent
Lui qui rêvait de champs d'étoiles et de pluie de jonquilles
Pour s'abriter aux épaules des filles


Alors sans bruit les larmes coulèrent, comme toujours, sur le cahier grand ouvert.
Grand ouvert...
Alors elle jeta de nouveau un coup d’œil au placard.
Qu’est-ce que ça changerait ?
Qu’est-ce que ça changerait si elle partait ?
Si elle partait...

Mais la dernière des fées cherche sa baguette magique
Mon ami, le ruisseau dort dans une bouteille en plastique
Les saisons se sont arrêtées aux pieds des arbres synthétiques
Il n'y a plus que moi


Alors elle se coucha, sans manger, comme toujours, pour attendre la nuit porteuse d’espoir.
Mais quand elle se réveilla, l’envie était encore là, comme toujours.
Alors cette fois...
Cette fois elle prit le sac, et pour la dernière fois, elle se tut en passant devant la chambre de ses parents.
Ses parents...

Et moi, je vis dans ma maison sans balcon, sans toiture
Où y'a même pas d'abeilles sur les pots de confiture
Y'a même pas d'oiseaux, même pas dans la nature
C'est même pas une maison.


Dans la cuisine, elle hésita un instant, puis prit le pot de miel.
Juste une chose, une chose de son ancienne vie, serait suffisante.
Elle alla reposer le sac, et en prit un autre, plus petit, plus léger, celui dans lequel elle avait mis de l’argent et ses papiers...
Et elle partit, elle partit en faisant un bruit de tous les diables, comme pour tenter le sort.
Rien ne bouge, comme toujours.
Rien ne bouge, elle est partie.


Un instant Sur Asahi, Onen et Shinjoo de R&C ("Sarbacane", Cabrel)
On croyait savoir tout sur l'amour
Depuis toujours,
Nos corps par coeur et nos coeurs
Au chaud dans le velours.


Ils sont assis au bord du lit. Ils la regardent dormir. Deux regards très différents, l’un bleu, l’autre noisette. Mais tous les deux chargés d’amour et de tendresse.
En près de dix ans, les choses n’ont pas vraiment changées, ni pour l’un ni pour l’autre.
Ils ont grandi, et elle aussi. Mais ce n’est pas ça l’important.
Depuis qu’ils la connaissent, elle n’a fait que leur apporter un peu plus chaque jour.
Elle a enseigné à ces deux presque-hommes une nouvelle forme d’amour, à chacun.
Le premier a appris la fraternité avec elle. C’est sa petite sœur, il la protégera toujours.
Le second a appris à aimer avec elle. Et même si il ne veut pas le dire, et même si il ne le dira sans doute pas, il l’en remercie un peu plus chaque jour.

Et puis te voilà bout de femme,
Comme soufflée d'une sarbacane.
Le ciel a même un autre éclat
Depuis toi.


Asahi remua un instant. Les deux garçons retinrent leur souffle, de peur que par ce simple son, elle ne se réveille.
Mais non.
Elle dort.
Les jambes repliées sur elle-même, elle dort. Ses cheveux noirs sont étendus autour d’elle, et ils lui font comme une petite auréole aux reflets bleutés.
L’atmosphère est nostalgique. Tous les deux, en la regardant, savent qu’une fois qu’elle sera réveillée, ce ne sera plus comme avant.
Plus jamais.

Les hommes poursuivent ce temps
Qui court depuis toujours,
Voilà que t'arrives
Et que tout s'éclaire sur mon parcours,


Leurs regards se croisent. Et ils se sourient. Ils se connaissent depuis longtemps, maintenant. Ou plutôt, ils se côtoient. Ils ont de l’affection l’un pour l’autre, une affection teintée de jalousie.
Mais ils savent, aussi bien l’un que l’autre, que celui qui est en face est nécessaire au bien-être d’Asahi. Alors ils se sourient.
Shinjoo sait déjà ce qu’il va se passer entre Onen et sa sœur. Quand le jeune garçon est entré dans leur vie, il s’y est préparé.
Onen sait que Shinjoo ne le pardonnera jamais, si il fait du mal à Asahi.
Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, c’est la trêve.
Tous les deux savent pertinemment que ce qu’ils craignent finira par arriver.

Pendue à mon cou comme une liane,
Comme le roseau de la sarbacane.
Le ciel s'est ouvert par endroits,
Depuis toi.


Ils connaissent presque tout d’elle. Presque tout. Ils savent quand elle a mal, il savent quand elle est gaie. Ils savent quand elle pleure, aussi, et quand elle va rire.
Et ils font tout, chaque jour, pour la rendre heureuse.
Onen se souvient de leur rencontre. Ils étaient si jeunes à l’époque. Il n’avait pas encore, gravé dans sa mémoire comme au fer rouge, les phrases assassines de ses parents. Et quand cette déchirure s’était produite, c’est dans ses bras qu’il s’était réfugié, deux ans plus tôt.
Shinjoo se souvient de sa naissance. La première fois qu’il l’avait prise dans ses bras, la première fois qu’elle avait serré son pouce entre ses petits doigts. La première fois qu’elle avait rit, pleuré, marché, parlé.

Pas besoin de phrases ni de longs discours,
Ça change tout dedans, ça change tout autour.


Et elle était là, entre eux deux, depuis toujours. Entre son frère et son ami. Entre les deux hommes de sa vie, même si dire cela paraissait surfait.
Et pourtant, un jour, elle l’avait dit. Elle était très petite à l’époque... son père avait été vexé. « Et moi ? avait-il demandé en riant. »

Finis les matins paupières en panne,
Lourdes comme des bouteilles de butane,
J'ai presque plus ma tête à moi,
Depuis toi.


Elle est le trait d’union entre ces deux garçons. Et ils en sont heureux. Ils s’estiment.
Et en ce jour de novembre japonais, ils se font une promesse silencieuse. Cette promesse, presque identique à celle que Sakura, mère d’Asahi et de Shinjoo, a fait faire à Onen, ils savent qu’ils la tiendront, quoique qu’il leur en coûte.
Ils sont prêts à souffrir, pour elle.
Ils l’aiment.

Pas besoin de faire de trop longs discours,
Ça change tout dedans, ça change tout autour,


Leurs yeux, de nouveau, se croisent. Mais cette fois, ils ne se sourient pas.
Onen lève lentement la main, et Shinjoo l’imite.
Le regard qu’ils échangent est presque douloureux.
Et chacun plaint l’autre.
Quand ils sont venus au Japon, ils avaient une raison.
Ils savaient qu’ils devraient sans aucun doute faire des concessions et des sacrifices.
Mais elle, ils veulent la protéger.

Pourvu que jamais tu ne t'éloignes,
Plus loin qu'un jet de sarbacane,
J'ai presque plus ma tête à moi,
Depuis toi.


