QUOTE(Basileus @ Jan 19 2006, 11:40 PM)
Exactement! Je me rappelle que Sumi avait déjà posté à ce sujet: indéniablement, Fruits Basket est un manga sur LA femme (on les voit toutes: La jeune femme en fleur, pleine de compassion qu'est Tohru, la mère [Kyoko], la femme épanouie [Rèn], la femme frustrée dans son corps [Akki], la femme qui refuse son statut de mère [la mère de Yuki], la jeune fille [Kisa]...) Je crois que Sumi avait di qu'il existait dans l'image littéraire traditionnelle quatre sortes de femmes: la mère, la vierge, la prostituée et la sorcière [hm... je crois... elle avait parlé de Lilith, c'est pourquoi je dis ça... Excuse-moi si je me trompe, Sumi!!]
Je parlerai prochainement de la femme, du désir et de la maternité dans
Fruits Basket, aussi reviendrai-je sur les très intéressantes questions que vous soulevez, frenchsunset et Basileus.
Pour l'instant, je vais rappeler les trois archétypes classiques de la femme dans la littérature et la mythologie ; on a coutume de classer les personnages féminins en trois catégories, la mère, la vierge et la prostituée, c'est-à-dire qu'on reprend les images d'Ève, de Marie et de Madeleine. Ces dernières années, les études sur le genre en littérature, en Histoire, en psychologie, etc. ont ajouté une quatrième femme que les écrits religieux ont pris soin de gommer, il s'agit de Lilith, à savoir la femme qui ne s'est pas soumise à Adam, celle qui a choisi d'être libre.
Aussi avons-nous à présent quatre figures féminines et
Fruits Basket reprend à merveille cette trame de lecture en mélangeant les archétypes (Bravo Basileus, tu avais tout bon !).
Ainsi Tohru est-elle la vierge par excellence, mais elle prend parfois l'aspect de la mère ; aux yeux d'Akki, elle se conduit même comme une « traînée ». Et on pourrait aussi penser que Tohru, dans son obstination à faire basculer la malédiction, est également l'insoumise, une nouvelle Lilith.
Observons à présent Akki, puisque nous sommes dans son topic ; elle est la déesse, elle est donc la mère symbolique, celle qui nourrit les maudits, mais elle est aussi la vierge, la déesse inaccessible. Pourtant, elle se comporte également en prostituée, car elle ne sait pas aimer et confond l'amour avec la possession. Enfin, elle est aussi l'insoumise, mais bien malgré elle, parce que sa naissance en tant que femme fait d'elle la première faiblesse de la malédiction.
Le mélange des archétypes se retrouve aussi chez Kyoko, chez Ren ou chez tous les personnages féminins du manga.
Une femme ne gouverne pas comme un homme et c'est pour cela que la tradition patriarcale des Soma va s'effriter ; aussi, si la malédiction tombe, c'est d'abord parce que deux femmes, l'une volontairement (Tohru), l'autre involontairement (Akki), auront entraîné sa perte. Mais les maudits masculins ont toutefois leur rôle à jouer et ils ne sont pas si passifs, ce qui nous amène à dire que les femmes peuvent changer le monde, mais qu'elles le changeront avec les hommes et non sans eux (et c'est la féministe qui parle ! ;-) ).
Fruits Basket n'oppose pas les hommes et les femmes, c'est un manga qui les réconcilie et montre combien les relations humaines doivent être égalitaires et non hiérarchiques (ce qui est un autre problème du manga, car destituer un dieu et le remplacer par une femme, c'est non seulement une lutte des sexes, mais c'est aussi une lutte sociale).