Cette fois, elle se réveille vraiment. Ouvrant lentement les yeux, ces yeux si bleus, identiques à ceux de son frère, elle rencontre le regard de ces deux gardes du corps.
Elle leur sourit, endormie.
Ils ont l’air mélancoliques, alors elle cligne des yeux, pour mieux voir.
Mais non, ils lui sourient à leur tour.
Ces yeux si tristes et graves ne se sont attardés sur elle qu’un instant.

Alors te voilà bout de femme,
Comme soufflée d'une sarbacane.
Le ciel s'est ouvert par endroits,
Depuis toi.
Oh depuis toi...


« -Bon, dit Shinjoo, maintenant que tu es réveillée, et si on allait au restaurant ? Ensuite, on pourra tenter de retrouver les autres... Maintenant que vous m’avez remis tout ça en tête. »


Et moi j'ai vécu la même histoire Original ("C'est écrit", Cabrel)

Elle te fera changer la course des nuages,
Balayer tes projets, vieillir bien avant l'âge,
Tu la perdras cent fois dans les vapeurs des ports,
C'est écrit...


« -Moi, je ne pouvais que prévenir, et tu le sais.
-Je le sais... »
Le jeune homme serra les poings.
« -Je le sais. T’as fait ce que t’as pu, j’ai aucune raison de t’en vouloir. De toute façon... »
Il soupira.
« -De toute façon, c’est entièrement ma faute. »
Son amie le regarda.
« -Non, ce n’était pas ta faute. Tu n’y pouvais rien, je crois. Elle...
-Elle avait quelque chose de fascinant.
-Voilà. Quelque chose qui t’as happé. Ne te sens pas coupable. »
Il la regarda, retenant les larmes qui voulaient encore lui échapper. Pourquoi était-elle comme ça ? Elle savait dès le début que ça finirait mal. Elle le savait, ça lui avait paru évident même à lui, et pourtant, elle n’avait rien dit. Elle avait juste épongé ses pleurs et ramené chez lui quand il allait trop mal. Elle n’avait pas l’impression d’être lésée, en vivant comme ça ?

Elle rentrera blessée dans les parfums d'un autre,
Tu t'entendras hurler «que les diables l'emportent»,
Elle voudra que tu pardonnes, et tu pardonneras,
C'est écrit...


« -Ne lui en veux pas, murmura-t-elle.
-Je lui en veux. Beaucoup. Et je m’en veux encore plus à moi.
-Non... Tu ne dois pas. S’il te plaît, ne te laisse pas aspirer par une spirale de reproches.
-Pourquoi tu parles toujours de cette manière ? »
Il y eut un blanc.
« -C’est comme ça. C’est exactement pour la même absence de raison que tu te fais toujours avoir... »
Il cilla, ses yeux bleu nuit le piquèrent.
« -Touché, dit-il à mi-voix.
-Tu l’as aimé, non ? Tu l’aimes encore... Ne regrette pas.
-Je ne sais pas si tu peux comprendre. »
La jeune fille sourit, d’un sourire un peu ironique.

Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours.


« -Je peux. Je peux, sois-en sûr, rit-elle, moqueuse.
-Si tu le dis...
-C’est un manque, hein ? »
Leurs regards se croisèrent.
« -C’est un manque. »
Elle tendit la main et effleura le visage, le cœur du garçon.
« -Ca vient d’ici et de là. Tu souffres ?
-Oui. Je souffre. C’est évident, non ?
-Ca l’est. Essaie de ne pas vivre au passé...
-Trop tard. »
Elle lui tapota l’épaule.
« -Ne te fais pas davantage de mal.
-Que je me blesse ou pas ne te regarde pas. »
Elle eut un petit rire, à nouveau.
« -Si, ça me regarde.
-T’inquiète...
-Trop tard aussi pour ça. Je le dis pour toi, hein... Ne vis pas au passé, ne reste pas plongé dans ta mémoire. »

Tu prieras jusqu'aux heures ou personne n'écoute,
Tu videras tous les bars qu'elle mettra sur ta route,
T'en passeras des nuits à regarder dehors.
C'est écrit...


« -Pas si facile.
-Personne n’a dit que ça l’était.
-Personne ne l’a dit, non.
-Normal, ça ne l’est pas. »
Ils se sourirent. Et lui secoua la tête. C’était incroyable. Pourquoi trouvait-il ça drôle, tout d’un coup ? Ce n’était pas drôle. C’était douloureux.
Juste douloureux.
Juste des souvenirs imprimés sur sa rétine.
Juste des choses qui ne s’effacent pas.
« -Je... »

Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours,
Mais y'a pas d'amours sans histoires.
Et tu rêves, tu rêves...


« -Tu n’arrives pas oublier. »
C’était une affirmation.
« -Tu ne veux pas oublier non plus.
-Pourquoi j’ai l’impression que tu sais tout ?
-Peut-être que c’est le cas ? »
Elle avait pris l’air interrogateur, levant les yeux vers le plafond.
« -Bah, toutes les histoires d’amours finissent mal, de toute façon, décréta-t-elle.
-Tu es blasée.
-Ouais.
-Pourquoi ?
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi tout devrait mal finir ?
-Parce qu’on ne peut pas aimer la même personne toute sa vie. Parce qu’un premier amour n’est que le premier de la liste. Parce que j’ai toujours été défaitiste. Parce que le seul moyen d’être heureux en ménage, c’est de vivre avec quelqu’un pour qui on ressent de l’affection et avec qui on s’entend bien. Vivre avec quelqu’un qu’on aime passionnément n’apporte que des emmerdes. »

Qu'est-ce qu'elle aime, qu'est-ce qu'elle veut ?
Et ces ombres qu'elle te dessine autour des yeux ?
Qu'est-ce qu'elle aime ?


« -Tu dis ça comme si ta vie était finie.
-Eh, je te signale qu’elle l’est peut-être.
-N’importe quoi...
-Non, pas n’importe quoi et tu le sais. Je peux très bien mourir en allant chercher du pain dès demain.
-Dans ce cas-là, ne va pas chercher du pain.
-Vivre a beau être dangereux, refuser l’avenir l’est encore plus. C’est toi qui me fais peur, actuellement. »
Il la fixa.
« -C’est idiot. Je vais bien.
-Les hommes sont tous les mêmes, ils n’acceptent jamais d’avoir mal. »

Qu'est-ce qu'elle rêve, qui elle voit ?
Et ces cordes qu'elle t'enroule autour des bras ?
Qu'est-ce qu'elle rêve ?


« -Tu ne vas pas me dire, reprit-elle, que tu n’es pas en train de penser à elle ? Que tu ne rêves pas d’elle toutes les nuits depuis son départ ? Que tu ne peux pas passer dans un endroit sans songer à un autre avec elle ? Que tes souvenirs ne te submergent pas, parfois ? »
Elle ne le regardait plus et son visage était marqué par un énervement qu’elle ne voulait plus contenir.
« -Ne te mens pas à toi-même, pu*ain. C’est ta vie, t’as le droit de pas en être content, t’as le droit de te plaindre, t’as le droit d’être malheureux. Plains-toi, je suis là pour ça. De toute façon, il est deux heures du mat’ et on est seuls dans ce taudis, donc plains-toi, c’est très bien, ça me tiendra éveillée.
-Je veux vivre autre chose.
-Autre chose ?
-Quelqu’un d’autre. »
Elle soupira.
« -Mais c’est très bien, ça. Compense un chagrin d’amour par une autre histoire, comme dit ma mère. Mais ne la prend pas trop au sérieux, ou tu souffriras deux fois plus.
-Te fous pas de moi, je prends toujours l’amour au sérieux.
-Ouais ben t’as tort. »

Je t'écouterai me dire ses soupirs,
Ses dentelles,
Qu'à bien y réfléchir
Elle n'est plus vraiment belle,
Que t'es déjà passé
Par des moments plus forts,
Depuis...


« -Ne dis pas ça. Tu ne veux jamais parler de toi, n’empêche que...
-N’empêche que ?
-N’empêche que quand t’as mal moi je le vois.
-Tant mieux pour toi.
-Je t’ai mise en colère?
-Hum... »
Il soupira à son tour.
« -Quand on ne connaît pas la vie d’un ami, c’est dur de lui parler, marmonna-t-il.
-Raconte.
-Hein ?
-Raconte-moi Alice. Raconte-moi cette fille aux cheveux blonds que tu as tant aimé. Parle-moi d’elle, soule-toi de tes mots, ensuite ça ira mieux. »
Elle roula sur le canapé-lit déplié, tapota la place à côté de la sienne, il vint s’asseoir.
« -Parle, répéta-t-elle. »
Il bafouilla, puis ses mots devinrent plus clairs peu à peu. Elle-même ne disait pas grand-chose, elle l’écoutait se vider les poches.

Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Tu cherches et tu cours,
Mais y'a pas d'amours sans histoires
Oh tu rêves, tu rêves...


« -Il s’est endormi... »
Elle sourit. Il était cinq heures du matin, ils parlaient depuis plusieurs heures, et, une fois le récit de son histoire avec Alice achevé, il avait sombré dans le sommeil comme un enfant.

Elle n'en sort plus de ta mémoire
Elle danse derrière les brouillards
Et moi j'ai vécu la même histoire
Depuis je compte les jours...
Depuis je compte les jours...
Depuis je compte les jours...


« -Et moi, j’ai vécu la même histoire... »
Allongée sur son lit, les bras derrière la tête, une jeune fille regarde un bout de ciel par sa fenêtre.
« -La même histoire, voilà tout... »


Rencontre Original

Esteban n’avait jamais cherché la compagnie des garçons. Ca ne lui était même jamais venu à l’idée. Il avait trois sœurs complètement folles, une mère très envahissante et un père relativement absent ; bref, il était le seul homme à la maison pendant la semaine. C’est pour cela, que, de manière presque automatique, l’enfant se tourna vers les filles, le jour de la rentrée. Il avait six ans, n’avait jamais connu la collectivité et Lezana, sa plus grande sœur, celle qui avait treize ans, lui avait dit de se faire des amis, que c’était important – et lui, il écoutait toujours Lezana.
Le petit garçon scruta les visages, observant les joues rondes et les sourires plus ou moins crispés de ses camarades, tout sexe confondu. Il se dit qu’il devrait peut-être s’approcher, les regarda à nouveau, puis s’assit sur le sol du préau sans plus se poser de question. Il était totalement improbable qu’il devienne ami avec ces enfants-là. Il continua donc à observer les occupants de la salle, les enseignants dont les expressions variaient énormément, les gamins qui se jaugeaient, les parents inquiets pour leur progéniture… puis une main, une main d’adulte, tapa sur son épaule. Il tourna la tête, se retrouva face à une jeune femme aux cheveux blonds et courts et à l’air stressé. Elle tenait par la main une fillette de son âge, brune, les yeux bleu marine, qui fixait Esteban d’un regard impénétrable. Le garçon se leva.
« -Comment t’appelles-tu ? demanda l’institutrice.
-Esteban Mirari.
-Mirari… oui, j’ai eu tes deux sœurs aînées dans ma classe ! Tu en as une très jeune aussi, n’est-ce pas ?
-Usua a un an.
-Parfait. Esteban, je te présente Katell (petit signe de tête vers l’enfant qui l’accompagnait), comme tu es tout seul, je me suis dit que vous pourriez devenir amis… »
Elle les planta là, il y avait à faire à l’entrée, un môme refusait de lâcher sa mère – ah non, c’était le contraire… Elle soupira, et Katell comme Esteban la regardèrent s’éloigner, puis se sourirent. La petite fille fourragea dans ses cheveux noirs coupés au carré.
« -Je suis Katell, dit-elle avec civilité. Katell Urdin, tu peux m’appeler Kat, tout le monde dit comme ça.
-Esteban, sourit l’autre.
-C’est trop long, remarqua Kat. Ban, c’est bien. Ca te va ?
-Ca me va… »


« -Je sais à quoi tu penses, s’exclama Kat en passant son bras autour du cou d’Esteban.
-Ah ouais ? »
Il ne se dégagea pas. Il avait l’habitude, maintenant.
« -Oui ! Tu penses à notre première rencontre, tu penses à la rentrée au CP.
-C’est normal, non ? demanda le garçon avec méfiance. C’est normal, on rentre au collège. C’est normal de penser à sa première rentrée. »
Elle rit, levant les bras au ciel.
« -Sans doute ! Mais moi, ce n’était pas ma première rentrée, hein. Je connaissais déjà l’école.
-Tu es allée en maternelle ? »
Quand Esteban découvrait quelque chose sur Katell, il était content, mais au bout de cinq ans d’amitié sans faille, il n’y avait plus grand-chose qu’il ne connaissait pas sur elle.
« -Oui, à Biarritz.
-C’est vrai que tu as déménagé juste cet été-là…
-Hum.
-Tu regrettes la ville ?
-Tu plaisantes ? J’adore Orthevielle, et en plus, j’étais toute petite quand on est partis. Non, ça ne me manque pas. »
Il la scruta de ses yeux brun jaune.
« -Et moi, tu ne m’adores pas ? questionna-t-il, l’air sérieux.
-On est trop grands pour ce genre de questions idiotes, le morigéna-t-elle. Bien sûr que je t’adore. Simplement, tu es…
-Toujours là.
-Voilà, comme le pommier devant la maison.
-Eh ! »
Il tenta de la frapper, elle s’échappa.
« -Quand même, papa exagère, marmonna-t-elle.
-C’est sûr que nous déposer une heure plus tôt devant le collège juste parce qu’il avait un rendez-vous…
-Mais bon, personne d’autre ne pouvait le faire.
-Voilà. »
Entendant le bruit de portières que l’on claque, ils se retournèrent, pour se retrouver nez-à-nez avec un garçon de leur âge aux cheveux lisses qui reflétaient la lumière et dont les yeux, derrière les lunettes, étaient en amande.
« -Bon, Yuu-kun, tu n’es pas le seul à être en avance, dit une voix masculine à l’intérieur. Bonne chance ! Je reviens pour treize heures.
-Au revoir. »
L’homme à l’intérieur de la voiture adressa un signe de la main à son fils, puis repartit.
« -Salut, dit Katell. »
L’inconnu ne lui répondit pas, se contentant de leur tourner le dos.
« -Je suis Katell, reprit-elle comme si de rien n’était. Et lui, c’est Esteban. Enfin, on dit Kat et Ban, c’est mille fois plus simple… »
Pas de réponse.
« -T’es muet ? demanda Esteban, légèrement agacé. »
Il n’obtint rien non plus, si ce n’est que l’adolescent se tourna vers lui et le regarda avec agressivité. Je ne veux pas d’amis, ne m’approchez pas, laissez-moi tranquille, ça va mal finir… Esteban ignora ces signaux et rejoignit le nouveau.
« -Eh oh ! Tu pourrais au moins être poli, non ? râla-t-il.
-Ne me touche pas, prévint Yuushuu.
-Et voilà, il parle !
-Ca te pose un problème, si je ne veux pas te parler, baka ?
-Ouais, ça me pose un problème.
-Ah ouais ?
-Ah ouais… »
Et, sans préavis, ils se jetèrent l’un sur l’autre. Katell soupira. Quelle bonne idée, commencer sa première année de collège par une bagarre… en plus, les gens commençaient à arriver.
« -Dites, vous deux, vous ne voudriez pas arrêter ?
-Tais-toi, sukebe ! »
Katell ne connaissait pas le sens du mot sukebe. Mais vu le ton, il n’y avait pas à tergiverser, c’était une insulte. Elle se jeta dans le tas.
« -Dégage, Kat !
-Va te faire voir ! »
Pour finir, un surveillant, très en colère, vint récupérer devant la grille les trois gamins qui se battaient sans aucune pudeur, traumatisant parents et enfants.


« -Je sais à quoi tu penses, Kat, dit Yuushuu.
-A quoi ? répondit la jeune fille en fouillant dans son sac à dos.
-Tu penses à la manière dont on s’est rencontrés, tous les trois.
-C’était une belle bagarre, souligna Esteban avec nostalgie.
-On peut le dire. Je te signale que j’ai perdu une molaire.
-J’avais les deux yeux pochés, répondit son ami. »
Kat, qui était restée derrière en cherchant son appareil photo, les rejoignit en courant. Elle les prit par surprise, puis dit que le cliché serait bon et qu’il fallait garder un souvenir parce que, quand même, ça y est, c’était le lycée !
« -Et elle avait le nez en sang, dirent-ils en cœur et avec satisfaction. »
Elle les frappa l’un après l’autre.
« -Le savon que nous a passé la dirlo, ce jour-là…
-Tu m’étonnes, on a foutu sa rentrée en l’air en se battant devant tous les sixièmes et leurs parents, repartit Katell.
-Bwarf, ce n’était pas une raison pour nous coller pendant tout septembre, râla Esteban.
-Ca, j’en ai soupé des travaux d’intérêt général ! grogna Yuushuu.
-Il faut voir le bon côté des choses, commença Katell.
-C’était une belle bagarre ? demanda Esteban avec espoir. »
Il récolta un coup de chacun de ses amis.
« -Non, baka, expliqua Yuushuu avec patience. Nous nous sommes rencontrés, ce jour-là.
-Ca te va bien de dire ça, monsieur je veux pas d’amis…
-Vous ne m’avez pas laissé le choix.
-C’est pas faux… »


Un barman Courte nouvelle originale

Un barman
Ça écoute les chagrins les salades
Les amours qui pleurent, les cœurs malades
Je sers à ça
Un barman

Eddy Mitchell - Un barman

Joël sourit, fatigué, un peu brumeux. Il est tard, il est tôt, peu importe. Quelque chose comme six heures du matin sans doute. Le bar est resté ouvert toute la nuit, il n’a pas eu le courage de le fermer, pas le courage de mettre les gens dehors, pas le courage de rentrer chez lui, de crier un « Je suis rentré » au seul profit du chat. Pardon, Chocolat, j’aime bien quand tu te frottes contre ma jambe, la question n’est pas là.
Le jeune homme enlève son bandana et se passe un chiffon mouillé sur la figure.
« -C’est dégueulasse, lui signale Rafaella depuis la table du fond.
-T’es encore là, toi ? demande-t-il pour toute réponse.
-Je t’emm*rde. File-moi un whisky.
-Je sers pas d’alcool aux mineurs. »
Elle le regarde d’un air fier, puis lève son index et son majeur en l’air, le V de la victoire.
« -Chuis plus mineure. Plus depuis ce matin minuit... »
Sa voix est un peu pâteuse, son élocution est gênée, et il sait qu’elle a bu, même si il ne lui a rien servi. Il sourit doucement, secoue la tête, remplit deux verres de liquide ambré et passe de l’autre côté en faisant attention à ne pas réveiller le pauvre gars.
Il arrive près d’elle, elle attrape son verre. Un peu trop vite, elle en fout partout.
« -Tu es soûle. Je t’ai déjà dit de pas te servir toute seule... »
Elle rit. Son rire est joli, un peu rauque.
« -J’fais c’que j’veux, mon grand.
-Pas ici.
-C’est ça oui... »
Elle penche la tête, lui sourit.
« -Je fais ce que je veux, répète-t-elle en détachant bien les syllabes.
-Pas ici. » murmure-t-il à nouveau en regardant le plafond. « J’espère que t’as de quoi me payer, cette fois. » ajoute-t-il tout en sachant que non, bien sûr que non. En plus, il va falloir qu’il repeigne le plafond.
« -Si je paie en nature, ça te convient ? chuchote-t-elle d’une voix chaude.
-Idiote...
-Je suis sérieuse ! »
Elle agrippe son bras, il la repousse avec un sourire indulgent.
« -Idiote... »
Elle semble si petite, une noyée dans son verre.
« -Il s’est passé quelque chose ? reprend-t-il très vite, pour ne pas la vexer.
-Je sais que t’aimes écouter les pauv’histoires des pauv’types qui viennent se cuiter, mais j’ai rien à te dire pour alimenter ton pauv’carnet, pauv’niais...
-Je sers à ça, non ? Un barman. Comme dans la chanson d’Eddy Mitchell.
-Te fous pas de moi avec tes chansons à la con.
-Je ne me moque pas de toi, Raf’.
-Tu te fous de ma gueule, oui. Chuis plus une gamine... c’pas ma faute si les vieux comme toi comprennent rien... »
Elle se couche à demi sur la table. Elle a dix-huit ans. Elle est vieille, maintenant, vieille. comme eux, vieille comme ces vieux qu’elle regarde encore avec dédain du haut de son insouciance.
« -J’veux pas être vieille comme toi. » marmonne-t-elle en buvant une gorgée de plus. Il lui enlève son verre, elle grogne.
« -Si tu veux pas être vieille, bois pas d’alcool.
-C’pas un truc de vieux, ça... »
Elle soupire, s’étire, puis plante ses yeux verts voilés par la veille et l’alcool dans ceux de Joël.
« -C’est un truc de désespéré, reprend-elle en marmonnant.
-Ouh, la belle excuse, se moque-t-il.
-Je t’emm*rde.
-Tu t’en rends compte au moins ? »
Il lui vole une cigarette, puis son briquet. Il n’a plus fumé depuis trois ans, Aurore n’aimait pas qu’il fume. A présent ça n’a plus d’importance.
« -Tu t’en rends compte ? Être désespéré n’est pas une bonne raison pour se bourrer la gueule à dix-sept ans.
-Dix-huit, lui rappelle-t-elle.
-C’est pareil.
-Apparemment non, puisque quand t’as su tu m’as filé ce p*tain de whisky... »
Il grimace un peu, inhale la fumée, tousse.
« -Tu crapotes, chuchote-t-elle. Amateur. Me dis pas que c’est ta première ?
-La première depuis trois ans.
-M*rde, t’avais arrêté ? Je vais avoir honte...
-Comme si tu connaissais la honte. »
De nouveau, ce regard trouble.
« -J’la connais un peu trop, mon grand. »
Il la scrute obliquement, décide de faire semblant de ne pas comprendre, biaise.
« -C’est vrai que la vie est dure quand on est ado... je me souviens...
-Je veux pas entendre tes souvenirs de vieux à la con.
-T’arrête avec cette histoire ! J’ai que vingt-sept ans ! Je suis pas vieux ! »
Elle rit à nouveau.
« -Si. T’es vieux, t’es seul, t’es malheureux et tu fais ch*er le monde. »
Elle lui jette un regard en coin, il a plongé dans son propre verre, la cigarette entre deux doigts.
« -Comme moi, quoi, déclare-t-elle avec satisfaction.
-Parce que toi, tu es vieille, seule, malheureuse et chiante ?
-Bah ouais. Sinon je serais pas là à glander pour mon anniversaire.
-Qu’est-ce que j’en sais moi ? Tu glandes là tous les soirs.
-J’reste pas aussi tard d’habitude.
-Au risque de me répéter, il s’est passé quelque chose ? »
Elle fixe un point derrière lui, et il la sent à l’Ouest. Pas forcément à l’Ouest de l’éden mais en tout cas loin de lui. Puis elle attrape la cigarette sur laquelle il a si peu tiré et inspire longuement.
« -Un baiser indirect, murmure-t-elle en reprenant sa voix d’entraîneuse.
-Quelle crétine... »
Il reprend la cigarette.
« -Et toi, il s’est passé quelque chose ? » Elle est incertaine. Pour la première fois depuis des mois qu’elle fréquente l’endroit, elle lui pose une question à laquelle il n’y a pas de réponse simple. Il ferme les yeux. Quand il les rouvre, il s’aperçoit que leurs verres sont presque vides, quand ont-ils bu tout ça ? Lui aussi, il est soûl, et pas qu’un peu. Aurore.
M*rde, Aurore, sors de ma tête.
« -Toi non plus, tu restais pas aussi tard, avant... »
Et cette idiote de Raf’ qui en rajoute.
« -T’as même pas fermé le bar cette nuit. C’est une infraction, non ?
-Va te faire foutre. »
Les rôles se sont inversés et soudain il a l’impression que des deux, c’est lui le plus jeune, le plus bourré et le plus perdu. M*rde. Ça lui ressemble pas.
« -Seulement si c’est avec toi, mon grand. » chantonne-t-elle en fixant le plafond, se balançant sur sa chaise.
Il ne relève pas et finit son verre cul sec.
« -Tu devrais repeindre le plafond, remarque-t-elle.
-Merci, j’étais au courant, dit-il sèchement.
-Pas besoin d’être désagréable.
-UNE BIERE. J’VEUX UNE BIERE ! »
Ils se retournent brusquement. Le gars au comptoir s’est réveillé. Un cauchemar, vu la tête qu’il fait.
« -Calme-toi, papy, ronchonne Rafaella.
-UNE BIERE, gueule encore l’autre.
-J’y vais. » marmonne Joël. Il retourne au bar en tanguant un peu, se promettant de ne plus boire de whisky. C’est piégeux, le whisky.

Il a foutu le mec dehors, mais n’a pas eu assez de courage pour tenter de virer Rafaella.
« -Finalement, tu veux bien finir la nuit avec moi ? demande-t-elle, gamine paumée et à l’Ouest.
-T’es décidément trop cruche, toi. Et la nuit est déjà finie.
-Va te faire...
-Joyeux anniversaire, Raf’. »
Il se penche vers elle et l’embrasse.
« -Détournement de mineure ! hurle-t-elle.
-T’as pas eu dix-huit balais y a six heures ?
-Ah si. M*rde, j’avais oublié... »
Il soupire. N’importe quoi. N’importe quoi sa vie, ce bar, cette fille. N’importe quoi.
« -Je me sens vieux... » C’est dit sur un ton frustré, plus pour lui que pour elle, mais c’est vrai.
Il se laisse tomber sur une chaise. Elle s’installe sur ses genoux.
« -Normal, t’es vieux, mon grand. »
Cette fois, c’est elle qui l’embrasse.
Pas assez de courage pour la virer. Et puis au fond c’est pas désagréable.
C’est même pas mal du tout. Elle a de l’expérience, la petite. Il la détache doucement de lui.
« -Allez, dégage, chuchote-t-il.
-Pourquoi ?
-T’es trop jeune pour moi.
-Jusqu’à quand je serai trop jeune pour toi, Joël ? demande-t-elle, butée.
-Au moins jusqu’à demain matin. Débarrasse le plancher, je veux dormir.
-Dormons ensemble, alors. »
Il l’embrasse à nouveau, la pousse vers la sortie.
« -Désolé, j’ai besoin de garder les idées claires. »
Elle râle puis s’en va, un peu titubante, et il se demande si il ne devrait pas la raccompagner. Trop tard, elle a tourné le coin.
N’importe quoi. Qu’est-ce qu’il fait avec cette gamine, lui ? Il ne risque plus le détournement de mineur mais quand même...
« -Je crains. » marmonne-t-il.
Et en plus, il doit faire le ménage.
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posté Jan 14 2006, 11:20 PM
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Fiches personnages



Je mettrai ici toutes les fiches personnages, rangées par fic ^^
Rêves et cauchemars

Kiyoshi Omaro (pur)
Sexe : Masculin
Age : 20 ans
Cheveux : Noirs et courts (chauve au début de l’histoire)
Yeux : Bleus pailletés de gris
Métiers : A suivi une formation de moine bouddhiste. Vient de quitter son monastère.
Pouvoir : Souffleur de rêves (inconscient)

Chika Heishi (sagesse)
Sexe : Féminin
Age : 18 ans
Cheveux : Bruns, longs et lisses
Yeux : Verts noisette
Métiers : Etudiante en fac d’histoire
Pouvoir : Voit le passé par flash (temps)

Jiro Dosan (second)
Sexe : Masculin
Age : 12 ans
Cheveux : Noirs et longs
Yeux : Dorés
Métiers : Collégien
Particularité : A un QI de 180
Pouvoir : Fait fonctionner les machines (technologie)

Hoshi Mei (étoile)
Sexe : Féminin
Age : 16 ans
Cheveux : Blond foncé, longs
Yeux : Mauves
Métiers : Lycéenne
Pouvoir : Se téléporte. (Espace)

Taneo Mei (neveux)
Sexe : Masculin
Age : 18 ans
Cheveux : Blond foncé, longs
Yeux : Verts pâles
Métiers : Lycéen
Pouvoir : Oblige par la parole les autres à exécuter ses ordres (pensée)

Onwa Mei (calme)
Sexe : Féminin
Age : 20 ans
Cheveux : Blonds foncés
Yeux : Bleu turquoise
Métiers : Photographe
Pouvoir : Vole dans les airs (espace)

Shinjoo Tabe (qualité)
Sexe : Masculin
Age : 21 ans
Cheveux : Bleu turquoise
Yeux : Bleu piscine
Métiers : Comédien / serveur
Pouvoir : Se connecte à la force vitale des gens (pensée/inconscient)

Jôzu Ryôte (habile)
Sexe : Masculin
Age : 25 ans
Cheveux : Châtains clairs bouclés
Yeux : Vert menthe
Métiers : Kinésithérapeute
Pouvoir : Soigne par les mains (guérison)
A moitié Anglais. Meilleur ami de Mayuko.

Iwao Arinori
Sexe : Masculin
Age : 17 ans
Cheveux : Noirs avec des reflets bleutés, courts
Yeux : Bleus sombres
Métiers : Travaille pour les Shiroi
Pouvoir : Invisibilité (perception)

Dantoo Shiroi (hiver doux)
Sexe : Féminin
Age : 16 ans
Cheveux : Longs et blond miel
Yeux : Miel
Métiers : Etudiante
Pouvoir : Manipule la mémoire des autres (pensée)


Hitogara Tsuke (personnalité)
Sexe : Féminin
Age : 17 ans
Cheveux : Noirs et courts, avec des mèches rouges
Yeux : Noirs (virent au rouge quand elle est en colère)
Métiers : Etudiante (garde du corps de Dantoo)
Pouvoir : Destruction (perception/espace)

Asahi Tabe (enfant de lumière)
Sexe : Féminin
Age : 14 ans
Cheveux : Noirs, coupés au carré
Yeux : Bleu piscine
Métiers : Collégienne
Pouvoir : Maîtrise les quatre éléments (espace/perception)
Vie : Soeur de Shinjoo, amie d'Onen. Vit en France.

Onen Rei (autrefois tranquille)
Sexe : Masculin
Age : 15 ans
Cheveux : Châtains clairs, en bataille
Yeux : Noisettes
Métiers : Lycéen
Pouvoir : Retient tout ce qu’il entend ou lit
Vie : Amis des Tabe ; un grand frère et petit frère. Vit en France. Père Japonais et mère Française. Son prénom, breton et japonais, signifie tranquille et autrefois.

Hikari Hinikou (ironique)
Sexe : Féminin
Age : 21 ans
Cheveux : Noirs et longs
Yeux : Noirs
Métiers : /
Pouvoir : On n’en connaît pas l’étendue... Kakon lui en aurait légué pas mal.


Shiki

Nom : Kounen’ (l’année lumière)
Prénom : Koori (glace)
Surnoms : Ri-chan, Koo, Iceberg
Sexe : Masculin
Age : 20 ans
Yeux : Bleu glacier (porte des lunettes ovales à la monture d’acier)
Cheveux : Blancs et fins, longs
Taille : 1m80
Poids : 71 kg
Tempérament : Froid, très froid, mais sérieux et digne de confiance.
Particularité : Ne tombe jamais malade
Boisson favorite : Le thé
Pouvoir : Lit dans les pensées


Nom : Kounen’ (l’année lumière)
Prénom : Midori (verdure)
Surnoms : Mido, Mi-chan
Sexe : Féminin
Age : 17 ans
Yeux : Vert tendre
Cheveux : Brun doux, presque auburn, longs et bouclés
Taille : 1m63
Poids : 50 kg
Tempérament : Vive et douce, il lui arrive toutefois se mettre dans une rage folle.
Particularité : A un très mauvais sens de l’orientation.
Boisson favorite : Les jus de fruits (nette préférence pour la pêche et l’abricot)
Pouvoir : Connaît le passé de tous les endroits où elle passe


Nom : Kounen’ (l’année lumière)
Prénom : Akarui (clarté)
Surnoms : Aka, Aka-kun
Sexe : Masculin
Age : 18 ans
Poids : 78 kg
Yeux : Outremer
Cheveux : Blond foncé, courts, en bataille
Taille : 1m83
Poids : 77 kg
Tempérament : Sourit tout le temps, a une façade extravertie et narcissique mais en fait assez énigmatique.
Particularités : A toujours chaud. A tendance à se déshabiller n’importe où.
Boisson favorite : A peu près n’importe quoi du moment que c’est alcoolisé et rafraîchissant
Pouvoir : A un don particulier pour tous les sports


Nom : Kounen’ (l’année lumière)
Prénom : Kareha (feuille morte)
Surnoms : Ha-chan, Reha
Sexe : Féminin
Age : 19 ans
Yeux : Brun foncé, presque rouges
Cheveux : Brun roux, longs, lisses
Taille : 1m70
Poids : 57 kg
Tempérament : Extrême : parfois très calme, parfois volcanique. Mieux vaut ne pas la déranger pour rien.
Particularités : S’habille essentiellement en rouge. Fugue régulièrement.
Boisson favorite : Les cocktails compliqués
Pouvoir : Maîtrise les sensations des personnes qui l’entourent


Nom : Kounen’ (l’année lumière)
Prénom : Fukidasu (éclater de rire)
Surnoms : Fu, Fu-chan
Sexe : Féminin
Age : 23 ans
Yeux : Bleus glaciers
Cheveux : Blond platine, courts
Taille : 1m72
Poids : 59 kg
Tempérament : Joyeuse, menteuse, dragueuse, fêtarde... S’entend très bien avec Akarui. Les rares fois pendant lesquelles elle est sérieuse, elle peut être très effrayante
Particularités : Amène les ennuis partout où elle va. Trouve toujours une solution (aussi bizarre que ça puisse paraître, c’est compatible)
Boisson préférée : La vodka limonade
Pouvoir : Voit en chaque personne ses qualités et ses défauts


Nom : Nazo (mystère)
Prénom : Tsukiyo (nuit éclairée par la lune)
Surnoms : Tsuki-chan
Sexe : Féminin
Age : 29 ans
Yeux : Brun foncé
Cheveux : Noirs, coupés au-dessus des épaules
Taille : 1m58
Poids : 49 kg
Tempérament : Mensonge. Impossible de la cerner, impossible de l’approcher, le masque qu’elle affiche à Kaïbara n’est qu’une petite partie de ses talents de comédienne.
Particularités : Ne dira quelque chose que si elle y est obligée. Rien de ce qu’elle fait n’est gratuit.
Boisson préférée : Le café glacé


Nom : Hitome (regard furtif)
Prénom : Igai (inattendu)
Surnoms : N’en a pas
Sexe : Masculin
Age : 27 ans
Yeux : Noirs (porte des lunettes dont il n’a en fait absolument pas besoin)
Cheveux : Noirs, coupés court, avec quelques mèches lui tombant dans la figure
Taille : 1m76
Poids : 73 kg
Tempérament : Il se donne des airs mystérieux mais est assez transparent pour ceux qui savent où chercher. Il est extrêmement compétent.
Particularités : Est incapable de refuser quelque chose à Tsuki
Boisson préférée : Le milk-shake au caramel
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Spy Myina
posté Jan 14 2006, 11:25 PM
Message #10


~Apprentie auteur sadique~


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Félicitation pour ton déménagement KTL chou ! (IMG:https://subafuruba.com/forums/style_emoticons/default/01.gif)
Vu la quantité de ton oeuvre, je suis admirative pour le temps que tu as du passer a tout bien réorganisé ^^
Je suis toute fiere d`etre ta premiere fan a poster #^^#

J`ai hate de lire tes futurs chef-d`oeuvre !!!

Au fait, tu as prévu quelque chose pour la pendaison de crémaillere ? Non ?! Heureusement que ta petite fille pense a tout (IMG:https://subafuruba.com/forums/style_emoticons/default/10.gif)
/me sors un gros carton plein de snickers, de mars, de lion et de twix sans oublier...
LE SAKE !
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niuuukymi
posté Jan 14 2006, 11:36 PM
Message #11


sister yaoiste // tyrannical wife


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Bon.. je suis la deuxième alors?? >_ XD
j'ai relu toutes tes oeuvres KTL... alors mes impressions:
(ne pas lire si vous avez pas lu ENTIèREMENT ces deux "romans")

Pour "Rien n'est perdu":
MACHI ET YUKI PAS ENSEMBLE?????? MAIS ILS SONT FAIT POUR SE BéCOTER VOYOOOONS!!
JE VOULAIS QUE TOTO ET KOKO AIENT UNE FIIIIIILLE >_ (bon ..Kikito qui crève c'est pas génial mais je crois que c'était une bonne fin quand même *humpf*)


Pour "Rêves et Cauchemars
SAAAAAAAAAADIQUEUH!!!!!!! SUSPENDRE SA PHRASE COMME ÇAAAAA!!! NIUUUUU
ET FAUX-MOINE+TOTO!! MAIS TU N'AS PAS HOOOONTEUH???!!!!!!! è_é
KOKO+TOTO !!!!!!!!!! (fervente défentrice XD)
FAUX-MOINE+HIPPOCAMPE!!!!! (bon celui-là c'est pas obligé XD)


Ouf...
Que de majuscules XD
Désolé du bruit ^^'''''''''''
La suite? (j'ai déjà repris mes habitudes par contre XD)
Ça fait bizarre un topic tout propre comme ça non?

/me s'éloigne de Spy qui me tend le saké
"Non je ne bois pas marchi"
/me prend un vers de sirop "je suis mineure moi XD"
/me se laisse quand même tenter par le saké "vilaine que je suis XD"
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MadEye
posté Jan 15 2006, 12:09 AM
Message #12


~¤Onee-san Super Star¤~ La Magie est Pouvoir


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je rattrape mon retard de rêves et cauchemars (puisque décidément je n'arrive pas à réviser). je m'étais arrêté au chapitre 11.
Réactions au fil de la lecture.

Génial, Kagura est libérééeee (Manabe prends moi dans tes bras moi aussi :p)
Tohru rougit de plus belle. Non. Non, elle ne devait pas, c’était impensable, elle aimait Kyo, elle aimait Kyo, elle aimait Kyo, elle... était dans les bras de Kiyoshi.
Nyark !! vas-y Tohru !!! Que le feu de Kiyopshi t'embraseee !!!
(l'instinct du neko a tout juste ...nyark, nyark, nyark)

Komaki m'a émue, pauvre pitite chose...en plus, je m'en veux car j'adore Kagura/Manabe ?
Raah cruelle, quel va être le choix de Kikito !!!
Et pis Jirô....T_T

C'est trop bien !!!
Tu arrives bien à gérer cette hiostoire avec tellement de personnages !! bravo ^^
Là, tu me laisses dans un suspense incroyable !!!
Il y aura encore combien de chapitres à ta fic ? Tu as une idée ? (*_*)

Strange le one-shot du 31 décembre au 1er janvier. Rêve ou réalité ? Je me prends à espérer que c'est vrai, que cette jeune femme se réveille tous les ans, la veille du jour de l'An, ne sachant pas vraiment pourquoi ni comment...alors que c'est tellement important...
me divague XD

Et bien, j'attends tes prochains écrits avec impatience ma chère ^_-
Au fait, je prends du sake aussi, pour l'inauguration ^^
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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 15 2006, 12:27 AM
Message #13


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^^


Spy => Merci ^^
/accroche une énorme casserole au mur du topic xD
*sert du sake à tout le monde*
*boit*
xD


Nyuuu => Merci ^^
Oui, un topic tout calme et bien rangé m'a fait bizarre, maintenant xD
Je compte sur toi pour mettre un peu de désordre, je sais que tu le fais très bien p:
Ne t'inquiète pas pour le sake, moi aussi je suis mineure xD


Mady => ^^
J'étais certaine que tu serais contente que Kagu soit libérée xD
Mady, je t'aimr ^o^
(enfin quelqu'un qui ne me hurle pas dessus, c'est bien, je dois arriver à environ cinq personnes xD)
Merci ^^
Pour les personnages, franchement ce n'est pas facile Oo
Je ne le referai plus avant un bout de temps, mettre autant de persos xD
*trop fatiguant xD ( Je pense qu'il doit rester entre 30 et 35 chapitres, plus l'épilogue (déjà écrit, ouf xD)
Je suis contente que mon one tout zarb te plaise ^^
Je l'ai écrit un peu dans le pâté, j'étais chez mon père qui tentait d'ailleurs de loucher sur ce que je tapais (j'avais envie d'écrire des trucs incompréhensibles pour l'embêter, mais ma soeur a pleuré et il s'est levé xD)
^^


Prochain chap : avant la fin de la journée, je m'y mets là maintenant tout de suite. Vous aurez droit à Kaïbara, ou plutôt à toutes les personnes qui s'y trouvent (et ça fait un paquet : 7 xD)
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niuuukymi
posté Jan 15 2006, 01:53 PM
Message #14


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Tu compte sur moi pour faire du bruit comme je le fais si bien??
hum hum...
Je le prend comme un compliment XD

La suite? *yeux ultra brillant*
YOUPIIIIIIIE
je vais me re-mettre à camper sur ton topic è_é
XD

EDIT: attention ceci est une pub:
J'ai ouvert un topic à dessins!! tu veux bien y jeter un coup d'oeil?? *yeux suppliants*
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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 15 2006, 02:41 PM
Message #15


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Nyuuu => C'est un compliment xD
Tu peux camper, d'ailleurs, voilà la suite ^^
(je vais voir tes dessins ^^)


Le chapitre 16 est dispo un peu plus haut, c'est à dire : Ici
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Mily-chan
posté Jan 15 2006, 03:45 PM
Message #16


*Gentille auteur (sauf nuits de pleine lune...)*


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mais nan mais nan mais nan mais nan >_
Mais laissez pas Kyô tout seul, bon sang >_ Le coup du "sauvetage de neko", j'ai bien aimé, mais le fait qu'ensuite, ils se barrent tous, là j'ai moins aimé XD
Je me suis demandé à quoi ça avait servi, finalement T-T
Et pourquoi il va au manoir, d'ailleurs Oo? Elle pense à quel genre de bêtise, Minamoto?!
*paumée*

En somme, un wonderful chapter XD
Mais pitié, la suite TT-TT
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Spy Myina
posté Jan 15 2006, 05:53 PM
Message #17


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C`est une bonne idée ca de mettre le nouveau chap en rouge ^^ Hum, je vais peut-etre copiter sur toi XDD

Pour en revenir a ce dernier chapitre, j`aime beaucoup car
Momiji/Hoshi --> (IMG:https://subafuruba.com/forums/style_emoticons/default/38.gif)
Arisa/Kureno --> (IMG:https://subafuruba.com/forums/style_emoticons/default/38.gif)
mais surtout :
Yuki/Machi ---> (IMG:https://subafuruba.com/forums/style_emoticons/default/38.gif) x 1000000

Ils sont tous tres tres mignons mais ce pauvre petit neko qui est tout seul T_T Que lui réserves-tu ???
Minamoto m`a l`air de bien prendre les choses en main ^^ J`ai hate de voir la re rencontre Iwao/Kyo (ils forment un duo sympa tout les deux ^^)

C`est toujours aussi bien ma KTL chou !!! Je suis fan a 200% ^^
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niuuukymi
posté Jan 15 2006, 06:20 PM
Message #18


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/me a rien compris...

Bon je vais relire les quatres derniers chapitres je reviens XD

(au fait, merchi pour ton post pour mes dessins *larmes aux yeux* merchi merchi merchi)

EDIT: j'ai relu les quatre derniers chapitres XD
Mes impressions?
*inspiration*
NIUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU
Minamoto maintenant c'est décidé je la deteste XD non mais je suis sûre et certaine qu'elle veut empêcher Toto et Koko de finir ensemble!!! GRRRRRRRRRR!!!!!!!!!! T'ES PLUS MA COPINE MINAMOTOOOOOO!!! Iwao tu es bakaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa bakaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!
Mais Jozu.. il aime qui? XD Bon on va dire Onwa comme ça Mayuko finit avec l'hippocampe!
MAIS MINAMOTOOOOOOOOOO!!!!!!!
Bon Machi toi tu as bien réagi! Toi copine!! Hoshi... ben aussi XD toi copine de même!!
MOMIJI+HOSHIIIIII YEEEEEEEEEEEEEES!!!!!
KOKO FIGHT!!! RIEN N'EST PARDUUUUUU TOTO S'EST GOURé C'EST TOI QU'ELLE AIMEUH!!!!
/me a la figure bleu à force de hurler
*inspiration*
Et voualà, ce fut donc les impressions de Niuuukymi! à la prochaine XD
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MadEye
posté Jan 15 2006, 07:37 PM
Message #19


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Je suis contente pour Kuréno ^^
Ce nouveau chapitre était très bien, j'ai vraiment beaucoup aimé.
Surtout Yuki qui comprend que Momiji s'est libéré et décide de sauver Kyô !!!! Bravo mon amour :p !
En tout cas, c'était bien mais il y a trop de questions en suspens !!
Je veux la suite !!!
Tu te sens capable d'écrire toute la fin d'ici demain ? J'ai bien le droit à un remontant avant mes partiels ? (bamby eyes XD)
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Kyo+Tohru=Love
posté Jan 15 2006, 07:54 PM
Message #20


Déclarée auteur sadique ~ Ava maker


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Mily => Merci ^^
Malheureusement, je ne pas pas répondre sans spoiler xD
*bête*


Spy => xD
Copie, copie xD
Merci ^^
La rencontre Iwao/Kyo, je l'ai prévue depuis des lustres, j'ai hâte de l'écrire ^^


Nyuuu => XD
D'où tu me sors que Minamoto est contre Tohru/Kyo ? Oo
xD
Minamoto s'en fiche éperdument XD
peu importe ce qui arrive aux humains, la seule chose qui compte c'est son objectif XD
Merci xD


Mady => Merci ^^
Je vais avoir du mal pour écrire les 35 chapitres restants d'ici à demain, mais avec un peu d'efforts, je pourrais peut-être produire un chapitre xD
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